Front de Gauche
A Morlaix le 13 mai 2013
Monsieur le Député Gwenegan Bui,
Le 16 mai prochain, les députés à l’Assemblée Nationale auront à se prononcer sur le projet de loi d’amnistie des syndicalistes. Ce projet a déjà été approuvé par les sénateurs grâce à l’opiniâtreté des élus du Front de Gauche, qui l’ont défendu avec conviction, mais aussi grâce aux voix des sénateurs socialistes. Pourtant le gouvernement, par la voix du ministre des relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a d’ores et déjà déclaré qu’il s’opposerait à ce projet de loi.
Cette décision est incompréhensible et inacceptable pour les électeurs de gauche que nous sommes, et auxquels vous devez d’être majoritaires à l’Assemblée Nationale.
En effet, cette loi d’amnistie n’a pas pour objet de protéger les auteurs de malversations ou de violences faites aux personnes. Il s’agit au contraire de donner un signal politique fort à ces femmes et ces hommes, à leurs représentants syndicaux, et au-delà à l’ensemble des salariés et des travailleurs, en reconnaissant qu’ils ne sont pas des criminels que l’on soumet à l’humiliation de tests ADN. En votant cette loi, vous montreriez à ceux qui subissent la violence inouïe d’un licenciement, à ceux dont la vie et l’équilibre professionnel et familial patiemment construits volent en éclat, et qui y répondent parfois dans un moment de colère, qu’à gauche, humanité et solidarité ne sont pas de vains mots.
Malheureusement, l'actualité sociale de notre région nous confronte de plus en plus à ces événements : GAD, Doux, Boutet-Nicolas, n'en sont que quelques exemples. Notre solidarité vis à vis de ceux qui se battent doit être totale. D’ailleurs, on peut légitimement se poser la question de la caractérisation de cette « violence » syndicale, mise en avant par les médias mais souvent minime ou inexistante, quand le syndicalisme paysan productiviste détruit régulièrement des biens privés ou publics dans notre région sans qu'aucune poursuite réelle n'ait jamais abouti. La république s'inclinerait devant les tracteurs, mais poursuivrait les employés et les ouvriers ?
Durant le quinquennat de N. Sarkozy, le MEDEF a guidé la politique gouvernementale. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault n’a pas eu, pour l’instant, en matière économique et sociale, le sursaut attendu pour répondre aux attentes des Français qui vous ont élu. Ce n’est pas au MEDEF qu’un gouvernement de gauche doit donner sans cesse et sans limites des gages. C’est aux Français qui lui ont donné une majorité et qui assistent, incrédules, au reniement des promesses de François Hollande, qu’il doit s’adresser.
Le 16 mai, vous aurez à décider en pleine conscience politique du sort de ces syndicalistes qui attendent un geste de votre part. Vous savez désormais à quel point ce vote est important et symbolique pour nous, et combien nous aussi attendons un geste de votre part par ce vote.
Le Front de Gauche du Pays de Morlaix.