On peut lire dans L'Humanité dimanche du 18 août 2011 un excellent courrier d'une lectrice toulousaine, Catherine Villalba, appelant à la vigilance dans le maniement et la réception du mot "marchés", tantôt idole, tantôt monstre, tantôt césame de la croissance et de la compétitivité, tantôt facteur de destabilisation réclamant toujours plus de sacrifices... L'intensité de notre exposition au discours médiatique nous rend particulièrement vulnérables vis à vis d'expressions et de mots piégés et déréalisants, construits pour les besoins des individus et des groupes financiers qui spéculent égoïstement dans l'indifférence à toute considération civique, sociale ou humaine, et cherchent à rendre leur main lourde et brutale invisible pour leurs victimes. Il est donc urgent d'appeler de temps à temps à lever le rideau pour voir quels acteurs se cachent derrière ces mots abstraits et truqués...
"Faux nez sémantique.
OUI, "LES MARCHES" SONT BIEN FAITS DE CHAIR ET DE SANG.
Petite leçon de vocabulaire novlangue à l'usage des citoyens béotiens que nous sommes: "Pourquoi les Bourses dépriment" (Europe 1); "Les marchés, inquiets pour l'économie mondiale..." ("Le Parisien); "(les politiques) ont fait perdre confiance aux marchés..." (France Info); "(la baisse de la bourse de Tokyo) est un vote de défiance des marchés dans la capacité de l'administration Obama..." (France Info). Mais qui sont donc ces "marchés qui ont l'air bien souffrants, qui sont déprimés, inquiets, qui n'ont plus confiance, qui ont la fièvre et même...qui votent? (...) S'agit-il de nouvelles divinités tutélaires, dont les sautes d'humeur, par leurs effets, relèguent les colères légendaires de Neptune et Jupiter au rang de simple éternuement. En réalité, rien de si mystérieux. Ils sont constitués d'acheteurs et de vendeurs, bien réels, bien concrets et... pas toujours très malins. Les participants sont donc les banques, les compagnies d'assurances, les caisses de retraites par capitalisation et autres fonds auxquels les épargants confient leur patrimoine dans l'espoir d'en retirer quelque gain. Le mot "marché" n'est-il qu'un raccourci pratique pour englober ces différents acteurs? Pas seulement. Il y a là un glissement de sens dont l'effet recherché est justement de dépersonnaliser et de masquer les acteurs réels. La lutte des classes existe, elle passe par le vocabulaire". Catherine Villalba
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