Richard Ferrand et Chantal Guittet s'étaient abstenus il y a un an et demi sur l'ANI qui avait enfoncé un premier coin pro-patronal et néo-libéral dans le droit du travail, conformément aux injonctions de Bruxelles à des réformes structurelles visant à rétablir la compétitivité, en réalité à maximiser les profits et précariser les salariés.
Sur la loi Macron, Richard Ferrand est rentré dans le rang puisque c'est lui le rapporteur de cette loi qui voudrait nous faire revenir au XIXe siècle, en facilitant le travail de nuit, le travail du dimanche, en dérégulant les professions.
Les députés ont été dépossédés de la possibilité de voter et de débattre directement sur la loi Macron par la procédure autoritaire du 49-3, dans laquelle Philippe Noguès, député socialiste frondeur du Morbihan, présent cette année à titre personnel à la Fête de l'Humanité Bretagne de Lanester fin novembre, voit un "symbole poussiéreux du présidentialisme dans une Ve République à bout de souffle".
Gwenegan Bui, du courant aubryiste, qui a voté pour la réforme de la retraite à 67 ans, l'ANI, le Pacte Budgétaire européen (TSCG) qu'Hollande avait promis de réformer pendant sa campagne de 2012, dit aujourd'hui, en argumentant, qu'il se serait abstenu sur la loi Macron. Nous voulons le croire même si une abstention des députés socialistes "modérément critiques" aurait permis à la loi Macron de passer. Voilà ce qu'écrit Gwenegan Bui sur sa lettre numérique de parlementaire (http://www.gweneganbui.fr/):
" Il revient à chacun d’assumer ses positions et ce qu’aurait été son vote, et c’est en responsabilité que j’indique que je souhaitais m’abstenir sur ce texte. En effet, il ne faut pas caricaturer le contenu de cette réforme, ce texte n’était pas le cheval de Troie de l’ultralibéralisme comme certains ont voulu le laisser croire.
De nombreux points positifs sont issus d’un travail parlementaire riche, et je tiens à saluer le travail des rapporteurs à commencer par celui de mon collègue Richard FERRAND. Je pense ici notamment à la réduction des délais pour le permis de conduire, véritable frein la mobilité des jeunes, à la lutte contre les rentes, à l’amélioration des droits des salariés travaillant le dimanche dans les commerces de détail, ainsi que d’autres mesures en faveur de l’activité et pour l’entreprenariat que contenait ce vaste texte.
C’est pour toutes ces raisons que je n’ai pas souhaité voter contre. Mais le texte contenait encore des dispositions dans lesquelles je ne pouvais me retrouver. Ainsi de l’abattement fiscal de 50 % sur les actions gratuites distribuées aux entreprises qui n’avait pas sa place ici. La question des mesures adoptées concernant les procédures de licenciements et plus particulièrement l’homologation des plans de sauvegarde de l’emploi est inquiétante au regard des droits des salariés. Au-delà même de la généralisation de l’ouverture sur 12 dimanches, qui ne paraît être ni une avancée pour notre société ni facteur de réels gains économiques, l’équilibre en faveur des droits des salariés n’était pas garanti. L’illusion du volontariat masque mal la réalité de la précarité des salariés concernés, le plus souvent des femmes. La question des compensations était centrale et aurait recueilli le consensus des députés socialistes. Un point de compromis aurait pu être trouvé là-dessus et éviter le recours au 49-3"
Gwendal Rouillard, une autre connaissance du temps où j'avais encore l'illusion de pouvoir tirer les choses à gauche au sein du PS et du Mouvement des Jeunes Socialistes (il y a plus de 13 ans déjà, du temps de Jospin et de la gauche plurielle), jeune député de Lorient, royaliste de la première heure, loyal à Le Drian, Hollande, bien dans la ligne libérale et atlantiste du PS (il est président de la commission Défense à l'assemblée), pousse assez loin la servilité vis à vis de Manuel Valls et Hollande dans ses déclarations avant-hier rapportées par le Télégramme:
"250 parlementaires qui soutiennent le texte Macron et la majorité ont fait savoir aux frondeurs leur façon de penser!... Leur façon de quitter le navire alors qu'il est dans la tempête est un acte de lâcheté. Ceux qui pensent se sauver seuls, se trompent... Autorité, fermeté, efficacité: Manuel Valls a bien fait. Ca suffit! Nous n'avons pas de temps à perdre avec les champions du ridicule!"
Le champion du ridicule, c'est bien Gwendal Rouillard avec ses métaphores éculées, ses grands mots pour dire la reconnaissance du ventre et continuer à pouvoir mener sa petite carrière d'opportuniste en Hollandie: en réalité, quand le navire fonce tout droit sur les récifs, il faut saluer le courage des hommes de mer qui exigent un changement de cap.
Jean-Jacques Urvoas, un très proche de Dominique Strauss-Kahn, partisan d'une ligne néo-libérale comme lui, demande carrément que les frondeurs s'excluent du groupe PS.
De même, le costarmoricain Stephane Le Foll, avec beaucoup de malhonnêteté intellectuelle, prétend que résister à la loi Macron comme les frondeurs du PS, le Front de Gauche, les députés communistes et les écologistes, c'est faire le jeu de la droite et du FN. Exactement le même discours que les très caporalistes Jean-Marie Le Guen et Bruno Le Roux, qui agitent la menace et le drapeau du patriotisme de parti dès qu'un député PS tousse devant les audaces droitières de Hollande et Valls.
Marylise Lebranchu, elle, continue à oeuvrer pour sa réforme territoriale qui cherche à transformer profondément le cadre territorial démocratique et républicain au profit d'un triple objectif: l'austérité et la réduction des dépenses publiques, la réduction et l"éloignement des lieux de décision démocratiques, l'émergence de pôles politico-économiques (régions, métropoles) concurrentiels dans l'espace européen.
Le Drian, notre ministre de la guerre permanente, vend des raffales aux régimes arabes pro-américains qui maintiennent leurs populations sous le joug.
Ismaël Dupont
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