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19 décembre 2024 4 19 /12 /décembre /2024 16:47
Nomination de Bayrou, démission de Macron… Comment LFI compte surfer sur la crise politique - L'Humanité, Cyprien Caddéo, 19 décembre 2024

La nomination de François Bayrou à Matignon conforte les insoumis dans leur stratégie de faire porter à Emmanuel Macron la responsabilité du blocage. Avec, pour objectif, une présidentielle anticipée dont profiterait Jean-Luc Mélenchon.

Cyprien Caddeo , L'Humanité, 19 décembre 2024

Le calendrier est posé au milieu du siège de la France insoumise, entre une pyramide de cartons et des piles de tracts, symboles d’un QG en état de « campagne permanente ». Marqué au Velleda, on y lit le plan de bataille suivant : « Mars : démission de Macron. Mi-avril : Mélenchon président. Fin avril : dissolution. Mi-mai : 400 députés FI. Juin : France = paradis. » Le tout relève bien sûr de la boutade entre militants, jusqu’à prédire que l’un des leurs finira premier ministre. Mais derrière la blague, il y a un fond de vérité.

Car, au risque de braquer leurs partenaires du Nouveau Front populaire (NFP), les insoumis jouent leur propre agenda politique, tourné vers une présidentielle anticipée, dès 2025. S’il défend toujours publiquement la nomination d’un gouvernement NFP – sans y croire un instant –, le mouvement mise sur l’enlisement politique pour augmenter le niveau de colère dans le pays.

« Ils cherchent à organiser le chaos pour que Macron n’ait d’autre choix que de partir »

Il est bien aidé, en cela, par le refus catégorique d’Emmanuel Macron de nommer un premier ministre issu de la coalition de gauche. « Au final, qu’il n’y ait pas de premier ministre NFP, ce n’est pas un échec pour nous, glisse un cadre insoumis. Car, depuis les législatives, on a réussi à faire monter le niveau de crise politique dans le pays. » Un député FI abonde : « Le plan se déroule comme prévu, on a même un petit peu d’avance », avec la chute de Michel Barnier.

C’est ainsi qu’il faut aussi lire le refus des insoumis de participer à toute rencontre à l’Élysée ou à Matignon, où François Bayrou a convié l’ensemble des groupes parlementaires. « Nous ne voulons pas jouer le jeu des lignes rouges ou vertes, tranche la présidente du groupe, Mathilde Panot. Bayrou sera censuré, Macron devra s’en aller. »

La FI, qui a amorcé en vain une procédure de destitution du chef de l’État, mise toujours sur sa démission, arguant que 64 % des Français y sont favorables. Problème : le président a exclu de démissionner. Pour le politologue Rémi Lefebvre, la stratégie insoumise est « claire comme de l’eau de roche : ils cherchent à organiser le chaos pour que Macron n’ait d’autre choix que de partir ».

« Même certains macronistes disent que cela va passer par sa démission, assure le député FI Antoine Léaument. Il peut même faire un coup de poker pour se représenter (malgré la limite de deux mandats – NDLR) en s’appuyant sur des proches du Conseil constitutionnel, qui sera renouvelé en mars. » Les insoumis se tiennent donc prêts à lancer une campagne express à tout moment et ont même commencé à sonder les élus locaux pour sécuriser les 500 signatures, qu’il faudra trouver en un temps très court (deux semaines) dans le cas d’une élection anticipée.

Les alliés du NFP pas « obsédés » par la présidentielle

Leurs partenaires du NFP, qui ont eux accepté d’entrer dans le jeu des discussions avec l’exécutif, leur reprochent leur stratégie radicale. « À force de ne rien vouloir lâcher sur rien, à la fin tu n’as rien », ironise la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, dans l’émission Backseat. « Nous n’avons pas, comme eux, l’obsession présidentielle », tacle pour sa part André Chassaigne, chef de file des députés communistes.

« Si les autres forces du NFP ne veulent pas de présidentielle anticipée, c’est que personne n’y est prêt, sauf nous », grince un parlementaire FI. « Ils ont le programme, le candidat, quand les autres devront passer par des primaires ou choisir un mode de désignation, dans un temps très contraint, et ça, ils le savent », rappelle Rémi Lefebvre.

Même s’il n’est toujours pas officiellement candidat, tout le monde sait bien que Jean-Luc Mélenchon portera la bannière FI. « Il a l’expérience et la force de caractère pour y aller », assure Mathilde Panot. Le 15 décembre, sur M6, l’intéressé a de toute façon tranché : « Il y aura une candidature insoumise. Nous la proposerons en candidature commune à nos alliés ! » Une façon de tordre le bras à ses partenaires, quitte à risquer à nouveau un éparpillement à gauche, ce qui ne les inquiète pas plus que cela.

En campagne permanente, la FI entend ainsi politiser le « peuple » et offrir à Jean-Luc Mélenchon un duel avec Marine Le Pen, parachevant la prophétie faite par l’insoumis en 2014 : « À la fin, ce sera eux (le RN) ou nous. » Mais les Français préféreront-ils le candidat de gauche à l’extrême droite au second tour ? « La stratégie de la bordélisation est efficace au premier tour pour mobiliser son camp mais inopérante quand il faut rassembler au second », estime Rémi Lefebvre.

« J’ai rencontré à chaque présidentielle des gens qui disaient ”plus jamais Mélenchon”, mais, une fois dans l’isoloir, c’est autre chose », balaie le député Antoine Léaument. Pour le moment, tout cela relève de la politique-fiction, Emmanuel Macron ne comptant pas de sitôt quitter son palais, même s’il est sous pression comme jamais depuis 2017.

 

 

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