Né le 17 mars 1921 à Plounéour-Ménez (Finistère), mort le 2 mars 2000 à Plounéour-Ménez ; cultivateur ; résistant ; syndicaliste (CGA et MODEF) ; membre du comité de la fédération du PCF du Finistère (1946) ; adjoint au maire (1951-1983) puis maire de Plounéour-Ménez (1983-1989).
Pierre Lachuer était le fils de cultivateurs. Il adhéra au parti communiste clandestin sous l’Occupation. D’après Eugène Kerbaul il fut en contact avec Bernard Paumier, un des responsables interrégionaux Bretagne et responsable national du PCF pour les questions paysannes. Il créa avec son aide des groupes de l’union des jeunes paysans patriotes. Après le débarquement, il forma une compagnie de FTP qui prit part à de nombreuses opérations.
Il fut élu membre du comité de la fédération du PCF du Finistère en août 1946. Il milita essentiellement à la CGA puis au MODEF. Élu premier adjoint au maire communiste de Plounéour-Ménez en 1951, il fut réélu à chaque scrutin jusqu’en 1983 où il devint maire de la commune.
Il se maria en 1946 dans sa commune natale avec Hélène Henry.
"C'était une petite ferme près de chez moi du temps où l'on vivait « là bas dans les Monts d'Arrée ». Deux ou trois fois par semaine, j'y allais avec mon pot au lait. L'étable était chaude et sentait bon. les vaches mâchouillaient leur foin. La trayeuse électrique ronronnait. Le plus souvent c'était Hélène qui me servait. Elle prenait bien soin d'agiter le lait dans le grand bac en inox, car la crème était rassemblée en surface par la loi de la physique. Mais quand il arrivait qu'Hélène ne soit pas là, je me gardais bien de mélanger : je faisais partie des dix pour cent d'humains adorateurs de la crème du lait.
Dans ces années 70, le téléphone était rare, et je devais monter jusque chez Hélène et Pierre pour téléphoner. Et s'il y avait un appel pour moi, ils devaient faire patienter l'interlocuteur, et faire en courant les deux cents mètres du chemin jusque chez moi : « Gérard, téléphone !». Et je remontais le chemin à toute blinde pour répondre tout essoufflé à mon amoureuse ou à une demande de concert.
Après la conversation lointaine, il y avait toujours la conversation proche, et Pierre, ancien résistant et communiste convaincu, vitupérait contre la politique agricole de la France et de l'Europe. « Ils veulent tuer les petits paysans ! Alors que le modèle idéal, c'est la ferme familiale, qui donne du travail à trois ou quatre personnes ».
Pierre est mort prématurément d'un arrêt cardiaque. Mon hypothèse d'expert : le lard qu'il dégustait par grosses tranches sur ses tartines vers dix heures du matin était tout blanc : 100% de matière grasse animale. Depuis la disparition de notre voisin, Les fermes n'ont cessé de grandir. Les tracteurs ont gagné en taille. Et les dettes aussi. Et les banques aussi.
Et voici qu'on entend des responsables agricoles ici ou là qui nous disent : « Le système favorise les grandes exploitations, alors que le modèle idéal, c'est la ferme familiale, qui donne du travail à trois ou quatre personnes ». Tiens donc ?
J'imagine Pierre Lachuer dans sa tombe de Plounéour Menez, Monts d'Arrée. Il doit bien rigoler. Ou peut être qu'il pleure, au fond ?"
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