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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 21:27

Morlaix et sa région : une terre de culture vivante et démocratique.

Avec son patrimoine remarquable, son festival Panoramas, ses concerts de musique contemporaine organisés par WART au Roudour et à Coatelan, sa salle de spectacle de Langolvas, son cinéma La Salamandre qui a su avec le temps fidéliser un public en lui proposant des films créatifs, exigeants et nourrissants, accompagnés par des rencontres avec les réalisateurs et des débats, les initiatives d'éducation populaire de Ti an Oll, ses nombreuses librairies et bouquineries, son Musée des Jacobins, son association d'art contemporain « Les Moyens du Bord », son théâtre à l'italienne et ses deux festivals des Arts dans la rue, la région de Morlaix, grâce à l'énergie des professionnels de la culture, au dévouement et à la créativité des bénévoles des associations, est incontestablement une terre de culture vivante et démocratique.

La richesse et la vitalité de la vie culturelle sont même devenues des composantes essentielles de l'identité morlaisienne et des atouts non négligeables pour attirer ou conserver des résidents, des entreprises et des touristes. Elles permettent aussi de rendre le territoire attractif pour les jeunes, de rapprocher les citoyens des univers émancipateurs de la création artistique et de créer du lien social à travers des évènements festifs.

Des dynamiques menacées par des politiques tant nationales que locales

De manière plus générale, comment ne pas voir qu'en ces temps où le néo-libéralisme, avec ses mass médias débilitants, son organisation du travail et sa fabrique d'individu-consommateur, atomise la société et produit tant de frustrations, l'accès aux oeuvres de culture permet aux hommes de développer leur sensibilité et de s'ouvrir aux autres, de connaître des émerveillements qui magnifient la vie et nous réinsufflent de la générosité et de la combativité pour être des citoyens debout capables d'échapper à la résignation et à l'accablement?

Pourtant, ces deux dernières années, des virages politiques inquiétants ont été pris au niveau de la municipalité et, dans une moindre mesure, de la communauté de commune, qui tendent à casser des dynamiques et à remettre en question les efforts publics et associatifs de démocratisation culturelle.

Associations : des réductions drastiques.

Ainsi, alors même que la majorité municipale de droite augmentait significativement les indemnités des élus en 2009 (50% d'indemnité en plus pour Mme Agnès Le Brun, qui a pris modèle sur la rapacité du président...), elle réduisait de 15% les subventions aux associations morlaisiennes, le secteur de la culture étant touché au même titre que les secteurs sportif ou social.

Théâtre : le désengagement

Parallèlement, la subvention municipale au Théâtre qui avait peu auparavant acquis le statut de scène nationale conventionnée et jouissait d'un écrin superbe nouvellement réhabilité baissait également de 40% et la Maire, non contente de retirer 200000 euros à l'association pour son fonctionnement, décidait, face aux résistances causées par ce désengagement, de se justifier a posteriori en contestant le contenu même de la programmation théâtrale proposée, jugée trop élitiste et pas assez orientée vers les scolaires, ce qui a provoqué la démission en bloc du bureau du Théâtre et de son directeur. Faire venir un public plus large au théâtre avec des moyens fortement réduits pour assurer des programmations de qualité relève d'un pari aventureux très largement surdéterminé par la mise en cause idéologique de la dépense publique.

Ce manque de soutien de nos édiles au rapprochement entre le citoyen et la création artistique audacieuse et originale traduit un recul national des politiques publiques de la culture qui opèrent un virage net par rapport à l'ambition forte affirmée dans les années 1960 d'éducation de la sensibilité et de l'intelligence humaine par l'accès aux oeuvres les plus belles riches de sens du TNT de Jean Vilar et du ministère Malraux, au profit d'une tendance de plus en plus affirmée à déléguer l'initiative culturelle au secteur privé et commercial qui divertit sans faire grandir.

Le Festival des Arts dans la Rue menacé !

Le FAR qui rassemble les soirs d'été vacanciers venus d'ailleurs, morlaisiens et habitants de toute la région, rend possible depuis 24 ans des grands moments de rêverie et de joie partagées face à des spectacles oniriques et dynamiques qui parlent aux enfants comme aux adultes. Or, la ville a mis en difficulté le FAR en se désengageant à la hauteur de 60000 euros en 2009, ne participant plus désormais au budget du Mai des arts et du FAR géré par le Fourneau qu'à la hauteur de 5%. Si, dans un premier temps, Morlaix Communauté a accepté cette forme de transfert de compétence imposée, sa participation, déjà en baisse en 2010, sera encore diminuée de 10000 euros en 2011, alors que les représentations organisées dans le cadre du Mai des arts et du Festival des Arts dans la rue n'ont jamais eu autant de succès: 38 260 spectateurs pendant les 3 jours du FAR en 2010, 7630 au Mai des Arts dans les communes avoisinant Morlaix qui participaient à l'opération. Dans la mesure où les conseils régionaux et généraux qui financent ces évènements sont tout aussi étranglés financièrement, il n'est pas sûr, s'il n'y a pas plus d'entente et d'ambition culturelle véritable du côté de la municipalité de Morlaix et de Morlaix Communauté, que ce moment traditionnel de convivialité et de magie si cher aux gens de la région puisse être organisé dans les prochaines années.

Bibliothèques, Musée des Jacobins : on réduit !

Enfin, dans le Morlaix mag' n°107, nous apprenions que les premières cibles du plan d'économie de la municipalité ont été en 2009 les bibliothèques, qui ont vu leur dotation de fonctionnement diminuer de 16 000 euros, et le Musée des Jacobins, qui a perdu 25 000 euros par rapport à sa dotation de l'année précédente.

 

Toutes ces mauvaises nouvelles pour la démocratisation et la décentralisation de la culture montrent bien que la volonté de l'Etat de faire participer les collectivités à la réduction à marche forcée de la dépense publique.

Il s’agit de complaire aux marchés et aux intérêts privés en fragilisant le secteur culturel dont la santé est pourtant une condition du développement de l'esprit critique individuel et d'un vivre ensemble convivial. C'est parce que la culture est essentielle à la beauté de l'existence individuelle et à la formation du citoyen qu'il est nécessaire que la collectivité mette en place une véritable politique publique de promotion de la culture avec des moyens financiers importants, des stratégies et des priorités claires, sans se contenter de subventionner des associations créées spontanément grâce aux initiatives privées.

Ismaël DUPONT

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