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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 05:26

A lire, ce très bel et courageux éditorial de Michel Abescat, critique de Télérama et du Masque et la Plume (émission de France inter) dans le Télérama du 18 mai 2011:

 

 

 

Et si, au lieu de fêter le 10 mai 1981, la gauche passait à autre chose?

 

La limite du mythe.

 

    Que célébrait-on, en fait, le 10 mai dernier, à la télévision, à la radio, dans les journeaux? Les souvenirs anciens d'un soir de liesse, quand on chantait sous la pluie, place de la Bastille? Le formidable espoir qui s'est alors levé? Elle était jeune, la gauche, à l'époque. Et belle. Et joyeuse. Elle voulait y croire, les étoiles plein les yeux, comme deux gosses au matin de leur amour, pour filer la métaphore de la belle chanson d'Alex Beaupain qu"on écoutait en boucle, la semaine dernière: "Au départ au départ/ Tu sais c'est pour nous deux/ J'y croyais sans trop y croire/ Au départ c'est toujours mieux"*... 

Trente ans plus tard, elle sentait le vieil album et la photo jaunie, la fête du 10 mai. Un de ces albums poussiéreux que l'on feuillette, la mémoire trouée, quand les rêves depuis longtemps se sont noyés. Des images d'Epinal. Des souvenirs pieux. Le visage de Mitterrand qui apparaît à 20h sur les écrans de télévision, la mine deéfaite d'Elkabbach, le chapeau noir et l'écharpe rouge, le Panthéon, une rose à la main. Et la Bastille sous la pluie. 

    Au départ, c'est toujours mieux. Exit la guillotine et la Cour de sûreté de l'Etat, bonjour la cinquième semaine de congés payés et la retraite à 60 ans, bienvenue au prix unique du livre et au doublement du budget de la Culture. On n'oublie pas, mais il y avait quelque chose de mortifère dans cette célébration, une nostalgie poisseuse, collée au passé comme un vieux bonbon à son papier doré. Comme si les promesses ne s'étaient pas envolées à force de compromis et de reniements, au nom d'un "réalisme" sans conviction ni ligne de force. La complaisance face aux puissances d'argent, la libéralisation de l'économie et la dérégulation des marchés financiers ouvrant la voie aux années fric, l'acceptation du chômage de masse et la rupture avec les classes populaires, Bernard Tapie érigé en icône de la réussite. Et Jacques Séguéla, qui considère aujourd'hui qu'on a raté sa vie quand on n'a pas de Rolex à 50 ans. Double langage entre le discours de gauche et le choix néolibéral de François Mitterrand, le suicide de Grossouvre, la mpaladie cachée du président et la débâcle aux législatives de 1993: 57 députés socialistes sur une assemblée qui comptait 577 sièges: "Et puis 21 avril/ Coup de tonerre, de canon/ Nos amours qui défilent/ Fin de cohabitation", comme le chante Beaupain avec infiniment de talent...

     C'est toujours le moi de mai, pourtant! Mais il est à réinventer. Le monde d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celui d'il y a trente ans et il n'a rien à faire des reliques et de la nostalgie. Il s'agit de repenser (enfin!) le changement du capitalisme, l'encadrement de la finance toute-puissante, l'équilibre entre le capital et les salaires, l'Europe aveuglément libérale, la croissance et la compétitivité au regard des limites des ressources planétaires et écologiques. La gauche a besoin d'un nouveau départ. Et ce n'est ni à Jarnac ni à Château-Chinon qu'elle trouvera l'inspiration". Michel Abescat    

 

* Alex Beaupain, Pourquoi battait mon coeur, 1 CD Naïve.

 

 

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