Pacte social. Quatre manifestations ce samedi en Bretagne
Une semaine avant une nouvelle manifestation des « bonnets rouges », à Carhaix (29), un mouvement dans lequel ils ne se reconnaissent pas, sept syndicats appellent les salariés à défiler, aujourd'hui, dans quatre villes bretonnes, pour exiger
Les manifestations en Bretagne
> Morlaix
> Rennes
> Saint-Brieuc
> Lorient
La semaine dernière, sept organisations syndicales de Bretagne -CFDT, CGT, Solidaires, CFTC, Unsa, CFE-CGC et FSU- ont lancé en commun cette journée de mobilisation, qui prendra la forme de cortèges à Rennes, Saint-Brieuc, Morlaix et Lorient. Dans cette dernière ville, où le rassemblement est prévu à 10 h 30, boulevard Cosmao-Dumanoir, seront présents les leaders de la CFDT, Laurent Berger, et de la CGT, Thierry Lepaon. Thierry Lepaon qui poursuivra à Morlaix, où la manifestation se déroulera l'après-midi. Seule Force Ouvrière-Bretagne a fait bande à part. Mais FO souligne qu'elle avait déjà appelé en octobre à manifester contre les plans de licenciement qui se sont succédé en Bretagne depuis plus d'un an, conséquences d'une avalanche de restructurations qui ont touché, notamment, l'agroalimentaire, les télécoms et l'automobile, piliers de l'économie bretonne.
Un volet social dans le Pacte d'avenir
La colère des milliers de salariés, amplifiée par les actions parfois violentes contre l'écotaxe, qui devait être mise en oeuvre, avant sa suspension, le 1er janvier, avait conduit le gouvernement à lancer mi-octobre un Pacte d'avenir pour la Bretagne, pour trouver d'ici à fin novembre des solutions pérennes à la crise. Les discussions se succèdent à la préfecture de région mais laissent les syndicats sur leur faim. Le pacte est qualifié d'« insuffisant » par les sept organisations syndicales qui revendiquent, parallèlement aux mesures économiques que contiendra le Pacte d'avenir, « un volet social conséquent ». Cela passe, expliquent les représentants des syndicats, par des mesures concernant la formation, l'accompagnement des personnes licenciées, les conditions de travail, mais aussi les modalités du dialogue social pour que les salariés participent effectivement à la réflexion sur les mutations économiques et industrielles dans la région. Ces mutations « doivent être anticipées pour permettre aux salariés de se réorienter et de se former dans un parcours sécurisé et ainsi éviter les suppressions d'emplois », pointent les organisations syndicales. « Il ne faut pas que les salariés soient la variable d'ajustement », plaide Louis Baron, secrétaire régional de la CFDT. « On demande que ce qui se fait après les licenciements se fasse avant », analyse Thierry Gourlay, secrétaire régional de la CGT.
« Reprendre la main » sur les bonnets rouges
Pour les organisations syndicales, il s'agissait, en lançant une journée de mobilisation, d'être « à la hauteur des enjeux », alors que des milliers de salariés ont perdu ou risquent de perdre leur emploi chez Doux ou Tilly-Sabco (poulets à l'export), chez Gad (abattoirs de porcs), PSA ou Alcatel, mais aussi de « reprendre la main », à une semaine de la nouvelle manifestation des bonnets rouges, le 30 novembre, à Carhaix. Le mouvement s'est illustré en réunissant, le 2 novembre, à Quimper, entre 15.000 et 30.000 personnes coiffées de bonnets rouges, une foule hétéroclite de salariés, de chefs d'entreprise, d'élus, de militants politiques, de défenseurs de la décentralisation réunis à l'appel du collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne ». Trois syndicats -CGT, Solidaires et FSU- s'étaient déjà désolidarisés de cette action. « On aurait été avec eux s'il n'y avait eu une manipulation téléguidée par le patronat, la FNSEA, le Medef et certains politiciens », a justifié Serge Le Quéau (Solidaires), visant le maire de Carhaix, Christian Troadec, un des initiateurs du collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne ». Le patronat et la FNSEA « réclament moins de contraintes administratives, fiscales, moins de charges. Tout cela va à contresens des intérêts des salariés », poursuit Serge Le Quéau, qui pointe « les risques de désillusions gravissimes » des salariés. Quant à Christian Troadec, c'est son combat pour la décentralisation qui provoque le rejet des syndicats. FO, seule organisation à avoir appelé à la manifestation quimpéroise, a d'ailleurs fini par se désolidariser des bonnets rouges, malgré la présence de certains de ses membres dans ce collectif.