Hier soir, 350 personnes au moins se sont pressés dans la maison des syndicats pour écouter Mélenchon venu participer à cette réunion citoyenne, annoncé à peine 10 jours avant, avant de rejoindre Lorient et la fête de l'Huma Bretagne.
A ses côtés, sur l'estrade, il y avait Jacqueline Héré (PCF, adjointe au maire de Brest, candidate FDG aux législatives à Brest-centre), Noelle Peoch candidate ( présentée par le PG ) dans la 6ème circonscription ( de Carhaix à Ouessant), Bertand Seys (responsable départemental PG, candidat à Brest Rural) et Isabelle Mazelin (élue au Relecq Kerhuon, candidate à Landerneau), ainsi que des jeunes militants du FDG. Bertand Seys et Jacqueline Héré ont introduit la réunion publique et donné la parole à l'assistance.
André Gac, ancien maire et conseiller général de Plougastel Daoulas, est intervenu pour interpeller Mélenchon sur la question des langues régionales et l'absence d'incompatibilité entre des combats d'émancipation sociale universalistes et la défense des cultures maternelles et locales, dont la figure de Per Jakez Hélias est le témoin. Un syndicaliste a fait part des logiques de délocalisation et de suppression de l'emploi depuis des années dans sa boîte brestoise, filiale d'Alcatel. Un autre syndicaliste de la CGT a interpellé sur l'espèce de résignation qu'il fallait savoir combattre chez les salariés et le risque de généralisation du prétendu vote utile.
Ensuite, pendant une heure, Mélenchon a tenu en haleine son auditoire en faisant d'abord une conférence gesticulée sur l'origine de la crise financière et de la crise de la dette, mêlant le sens de la dramaturgie, de l'image qui simplifie, et la volonté d'explication qui cherche à reveiller les intelligences endormies par le matraquage médiatique et les discours présentant la crise comme une fatalité naturelle. Il ressort de ses propos que tout part de la capacité d'endettement et d'achat aisé que les Etats-Unis ont acquis grâce à leur puissance militaire et politique, et au fait que le dollar soit la monnaie refuge au niveau mondial, garantie d'un développement sans proportion avec leur force réelle qui était en train d'être contestée, l'euro devenant de plus en plus une valeur refuge. Dès lors, on peut penser que ce sont les banques américaines, Goldman Sachs qui aidait la Grèce à maquiller ses comptes pour entrer plus rapidement dans l'euro au premier chef, et les agences de notation de ce pays qui intentionnellement mettent en péril l'euro en spéculant sur les dettes européennes. Si, comme le Front de Gauche le demandait, l'Europe avait utilisé la BCE pour prêter à des taux d'intérêt bas à la Grèce au moment où elle était attaquée sur les marchés, si la Grèce n'avait pas cédé à la pression des marchés pour comprimer ses dépenses sociales et privatiser toujours plus, alors cet Etat ne serait pas entré dans une recession terrible augmentant sa dette et alimentant la défiance des investisseurs vis à vis des dettes des autres Etats européens. Le Front de Gauche a eu raison en 2008, mais c'est le choix de la lâcheté, du virage néo-libéral, qu'a fait la sociale-démocratie européenne: Socrates, Zapatero, Papendréou.
Ceci dit, même aujourd'hui, le danger de la dette est largement surévalué: 1600 milliards d'euros de dette à rembourser en 7 ans en moyenne pour 1900 milliards euros de PIB, de richesses produites (2 fois plus qu'en 1982): il cela fait 80% de la richesse produite nous disent-ils, mais en réalité les remboursements ne nous coûtent que 14% de la richesse produite, et il suffit d'augmenter les recettes, la fiscalité, pour que cette part diminue.
Suite du récit emprunté au blog de JL Mélenchon...
Jean-Luc Mélenchon a fustigé ceux qui, à l'instar de Barroso, Van Rompuy, Sarkozy, Merkel, Zapatero, Rajoy, pensent qu'un retour à la normalité du monde d'avant crise est possible. "C'est radicalement impossible" a-t-il asséné. Puis il a expliqué que si Papandréou n'avait pas cédé en 24h face à de telles officines, elles n'auraient pas le pouvoir qu'elles ont aujourd'hui. Il a aussi rappelé les pouvoir accrus donnés aux agences de notation par l'UE depuis juin dernier avant d'indiquer que ces mêmes agences sont responsables des fermetures chez Arcelor-Mittal ou PSA, victimes d'une mauvaise note des agences de notation. Eh oui ! Ces agences notent aussi et surtout des entreprises. Puis il est revenu sur l'exemple portugais et le cercle vicieux des plans d'austérité et des notes des agences de notations en baisse qui les suivent inévitablement, l'activité et les rentrées fiscales baissant. Un "terrible engrenage" dans lequel "Fillon a mis le doigt". Il est vrai qu'on en est déjà au second plan d'austérité…
Il a ensuite dénoncé le coup d'Etat des financiers, du G2 de "Merkozy" qui convoque les premiers ministres et installe "des suppôts de la Goldmann & Sachs et de la BCE" à la tête des Etats. Il a fustigé les nouvelles règles de la gouvernance économique européenne, son semestre européen, négation du pouvoir parlementaire, ses sanctions économiques en cas d'écart de conduite vis-à-vis des règles économiques que concluent les sommets de la zone euro. "C'est la dictature" crie quelqu'un au premier rang.
Jean-Luc est bien sûr revenu sur la question de la réparation navale. Il a expliqué que si le chantier de Brest disparaissait il n'y aurait plus aucun point de réparation des navires sur le littoral français, que les méthodes écologiquement responsables mises en oeuvre par les employés de la Sobrena ne devaient pas être perdues. Approbation générale.
Revenant à la campagne en cours, il a dénoncé le "vote utile", cette "atrophie de la pensée politique": "ceux qui abandonnent leurs convictions à la porte du bureau de vote ne doivent pas s'étonner de ne pas les retrouver à la sortie". Et de rappeler le programme d'austérité d'Hollande, ses 50 milliards d'économies supplémentaires, sa volonté d'arriver au sacro-saint équilibre budgétaire en 2017 en passant par un déficit à 3% du PIB en 2013.
Il a encore appelé à réaliser des assemblées citoyennes où l'on s'éduque les un-e-s les autres, dans le respect de chacune et de chacun, avec application et sérieux.
Pour finir, répondant à la question sur les langues régionales, Jean-Luc a rappelé qu'il n'avait rien contre les langues régionales, qu'au contraire il souhaitait qu'elles soient enseignées dans l'éducation publique. Il a expliqué combien il souffre au Parlement européen de l'uniformisation du tout anglais. Il a, par contre, expliqué qu'il n'était pas d'accord avec l'enseignement des langues par immersion en général, que ce soit pour l'anglais, le breton ou l'espagnol ou pour toute autre langue.
J
La réunion s'est terminée sur une internationale chantée poing levé.
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