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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 14:07

Le projet de loi sur la refondation de l’école est débattu depuis hier à l’Assemblée. Un texte qui mêle rupture et renoncement, estime la députée Marie-George Buffet, qui défendra des amendements au nom du Front de gauche. "En l’état actuel, il y a trop de carences", estime l’une des porte-parole du groupe gauche démocrate et républicaine sur ce texte.

 

Les députés ont entamé, hier, l’examen du projet de loi «pour la refondation de l’école de la République. Un texte qui entérine la création de 60 000 postes sur cinq ans et donne la priorité à l’enseignement primaire. Mais qui reporte également des dossiers cruciaux et poursuit certaines logiques délétères.

 

Ce projet de loi est-il une réelle «refondation» de l’école ou juste la continuité des politiques précédentes ?

Marie-George Buffet. On ne peut pas parler de continuité. Il y a une volonté affichée de refonder l’école alors que l’on avait, avec la droite, une dévalorisation permanente de l’institution. Il y a donc une belle ambition. Mais, malheureusement, entre le titre du texte et sa réalité, il y a un fossé… L’engagement sur les 60 000 postes est une rupture réelle. Mais certains sujets fondamentaux, comme le collège, l’éducation prioritaire et le lycée, sont repoussés à plus tard. On constate aussi des reculs inquiétants.

 

La priorité donnée au primaire est-elle une réalité ?

Marie-George Buffet. C’est indéniable. À commencer par le rôle reconnu de la maternelle. Mais l’ambition reste encore trop limitée. Sur l’accueil des enfants de moins de trois ans, nous défendrons un amendement pour le rendre obligatoire dans toutes les écoles – à partir du moment où les parents le souhaitent – et non pas le réserver aux seules zones prioritaires. De même, nous souhaitons que l’école soit obligatoire dès trois ans, ce que ne fait pas la loi. Concernant les réseaux d’aide aux enfants en difficulté (Rased – NDLR), plusieurs amendements adoptés en commission «confortent» leur existence mais le flou demeure sur leur mission. Il y a aussi un débat à mener autour du «socle commun». Son contenu a été élargi à la «culture». Mais sa logique demeure : un savoir minimum dont devront se contenter ceux des élèves dont on estime qu’ils ne peuvent aller plus loin.

 

Conserver le socle est-il compatible avec une réforme ambitieuse ?

Marie-George Buffet. Il serait bon, effectivement, de le sortir du projet de loi. Et de travailler sur les contenus des programmes. Le texte prévoit la remise en place d’un conseil supérieur chargé de les rédiger. Il faudra suivre cela de près. D’autant que nos amendements qui souhaitaient y associer les représentants des enseignants n’ont pas été retenus en commission.

 

Plusieurs syndicats dénoncent des mesures qui accentuent la territorialisation de l’éducation. Qu’en est-il ?

Marie-George Buffet. Sur l’enseignement artistique, on a obtenu l’assurance en commission qu’elle se fasse au sein de la scolarité et ne relève pas du périscolaire. Mais, sur d’autres points, la tendance est bien là. Notamment pour les lycées professionnels. Ces filières seront sous l’emprise des régions qui auront la responsabilité, chacune, d’élaborer les cartes de formations, au risque d’aggraver les inégalités de traitement entre élèves. Un amendement vise à donner le dernier mot au rectorat. Mais cela ne suffit pas. Même combat à mener sur l’apprentissage. Le texte le supprime pour les enfants âgés de quatorze ans mais il demeure possible à partir de quinze ans. Nous, nous souhaitons qu’il n’intervienne pas avant la fin de la scolarité obligatoire (seize ans – NDLR) que nous voulons porter à dix-huit ans.

 

Le projet de loi entend marquer le retour d’une formation des enseignants avec la création des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espe). Comment l’appréciez-vous ?

Marie-George Buffet. Cette volonté marque une rupture avec le quinquennat précédent, qui avait détruit cette formation. Mais un point reste préoccupant sur l’inégalité sociale d’accès au métier : il n’y a aucun système de prérecrutement. Le gouvernement croit répondre avec les «emplois d’avenir professeur». Mais ce sont des contrats de droit privé obligeant à effectuer un mi-temps. Ce n’est pas la même chose qu’un prérecrutement rémunéré qui permet au jeune, quelle que soit son origine sociale, de se consacrer entièrement à ses études pour préparer au mieux son concours. Les députés du Front de gauche mèneront aussi le combat sur les emplois précaires – comme les AVS –, qui se sont multipliés ces dernières années. Ils ont un rôle essentiel dans l’école et doivent être reconnus comme fonctionnaires. Le ministre admet qu’il faut faire quelque chose, mais il n’y a pas un mot dans la loi…

 

Le Front de gauche exclut-il de voter contre ce texte ?

Marie-George Buffet. Nous ne sommes pas dans la même situation que face à un texte comme l’ANI, qui va clairement à l’inverse de l’intérêt populaire et auquel nous nous opposons frontalement. Sur la loi de refondation de l’école, on est décidés à aller jusqu’au bout pour faire en sorte qu’elle réponde aux attentes de la communauté éducative. Et pour l’instant, le groupe n’a, à aucun moment, décidé de rejeter ce texte en bloc. À titre personnel, je ne vais pas voter contre le «plus de maîtres que de classes» ou l’élargissement de l’accueil des enfants de moins de trois ans… Mais je ne vais pas non plus voter pour des mesures qui, en l’état, restent inacceptables, c’est évident ! Nous allons donc nous battre pour améliorer au maximum ce texte, qui doit passer au Sénat puis encore à l’Assemblée. Le chemin est long. Et au lieu de débattre déjà des votes, on devrait plutôt s’attacher à mener la mobilisation avec les parents d’élèves et les enseignants.

 

Entretien pour l'Humanité

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