On a appris le 18 septembre que les juges du tribunal de commerce retenaient comme potentiellement viable le plan de continuation présenté par la CECAB, prévoyant la fermeture du sîte de Lampaul Guimiliau, un apurement des dettes par l'Etat et les banques (passant de 70 millions à 17 millions d'euros grâce à l'abandon de créances) pour maintenir l'activité à l'abattoir de Josselin, et des indemnités conventionnelles minimales et inacceptables pour les salariés de Lampaul licenciés (2200€ pour quelqu'un qui a travaillé dix ans pour GAD), 350 salariés sur 900 étant censés se voir proposer un reclassement sur Josselin.
Seulement, les salariés de Lampaul et beaucoup d'observateurs ne croient pas à la capacité de la CECAB de maintenir l'activité sur la durée à l'abattoir de Josselin. Leur plan de continuation serait un marché de dupe.
La liquidation totale aurait permis la suppression des dettes des usines, et le rachat de Lampaul pour une somme symbolique par un investisseur.
Les salariés de Lampaul en veulent d'autant plus à la coopérative légumière qu'elle a refusé l'offre de rachat d'Agrial, le premier groupe agro-alimentaire français, alors que l'acceptation de cette offre qui avait l'accord de l'administrateur judiciaire aurait sauvé les emplois à Lampaul Guimiliau.
Fermer l'abattoir de Lampaul est un non sens au niveau sanitaire car, en cas d'épidémie dans les élevages de cochons, les éleveurs seront forcés d'abattre le bétail à la ferme, alors que Lampaul dispose d'une station d'épuration. C'est un non-sens économique en particulier parce qu'il n'y a aucune raison d'aller abattre les cochons bretons loin du lieu d'élevage et puisque Lampaul est le seul abattoir à avoir l'agrément de la Chine - un marché en pleine expansion - pour des importations de porcs.
Les salariés de GAD Lampaul devront attendre le 9 octobre ou le 16 octobre pour être définitivement fixés sur leur sort, mais il semble que les chances de mettre en échec le projet de la CECAB se réduisent. Les avocats de FO travaillent sur un projet de SCOP, une SCOP pouvant être détenue à 30% par les participations de salariés, et le reste du capital en montage financier. Mais est-ce que les producteurs feraient confiance à cette coopérative ouvrière? Est-ce que les salariés suivraient en dehors des plus convaincus, engagés syndicalement? Est-ce l'Etat et le ministère du redressement productif donnerait un coup de main? Pour l'instant, ce qui compromet surtout la réussite de ce projet, c'est le faible délai laissé par la décision de justice. 3 semaines pour parachever et crédibiliser ce dossier SCOP, c'est peu... C'est ce qu'ont remarqué les avocats des salariés et Olivier Le Bras lui-même, en répondant à des journalistes.
Si cette proposition n'est pas retenue par les juges, il restera aux salariés et à leur syndicat à se battre pour obtenir des conditions de départ respectueuses de leur engagement au travail pendant des années, pour dire aussi leur colère à la CECAB qui a détruit les emplois et l'outil de travail par sa gestion calamiteuse et son manque de sens des responsabilités sociales. Combien d'employés de GAD retrouveront un emploi stable après leur licenciement? Combien auront-ils accès à des formations débouchant sur des métiers? Combien se fouteront en l'air parce qu'ils se sentiront vide en perdant leur travail, leurs collègues, leur quotidien, et une partie de leur dignité avec le chômage? Combien de couples se retrouveront-ils surendettés, contraints de démanager?
Les salariés de GAD Saint Nazaire sont en grève depuis la semaine dernière, la disparition de leur site de production étant déjà actée: ceux de GAD Lampaul s'apprêtent eux aussi à faire entendre haut et fort leur révolte après avoir été roulés dans la farine.
Le PCF et le Front de Gauche sont solidaires de ces salariés qui ont bossé toute une partie de leur vie dans des conditions très dures pour les profits de leurs patrons et qui aujourd'hui, se retrouvent jetés comme des malpropres. Cela ne peut pas se passer comme cela. On ne peut laisser disparaître une à une les activités agro-industrielles en Bretagne.
Ismaël Dupont.
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