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20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 07:03

Réunion du collectif des élus contre la Centrale à Gaz de Landivisiau

Jeudi 18 septembre

Compte rendu par Ismaël Dupont

Landi-doit-dire-non-a-la-Centrale-2.png

J'étais hier à la réunion du collectif des élus contre la Centrale à Gaz de Landivisiau, constitué par le collectif « Landivisiau doit dire non à la centrale! » et auquel m'avait invité Emile Turlan (sympathisant Front de Gauche), un des responsables de ce collectif, et un des animateurs de la liste de Jean René Kerrien aux municipales contre la centrale à Landivisiau.

J'étais aussi là car le Front de Gauche pays de Morlaix a pris position pour un moratoire sur cette centrale le temps qu'un débat public approfondi et contradictoire puisse réellement avoir lieu, et qu'ait lieu aussi une consultation de la population concernée, ne jugeant pas les justifications avancées pour cette centrale valables, ne jugeant pas non plus que le dossier et les conditions de prise de décision étaient transparentes et démocratiques. Personnellement, j'ai participé à la première réunion publique sur et contre la Centrale à Landivisiau en février 2012, à la première manifestation contre cette Centrale (avec Noëlle Péoc 'h d'ailleurs) et pendant la campagne des Législatives, nous nous sommes engagés contre l'installation de Centrale à Gaz, avec notamment la venue de Martine Billard, co-présidente du PG sur le site, au côté des candidats du Front de Gauche (Yannick Hervé, Isabelle Mazelin, Noelle Péoc'h, Marie Huon, Bertrand Seys, moi), et à la rencontre de Gazpare.

J'ai adhéré à ce collectif des élus contre la Centrale à Gaz de Landivisiau, collectif pluraliste, animé notamment par Alain Somme (centriste, conseiller municipal à Plougourvest), mais où l'on trouve aussi Christian Troadec, des élus FDG, écolos et UDB,...

Le but de cette réunion était de faire le point sur les raisons poussant à rejeter cette Centrale, de mobiliser autour d'une participation à l'enquête publique qui a commencé depuis le lundi 15 septembre, de définir une stratégie commune contre la centrale à Gaz.

Il y avait une cinquantaine d'élus: région de Landivisiau, des Monts d'Arrée (La Feuillée, Brenilis, Berrien, Commana, le maire de Berrien Paul Quéméner, sympathisant Front de Gauche), de la région de Morlaix (moi et Dominique Guizien, EELV Plouigneau, notamment), de Brest-Guipavas.

Arguments:

Alain Somme: l'Etat attribue dans des positions très équivoques une centrale à gaz subventionnée à hauteur de 40 millions d'euros par an à Direct Energie. Parmi les impacts, il y a là trop grande proximité avec la commune de Landivisiau qui pose question. L'impact sur les finances publiques pour nourrir des profits privés. La position des pro-centrales était qu'il y avait des besoins pour un complément de production d'électricité sur la Bretagne, mais en réalité, en matière d'électricité et d'énergie, on doit réfléchir sur des régions plus grandes. Le débat depuis le départ a été cloisonné, verrouillé, au niveau des conseillers municipaux notamment. L'argument principal des élus locaux pro-centrale est l'argent que ça va générer sur la communauté d'agglo, pouvant servir à désendetter la communauté et commune, et marginalement la création d'emplois. Or, on sait que les centrales à gaz ont toutes des problèmes de rentabilité en France: beaucoup sont mises sous cocon, arrêtées faute de rentabilité.

Emile Turlan a enchaîné sur un réquisitoire implacable contre le projet de Centrale à Gaz de Landivisiau.

Il a commencé par rappeler que le bon résultat de leur liste sur Landivisiau (40% aux municipales) était lié à une attente réelle des électeurs en matière de démocratie. Là, on a un outil industriel dont l'installation était déjà actée. Il y a eu une fausse concertation. On a refusé le débat de fond sur la question de l'énergie en Bretagne. Le plan pluri-annuel d'investissement de l'Etat définissant les infrastructures d'ensemble à prévoir jusqu'en 2020 ne prévoyait pas cette Centrale à Gaz à la pointe breonne mais seulement une centrale de 200 MGW dans l'ère de Saint Brieuc. C'était pas lié tellement au manque de production d'électricité en Bretagne mais à un diagnostic de RTE sur des difficultés d'acheminement de l'électricité dans la zone Saint Brieuc-Saint Malo. L'idée invoquée de la menace d'un « black out » ou d'un « break down » probable lié à un pic de consommation en Bretagne est une affabulation ne s'appuyant sur aucun précédent, sur aucun argument sérieux. La France est un très gros exportateur d'électricité: elle exporte plus de 13% de son électricité. Si elle en produit davantage, ce sera pour l'exporter. On essaye de culpabiliser les bretons en disant qu'ils ne produisent pas assez d'électricité. Mais en réalité on ne leur demandait pas de produire du charbon au XIXe et début XXe, ni aux parisiens de produire du poisson. Les régions sont interdépendantes et complémentaires: ça ne date pas d'hier. Il n'y a pas de besoin d'un gros outil de production en Bretagne. En plus, la circulation de l'électricité qui sortirait de cette centrale est aberrante: elle serait acheminée dans le Morbihan avant de revenir dans les Côtes d'Armor: pour approvisionner la Centrale, on construirait sur 110 km un gazoduc à 1 millions d'euros le km, soit 120 millions d'euros d'investissements.

Ce projet de centrale repose sur des mensonges d'Etat. Sciemment, l'Etat sarkozyste a favorisé le PDG de Direct Energie, un financier au passé louche et un ami du Fouquet's, qui cherche à faire des profits juteux grâce à la libéralisation du secteur de l'énergie imposée par l'Europe qui permet aux distributeurs, purs groupes financiers, de gagner de l'argent sur l'électricité produite par EDF grâce aux investissements du contribuable et vendue plus chère. Depuis le départ, la démocratie, le débat public ont été refusé. On a écarté les habitants des sujets qui les concernent. En tant qu'élus, on doit intervenir dans les Conseils Municipaux pour exiger le débat, la consultation des habitants. On a écarté le développement plus important de l'éolien, de l'hydrolien, qui sont les atouts de la Bretagne. L'énergie fossile, c'est fini: on continue à l'exploiter alors qu'elle provoque avec le méthane des perturbations climatiques aux conséquences incalculables et que la France va accueillir la conférence mondiale sur le Climat en 2015. Le gaz carbonique et le méthane: deux principaux gaz à effet de serre. La demande auprès de la Commission Nationale du Débat Public a pourtant été refusée.

Cette centrale a été attribuée à Direct Energie pour des raisons louches, car Direct Energie n'a pas d'expertise technique, n'a jamais produit de Centrale fonctionnant en France. 3 candidats s'étaient présenté à l'appel d'offre de l'Etat: EDF sur Brennilis, les Allemands de Siemens sur Guipavas, Direct Energie sur Landivisiau. Eric Besson a accordé cette centrale à la seule compagnie qui n'a jamais construit une centrale dans le pays. Dans l'Oise, le projet de Verberie, géré par Direct Energie, a été annulé par le tribunal suite à la mobilisation citoyenne, en Alsace, le projet de Hambach a connu le même sort, annulé par le tribunal administratif de Strasbourg. La juridiction administrative nous donne raison: Direct Energie n'est pas crédible financièrement, techniquement. Stephane Courbit, actionnaire principal de Direct Energie et de LOV Group, gravitant dans les milieux de l'extrême-droite, proche de Sarkozy, faisait partie des invités du Fouquets. Il a aussi fait partie de ceux qui ont extorqué des fonds à Liliane Bettencourt.

Ce chantier ne créera pas beaucoup d'emplois sur la région: ces grosses boîtes font appel à des sous-traitants, dont beaucoup ne craignent pas de faire appel à des travailleurs détachés. Fonctionnant, la Centrale emploierait une trentaine de salariés tout au plus. Direct Energie donnerait soi-disant 4 millions d'euros par an aux collectivités territoriales (les 19 communes de la Communauté de Commune). Mais la contribution financière ce divise en une part fixe, bénéficiant à la commune de résidence, et en une part variable, sur la valeur ajoutée de l'entreprise, bénéficiant à toute la communauté d'agglo, et qui est versée à condition qu'il y ait valeur ajoutée, ce qui n'est pas certain. Pour exemple, la centrale de Toul a rapporté combien de millions, produit combien de KWH: zéro! La ressource fiscale, c'est aussi un véritable leurre.

Et quand bien même ça serait effectif, il faut voir les conditions: 42 millions d'€ d'argent public par an, prélevés sur la contribution des usagers, sur leur facture d'électricité! Dans le cas de Verberie dans l'Oise, d'Hambach en Moselle: il n'y avait pas d'engagement de l'Etat a versé une prime à l'opérateur, car il n'y avait pas d'appel d'offre de l'État. Il en est tout autrement pour Landivisiau.

Au nom de quoi ce passage d'argent public à un opérateur financier privé? Le déficit électrique, c'est de la flûte. La seule chose qui compte pour Direct Energie, avoir la prime!

Des propositions alternatives ont été faites alors qu'on essaie de faire passer les opposants à la centrale pour des  « anti-tout ». Ils sont, nous sommes pour une vraie mutation, mais pas celle-ci.

Louis Pouliquen (Conseil Municipal d'opposition à Landivisiau à Emile Turlan, animateur du collectif « Landi doit dire Non à la Centrale »).

Il pointe le manque de démocratie au sein du Conseil Régional qui a présidé à la décision. Direct Energie avait clairement demandé à l'Etat: pouvez-vous nous garantir qu'il n'y aura pas de débat public? Le refus du débat public est inadmissible quand on voit le montant des travaux, qui devrait légalement le rendre obligatoire: 75 millions d'euros pour le bâtiment de la Centrale, 300 millions d'€ si on compte les deux gazoducs, la THT Dirinon-Landivisiau. On excède largement le seuil de déclenchement du débat public contradictoire.

 

L'enquête publique court jusqu'au 31 octobre. Celle pour le Gazoduc Bretagne-Sud jusqu'au 17 octobre. Il faut apporter des contributions: tout le monde peut et doit y participer. 3 bureaux sont destinés aux 3 enquêtes publiques différenciées en mairie de Landivisiau (THT, gazoduc, Centrale). L'adresse internet pour les contributions enquête publique est celle du DGS de Landi. Il vaut mieux privilégier le fait de se rendre sur place, ou de confier ses contributions au collectif des élus contre la Centrale, ou « Landi doit dire non à la centrale ». Ces contributions sont signées mais on n'est pas obligé de donner son identité. Il faut autant que possible argumenter. Dans la mesure du possible, il faut apporter sans contribution aux 3 enquêtes publiques. 1 argumentaire du collectif est mis à disposition. Le collectif tient une permanence, on peut l'appeler au 07 80 37 53 29.

Le commissaire enquêteur prendra en compte les pétitions, la mobilisation dont témoigneront les résultats de l'enquête publique.

Le 25 septembre, il y aura une réunion ouverte à tous les Citoyens aux Capucins à Landivisiau.

Christian Guyonvarc'h (UDB) a retracé l'historique de la présentation du projet de Centrale à Gaz au Conseil Régional où il siège et où il s'y est opposé. Pour lui, c'était un projet néfaste où qu'il atterrisse en Bretagne. La vocation même de cette centrale est toujours obscure. Au départ, on disait qu'il fallait une centrale pour répondre à des consommations de pointe quelques heures en hiver. Mais cela ne tenait pas de dépenser 40 millions d'euros pour cela. En réalité, on est passé d'un projet à toute autre envergure. La vocation de cette centrale n'est pas définie, n'est pas claire: on parle maintenant de satisfaire un besoin national, voire européen, mais alors pourquoi construire cette centrale à l'extrême-pointe bretonne? L'avis de la commission de régulation de l'énergie n'a été publié que très tardivement en mars 2013. A croire que le nouveau pouvoir et Delphine Batho ne savait pas trop quoi faire avec ce projet de centrale embarrassant qu'ils héritaient de Sarkozy. Il y a du avoir beaucoup d'hésitations.

Eric Georgelin (ancien conseiller municipal de Lampaul-Guimiliau, candidat aux municipales, qui avait eu le courage, un peu seul parmi les élus de la région, de s'opposer à la Centrale):

En vérité, la vocation de cette centrale n'est que de faire du fric. Maintenant que les centrales d'appoint de Dirinon et Brennilis ont été remises aux normes EDF, on ne voit pas à quoi elle pourrait servir pour sécuriser l'approvisionnement de la Bretagne en électricité. Direct Energie veut avoir accès aux Kwh nucléaires produits par EDF puisque l'Etat sera obligé de contraindre EDF à vendre du Kwh nucléaire. Pour cela, Direct Energie doit se positionner aussi comme producteur d'électricité. Même si la centrale ne sert à rien objectivement, même si elle n'est pas rentable par elle-même, elle permettra à Direct Energie de gagner de l'argent comme distributeur. Le citoyen est escroqué 3 fois: la première fois comme contribuable dont les impôts ont servi aux investissements nucléaires (on paie les centrales nucléaires depuis 40 ans...) et à produire de l'électricité par cher, la seconde fois comme contribuable qui subventionne une Centrale à Gaz qui ne sert à rien, la troisième fois comme consommateur qui va payer son électricité plus cher avec Direct Energie.

Emile Turlan: Nous on présente des alternatives: la première: la transition énergétique, faire en sorte d'économiser de l'énergie. En 2012, un certain nombre de forces politiques, et nous mêmes, demandions un vaste débat public sur l'énergie et référendum qui aurait inclu le débat autour de l'énergie nucléaire. Depuis, même Fessenheim n'est pas fermé. L'essentiel aujourd'hui, c'est d'obtenir une victoire à l'enquête publique en venant s'exprimer. Si on veut progresser sur les questions de la transition énergétique, il faut des victoires d'étapes qui mobilisent, rassemblent et font réfléchir, il ne faut pas se résigner à ce que ce projet de centrale à gaz à Landivisiau voit le jour. N'oublions pas qu'en raison de la mobilisation citoyenne et du bien-fondé des arguments des opposants, le commissaire enquêteur avait rendu un avis négatif sur la cenjtrale d'Hambach.

Dominique Guizien (Force 5, élu écologiste): important de porter l'exigence d'une rénovation de l'habita t social et rural ancien pour lutter contre les gouffres énergétiques, aller vers la réduction de la consommation d'énergie dans les bâtiments. Cela, nous pouvons le faire au niveau de nos communes, communautés d'agglo. Par rapport à la Centrale de Landivisiau, ne pas oublier qu'en attaquant en justice en dernier ressort, on a des chances de gagner: se laisser cette possibilité.

Un élu écologiste de la région brestoise: il faut trouver des alternatives à l'énergie à tout va. On produit, on produit: il faut mieux maîtriser notre consommation.

Ernest Penn (élu à Plougourvest): pas de problème de production d'électricité en Bretagne mais un problème de distribution, avec des lignes qui peuvent être facilement endommagées par les intempéries. D'où l'intérêt aussi de produire l'électricité localement. 42 millions d'euros, au lieu de servir à alimenter les profits d'un groupe privé, cela peut créer des centaines d'emplois durables, dans le domaine de la transition écologique.

Eric Georgelin: les problèmes énergétiques sont la question clef de notre avenir à tous. Cette Centrale, c'est comme si on mettait un bistrot au pied de l'immeuble de quelqu'un qui a un problème d'alcool. Les bretons se chauffent déjà trop avec une électricité qu'ils ne produisent pas: il faut qu'ils changent de mode de chauffage. Le déni de démocratie au niveau des élus a été patent. Il y a eu une présentation biaisée au niveau des porteurs de projet.

 

Ismaël Dupont: J'ai rappelé dans quelles conditions et pourquoi le collectif FDG de Morlaix s'était opposé à la Centrale à Gaz en 2012. On trouve dans cette affaire tous les ingrédients d'une confiscation du débat démocratique: une culture de la délégation de pouvoir (au niveau du Conseil Régional, on se dit: ils doivent bien savoir; au niveau des conseils municipaux aussi; les élus ne prennent pas le temps d'appuyer leurs votes sur des débats approfondis avec les militants des partis et les citoyens, une véritable recherche d'informations), une solidarité politique de groupe automatique fondée sur l'intérêt ou autre qui rend l'affirmation d'un esprit de libre examen difficile, l'argument miracle de l'emploi et de la croissance, véritable miroir aux alouettes...

On est dans le cas de cette affaire de la Centrale de Landivisiau, comme dans le cas de l'aéroport de Notre-Dame des Landes, dans la situation exemplaire où l'État met l'argent public et sa force de persuasion au service de groupes financiers privés. Alors que dans le même temps on refuse la dépense publique et sociale pour lutter contre la précarité énergétique, favoriser les réductions de consommation dans les bâtiments publics et privés, la diversification énergétique et la transition écologique nécessaires.

En fin de réunion, certains font valoir que les élus dans leur communes peuvent réclamer une réactualisation du Pacte Electrique Breton, qui devrait devenir un « Pacte énergétique ». D'autres rappellent qu'il faut concentrer cette force dans la bataille contre cette Centrale à Gaz de Landivisiau, car une victoire changerait le rapport de force en faveur des solutions écologiques et d'intérêt général.

Les élus opposés à la Centrale sont invités:

 

  • à susciter le débat à l'intérieur de leurs conseils municipaux

  • à faire de la publicité à l'enquête publique et à y participer eux-mêmes

  • à organiser des réunions délocalisées dans les communes avec les représentants du collectif pour parler de cette Centrale et des enjeux énergétiques, en Bretagne notamment.

  • À réclamer un réferendum d'initiative locale.

    En face, ne pas se cacher que les forces sont importantes, qu'elles ont de l'argent et des moyens de désinformation: la CCI et les milieux d'affaires, l'ETAT et le préfet, les groupes de presse régionaux qui sont actionnaires de groupements économiques en Bretagne. Cela rend d'autant plus nécessaire la mobilisation citoyenne.

    RAPPEL: N° de la Permanence Collectif Contre la Centrale à Gaz 07 80 37 53 29

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