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1 février 2025 6 01 /02 /février /2025 11:20
Narcotrafic: ces mafias ont complétèment intégré la logique du capitalisme. Interview de Jeremy Bacchi, sénateur communiste, dans La Marseillaise

"La Marseillaise" - 2025/01/28


« Ces mafias ont totalement intégré la logique capitaliste »
Jérémy Bacchi est également secrétaire départemental du PCF.

 

Entretien
Le sénateur PCF des Bouches-du-Rhône Jérémy Bacchi défendra la position de son groupe ce mardi lors de l’examen de la proposition de loi sur le narcotrafic.


La Marseillaise : Que faut-il attendre de ce texte ?
 

Jérémy Bacchi : Ce texte arrive dans un contexte de progression du narcotrafic et nous avons un dispositif législatif, réglementaire, qui n’est plus adapté à la réalité nouvelle que recouvre son organisation de plus en plus mafieuse à travers le pays. Mais je ne suis pas dupe : on ne réglera pas un problème aussi important avec uniquement un texte de loi. Le but est de pouvoir offrir d’autres perspectives à des populations qui vivent sous le joug des réseaux mafieux. En tant que communiste, je reste totalement convaincu que la lutte contre les mafias est éminemment une question de classe, parce que les premières victimes des réseaux mafieux ce sont les populations les plus fragilisées, qu’elles habitent dans des quartiers populaires ou qu’elles soient isolées socialement. On le voit aujourd’hui, des gamins de 12 ou 13 ans sont recrutés à la sortie des foyers d’aide sociale à l’enfance. Ces mafias ont totalement intégré la logique capitaliste et fonctionnent comme tel, sans barrière, sans limite, sans règle et sans lois.
 

Quelles positions allez-vous défendre au nom de votre groupe ?
 

J.B. : Tout d’abord l’idée que le narcotrafic est aujourd’hui dans les mains de mafias organisées, structurées, on n’est pas uniquement sur de la vente ou du trafic amateur, on est sur des logiques industrielles. Nous devons avoir les dispositifs adéquats. Je pense à la lutte contre le blanchiment d’argent, notamment le rôle que peuvent jouer certaines banques dans cette facilitation. Ensuite, défendre l’idée que nous avons besoin de forces de police qui soient plutôt fléchées sur les enquêtes, la remontée des filières, des réseaux, des douaniers supplémentaires pour travailler sur les contrôles. Nous avons besoin d’avoir une réflexion sur l’ensemble de ces salariés qui sont en première ligne avec ces mafias, comme les avocats, portuaires, transporteurs etc. Comment les protéger ? Comment leur permettre de continuer à exercer leur profession en toute sécurité sans craindre les menaces, les coups de pression de ces réseaux mafieux ? Enfin, nous devons réfléchir à la question de la diplomatie. Il y a un levier extrêmement fort à activer en direction des pays producteurs (cannabis, cocaïne, héroïne) pour empêcher une grande partie de la marchandise d’arriver sur notre territoire.
 

Comment s’est déroulé le travail avec la droite sénatoriale ? Quelles ont été vos lignes rouges ?


J.B. : Il y a eu une commission d’enquête transpartisane qui regroupait l’ensemble des partis politiques - Ian Brossat y siégeait pour le groupe communiste - à l’issue de laquelle un rapport a été présenté et partagé par tous. La question et de savoir comment concevoir un texte équilibré qui réponde précisément à cette question de la lutte contre le narcotrafic et ses mafias. Nous devons travailler en bonne intelligence pour que le texte soit adopté, sans cela, on va tomber sur des lignes de fractures. Je pense notamment aux salariés en première ligne. Il y a deux conceptions : soit on les voit comme des points d’appui dans la lutte contre le narcotrafic ou, a minima, comme des gens menacés que la puissance publique doit protéger. Soit, à l’inverse, certains pourraient avoir la tentation de les percevoir comme des complices potentiels. On a là deux visions philosophiques qui s’opposent.


Où en est l’Appel de Marseille ?
 

J.B. :L’appel de Marseille aura, avec plusieurs milliers de signatures dans le département et plus, permis de susciter un débat. On l’avait lancé suite à l’année 2023 qui avait été cataclysmique avec 49 règlements de compte à Marseille. Avec mes collègues Guy Benarroche et Marie-Arlette Carlotti nous avions alerté le président du Sénat Gérard Larcher pour la mise en place d’une commission d’enquête sur le narcotrafic. Il est l’heure d’un premier bilan : la commission d’enquête a eu lieu, elle a rendu des conclusions partagées par tout le monde, elle aboutit sur un texte de loi présenté aujourd’hui au Sénat. En cela, nous avons contribué à ce que l’appareil législatif évolue. On a réussi à mettre un coup de pied dans la fourmilière et à faire bouger les lignes. Je crois qu’on peut collectivement s’en féliciter.
 

Entretien réalisé par Laureen Piddiu

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