On doit le poème à Eugène Pottier (1816-1887), membre du Conseil de la Commune de Paris. Il a commencé à écrire ce texte en en prison en 1871 mais il n'a été publié qu'en 1887 dans un recueil de chants révolutionnaires.
La musique été écrite en 1888 par le militant socialiste lillois Pierre Degeyter (1848-1932). Pour la petite Histoire, la paternité de la musique fut contestée par Auguste Degeyter, frère de Pierre, qui gagna son procès en 1908. Auguste se suicida en 1916, en ayant semble-t-il envoyé à son frère une lettre pour avouer avoir menti. Cette situation peu compatible avec l'esprit de solidarité de la chanson mit néanmoins Pierre Degeyter dans une situation difficile. Il fut aidé matériellement par la municipalité de Saint-Denis et l'Ambassade de l'URSS et fut considéré officiellement comme auteur de lamusique.
L'Internationale, d'abord chantée dans le milieu des partisans de Jules Guesde, devint de plus en plus populaire dans les milieux socialistes de l'époque. Elle fut choisie comme hymne officiel par la Seconde Internationale en 1892. L'URSS adopta l'Internationale comme hymne national de 1918 à 1944 avant de la remplacer par une chanson plus patriotique. Cette chanson reste l'hymne international des partis communistes et socialistes. L'Internationale fut le premier hymne à être joué au-delà de la Terre car il fut diffusé en 1966 par le premier vaisseau terrestre (soviétique) qui se posa sur la Lune.
Debout ! les damnés de la terre
Debout ! les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère :
C’est l’éruption de la fin
Du passé faisons table rase
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !
Refrain
C’est la lutte finale
Groupons nous et demain
L’Internationale
Sera le genre humain.
Il n’est pas de sauveurs suprêmes :
Ni dieu, ni césar, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !
L’Etat opprime et la loi triche ;
L’Impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche ;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois ;
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
« Egaux, pas de devoirs sans droits ! »
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu’il a créé s’est fondu.
En décrétant qu’on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.
Les Rois nous saoulaient de fumées.
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
Ouvriers, Paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n’appartient qu’aux hommes,
Le riche ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours !
L'internationale en Breton.
Deux versions de l'Internationale en breton sont proposées. Elles sont l'oeuvre de deux bretons qui ont en commun une origine modeste, une volonté farouche de s'instruire, associée un engagement politique progressiste. Les deux courtes biographies qui suivent sont assez parlantes à ce sujet. L'un des deux aura une véritable carrière politique.
Charles Rolland , né à Lannéannou en 1862 et mort en 1940 à Guerlesquin, fut un compositeur très productif de chansons en breton dont une grande partie sur feuilles volantes. Il exerca de nombreux métiers comme horloger, facteur et chapelier. Trés engagé politiquement à gauche et d'un anticléricalisme virulent, il utilisa son talent de compositeur et de polémiste pour propager ses idées en breton et en français.
D'origine modeste, Marcel Hamon ( 1908-1994) était originaire de Plufur. Il devint professeur de philosophie à 23 ans. Syndicaliste dans les années 1920 puis militant, il fut candidat communiste aux élections législatives dès 1934. Durant la Seconde guerre mondiale, Marcel Hamon fut responsable de « l'Organisation spéciale » dans le Maine-et-Loire (1941-1942). Il devint responsable national du Service B, service de renseignements des francs-tireurs et partisans français (1943-1944), puis responsable FTPF pour l'Ouest en juin 1944. Secrétaire de Maurice Thorez, il fut député des Côtes-du-Nord (1945-1951), maire de Plestin-les-Grèves de 1971 à 1977 et conseiller général du canton de 1973 à 1979. Sa vie et sa carrière ont été l'objet d'un travail universitaire
An Internationale
Laket en brezoneg gant (Marcel Hamon)
War sao , tud doanet d'an douar
War sao an dud paour o deuz naon
Ar skiant a c'hop hag a lavar
Skei ar bed n'eun taol d'an traon
An traou koz a c'hall monet pell
Mevellien kaez, wae zao, war zao
Sklepomp anez a-benn bouell
Skuiz omp o veza esklao
Ar gann diweza a zo
Oll arog, ha souden
Breudeur drez-oll a vo
Elec'h enebourien
Nann n'a neus ket a zalvar braz
Na Doue, na mestr, na hun all
Produer, krog ebarz da benn-baz
N'em sov da hun gant ar re all
Da lak' al laeron da vont da goll
Da sklerijenn ar spered
Hon c'hoel c'hoezomp ta drez oll
War houarn tom a vez skoet
Mahet a vemp ar pez zo permet
N'em wada renkomp vit paea
Ar pinvidik n'euz dever ebed
Ar paour zo mad da vac'hata
Dan ar vaz o plega hon chouk
Deveriou ha droejou da bep den
Skouiz ez omp o chom atao mouk
Selet pebeuz pennou zo dioute
Rouez ar glaou, an hent houarn
Biskoaz n'euz gret ar botred vraz se
Nemat ober vel al louarn
Ebarz ar prejou an Aoutroune
Eman hon labour hag hon foan
Mankout ra d'emp tapout ane
Petramant chom atao dindann
Ar rouez a veve c'hanomp ive
Peuc'h etrezomp , tann d'ar re wask
Blegomp ket ken breman d'an arme
En teilh, lakomp fuzul ha kask
Met , ma deuz c'hoant an dreberien tud
D'ober d'emp evel al loeo
Ar fusul na chomo ket mud
Hag evite vo an tenno
Ouvrier, payzant, mum a hez
Ar bopl vraz euz ar re 'deuz poan
An douar n'hell ket beza dez
N'eus ket ar blas d'ar fenean
Ped zo o veva deuz hon gwad
Med ar brini a zo war dro
'N o fonz pa devo bed hon zroad
Neuze an heol a lugerno !
An Internationâl em brëzonec (traduction de Charles Rolland)
War memeuz tôn evel en gallek
War zao ! tud daonet an Douar !
Kent mervel gant an naon , war zao
Ar skiant a gomz ag a laar
Reï an diveza taol-chao !
Ar Bed-koz a bez d'an traon !
Meveillen paour , war sao ! atao !
Greômp vit mad dezi he c'haon
Bezomp maest lëc'h beza esklao !
Diskan (bis)
Ar gann divëza zo,
Holl , war zao a warc'hoaz,
N'o er bed met eur vro
Da vihan a da vraz !
En trezomp neuz salver ebed
Na pab, na roue, na den all !
Demp hon unan a vezo red
Ober aman ar gwir ingal :
Benn harz laëron braz da noazout,
Derc'hel ar spered en he blom !
A dao d'an ouarn keït m'he tom !!
Ar Stâd so fall ! pep lezenn kamm
An dëog a oad ar paour-kaez den ;
Deveriou d'ar re vraz neuz tamm
Gwiriou ar paour zo eur gomz ven
Awalc'h dindan Vaest kastizia
Al Lëaldet ' c'houlenn trëo all
Dindan-hi 'veffomp memeuz tra
Gant deveriou , droëjou ingal !?
Udur ! en kreïz ho brassoni,
Mistri war an holl labour
Deuz gret biskoaz met ransoni
Laerez poan ar micherour ;
Rag en em prez an dud didalve
Kement ve kroûet ve teuzet ;
Goulennomp vo rentet hep dale
D'ar bobl kaez ar pez so gleêt ?
Micherourien a koërijen.
Memprou a labour ar bed-man,
Ar bed so d'al labourerien !
An dud didalve diwarn-han !
Deuz hom c'hoejen hint holl lard mad :
Na pa deufe eur sort brini
Eun deîz an douar da gwitâd
An heol ‚zalc'ho da lugerni !
Garz ebed ken kreïz-tre pep Bro !
An holl dud breudeur war ar bed !
Ar brezellou zôd er blôto !
Dao d'ar re vraz c'hoaz m'ar be red
Evit-hê n'effomp biken ken
A villerou de n'em drailla !
War zao ! ar skiant so ho ren
Demp vo red terri pe blega !?!