Dans le but de dissocier nos concitoyens et ceux d’autres pays européens, des ministres, des journalistes, qui prétendent pourtant être des apôtres de la construction européenne, racontent un énorme mensonge à propos du remboursement de la dette de la Grèce.
Ils tentent de faire croire que si ce pays ne payait pas son énorme dette chacune et chacun d’entre nous devrait payer 731 euros sous forme sans doute d’augmentation d’impôt. Pour énoncer une telle affirmation ils se basent sur le fait que théoriquement la France a prêté 40 milliards d’euros à la Grèce.
Faisons d’abord remarquer que l’actuel gouvernement choisi par le peuple grec n’est en rien responsable de cette dette. C’est même pour obtenir sa renégociation que nos amis de Syriza ont été élus largement. Il propose d’ailleurs un mécanisme de restructuration de cette dette qui ne coûterait à aucun autre peuple.
L’Allemagne, elle-même s’est bien vue annuler une énorme dette en 1953 sans que le monde ne s’écroule.
L’endettement en Grèce est le résultat de la fraude fiscale, de l’évasion fiscale, de l’exonération d’impôt pour les plus grandes fortunes et aussi des politiques d’austérité qui ont conduit à asphyxier l’économie et à détruire des activités.
Ajoutons que les grands bénéficiaires de ces choix d’austérité et des prêts ont été les banques qui ont disposées d’argent très peu cher auprès de la Banque Centrale Européenne. Elles re-prêtent ce même argent avec des taux d’intérêt très élevés aux Etats, particulièrement l’Etat grec. Voilà qui leur a permis d’empêcher de substantiels profits. A l’origine nous avions à faire à une majorité de dettes privées.
Ce sont les institutions européennes qui ont décidées de transférer ces dettes privées en dettes publiques pour sauver le secteur bancaire qui depuis au moins l’année 2012 s’engraisse sur ces dettes grâce aux taux d’intérêts élevés qui aboutissent à ce que les frais financiers (autrement dit la charge de la dette) soient l’un des principaux poste budgétaire des Etats. Ceci n’existait pas en France avant les années 1980.
A partir de cette date le pouvoir de l’époque a décidé de modifier le statut de la Banque de France qui permettait de disposer de l’argent pour l’investissement public à taux d’intérêt nul. C’est ce que devrait continuer à faire la Banque Centrale Européenne si elle se mettait au service de l’intérêt général et non pour les spéculateurs. Les dettes privées ont été transférées dans un fonds européen garanti par les Etats. La France participe à celui-ci pour une valeur de 40 milliards de garantie d’emprunts. C’est ce qui explique la somme mise en avant par des commentateurs.
Mais notre pays touche aussi chaque année des intérêts sur cette somme et l’Allemagne encore plus. Autrement dit, les grecs paient depuis des années en réduction de leurs droits sociaux, en vente de leurs biens publics et en contributions diverses des sommes qui constituent un transfert de leur richesse vers les banques et aussi vers les pays du nord de l’Europe.
On est très loin ici d’une nécessaire solidarité européenne. La restructuration de la dette hellène ne conduirait donc pas du tout à l’appauvrissement d’autres peuples. Par contre elle constituerait un manque à gagner potentiel pour les rapaces de la finance.
Voilà qui les fait s’agiter, manipuler les bourses, accentuer l’évasion de capitaux, faire pression sur le nouveau gouvernement grec et les peuples refusant d’accepter le verdict des urnes. La Banque Centrale Européenne sortant totalement de son rôle menace de ne plus alimenter les banques grecques pour créer un climat de panique chez toutes celles et ceux qui sont des déposants, des épargnants et ceux qui ont besoin de crédits pour investir ou maintenir une activité. Ce n’est rien d’autre qu’un coup d’Etat financier au moment où cette même Banque Centrale Européenne crée plus de 1000 milliards d’euros pour fournir des liquidités aux banques privées de toute l’Union européenne. Cet argent serait mieux utilisé pour la relance économique, l’investissement, la création d’emploi que pour la spéculation. Voilà qui devrait faire l’objet d’une mobilisation populaire pour que la Banque Centrale Européenne joue un rôle positif au service de l’intérêt général. Le gouvernement grec n’a besoin que de 12 milliards d’euros pour mettre en œuvre son programme social et de relance. Une goutte d’eau donc comparé aux intérêts de la dette et aux sommes que va mettre en circulation la Banque Centrale Européenne !
Il faut donc briser le mur de l’argent.
L’argument selon lequel une difficulté de la Grèce à rembourser conduirait à augmenter les impôts ici, est faux. Cette somme est déjà inscrite dans la dette française. Rappelons que l’Etat paie déjà beaucoup d’intérêts sur cette partie de la dette aux banques. Ce sont toujours les banques qui s’engraissent. Si ces 40 milliards de la dette grecque étaient annulés cela augmenterait le déficit public de manière comptable de la même somme mais ne conduirait en rien à une augmentation des impôts. Le budget de l’Etat ne comporte aucune ligne de remboursement de la dette.
Le seul impact d’une telle annulation serait peut-être la perte des recettes correspondant aux intérêts versés par l’Etat grec. Mais le gouvernement de la Grèce ne demande rien de tel. C’est l’agence d’Etat France Trésor qui emprunterait si nécessaire sur les circuits financiers. Mais les taux d’intérêts auxquels on emprunte, les exigences des marchés financiers, les fluctuations de la valeur de l’euro jouent un rôle bien plus important que les décisions du gouvernement grec. Le mur du mensonge répété en permanence doit aussi être brisé. C’est au contraire un mouvement de solidarité ample qui doit s’affirmer sur une demande simple : le respect du vote du peuple grec qui n’en peut plus de l’austérité, du chômage, de la mal vie, et de la vente de son pays au plus offrant.
Ce débat nous concerne au premier chef. Réussir une politique anti austérité en Grèce c’est dégager la voie pour des choix de gauche en France et ailleurs en Europe. C’est du reste ce dont a peur la grande coalition constituant les piliers du mur de l’argent.