Malgré le revers enregistré devant la justice française qui refuse de poursuivre les sociétés impliquées dans le scandale de l’agent orange, le collectif Vietnam Dioxine entend poursuivre la lutte
Le jeudi 22 août, la Cour d’Appel de Paris a rendu son verdict sur le procès en appel de Tran To Nga, victime de l’agent orange face à 14 multinationales agrochimiques l’ayant produit ou commercialisé : comme le Tribunal de première instance d’Evry, elle rejette l’appel, confirmant l’argument « d’immunité de juridiction » dont se prévalent les sociétés incriminées. Comble de l’ironie, Nga doit verser 1500 euros à chacune des entreprises.
Nous sommes consterné·es par cette nouvelle, qui atteste d’un net recul dans la reconnaissance des victimes de l’agent orange, aujourd’hui près de 3 millions au Vietnam, au Cambodge, et au Laos. Autant de voix et de corps invisibilisés et abîmés par la Guerre, autant d’espoirs qui s’éloignent, elles qui n’ont jamais pu obtenir une quelconque forme de justice, près de 50 ans après la fin de la Guerre du Vietnam. Elles qui comptaient sur Tran To Nga, dernier recours pour demander réparations aux entreprises ayant perpétré l’un des plus grands écocides de l’Histoire.
Aujourd’hui nous sommes attristé·es de la nouvelle mais nous nous tenons aux côtés de Tran To Nga, une femme qui a consacré et consacre la fin de sa vie à ce digne combat contre l’agent orange. Une femme qui a connu la Guerre, le deuil, la maladie, la prison et la torture, mais qui connaîtra un jour la justice. Une femme qui a politisé toute une génération d’asiodescendants et bien au-delà, et verra, quoiqu’il advienne, sa relève assurée. Avec « patience, courage et détermination », comme elle aime si bien le dire, nous l’encourageons dans son pourvoi en cassation, annoncé suite à la décision de la Cour d’Appel de Paris par ses avocats.
Ce long combat judiciaire a néanmoins permis la visibilité du drame de l’agent orange dans l’espace public, sujet autrefois méconnu en France comme au Vietnam. La bataille n’est pas que juridique mais aussi culturelle et mémorielle, et nous sommes ravi·es de l’engager à ses côtés. Le soutien engagé par des politiques, syndicats militants des associations antiracistes et décoloniaux, écologistes et la médiatisation importante autour du procès nous donne l’envie de poursuivre la lutte.
Ainsi, le Collectif Vietnam-Dioxine, association créée en 2004 par la diaspora vietnamienne pour mettre en lumière les effets de l’agent orange, continuera sans relâche de raconter l’histoire de Tran To Nga, et de défendre toutes celles et ceux qui se sont battus et se battent actuellement contre les pesticides de l’industrie agrochimique et les armes chimiques.