Carte blanche. L'agroalimentaire est à reconstruire
Nadine Hourmant, déléguée force ouvrière chez doux
En juin 2012, c'est un véritable séisme qui s'est abattu sur l'agroalimentaire breton, et notamment finistérïen : Doux, Tilly-Sabco, Cad, Boutet-Nicolas, Marine Harvest... Cette catastrophe économique et sociale, qui a touché l'ensemble des secteurs économiques du territoire (paysans, sous-traitants, transporteurs, commerçants, artisans), aurait pu et dû être anticipée. Et elle se reproduira si nos gouvernants ne prennent pas en compte l'avis des représentants des personnels.
Au lieu de ça, ce qui nous a été proposé, c'est un « Pacte d'avenir » de 87 pages rempli de bien grands mots: modernisation, diversification, valeur ajoutée, compétitivité...
Une coquille vide autour de laquelle se retrouvent les trois grands responsables de la crise : les patrons, qui n'ont pas assez investi, n'ont pas financé la formation de leurs salariés et n'ont recherché que le profit ; l'État, qui a accordé ses aides publiques sans aucune contre¬partie ; l'Europe, qui a favorisé le dumping social en autorisant l'emploi de travailleurs étrangers à des salaires bien inférieurs à ceux qui ont cours chez nous. Bilan, l'agroalimentaire breton doit aujourd'hui faire face à la concurrence déloyale des pays européens qui, il y a quelques années encore, dépendaient des exportations bretonnes.
Son renouveau passera par trois axes : la mise en place dans les entreprises de plans de formations qualifiantes des salariés tout au long de leur carrière ; le versement d'aides directes de l'État sous contrôle de la bonne utilisation des fonds, avec un avis des représentants du personnel ; une prise de position forte de l'État français et des élus face à l'Europe des 28 antisociale.
C'est sur ces bases que la Bretagne, qui a été précurseur dans un grand nombre de domaines économiques et sociaux, pourra construire son avenir.
http://www.letelegramme.fr/debats/l-agroalimentaire-est-a-reconstruire-09-03-2014-10069523.php
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