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20 août 2024 2 20 /08 /août /2024 07:00
Les combattants de la libération - Françoise Leclercq, la foi rouge écarlate - L'Humanité, Scarlett Bain, 8 août 2024

La série Les Combattants de la Libération de L'Humanité en août 2024.

Scarlett Bain, L'Humanité, 8 août 2024

La responsable de l’Union des femmes françaises sera agente de liaison de Rol-Tanguy durant la Libération. Rien ne destinait cette bourgeoise et fervente catholique à rejoindre la résistance communiste.

Elle file droit sur son vélo à travers les rues de Paris. Aux premières heures de l’insurrection, ce matin du 19 août 1944, Claire, de son nom de résistante, se rend à la préfecture de police où 2 000 policiers en armes ont lancé le soulèvement de la capitale. Elle transporte aux risques de sa vie du matériel sanitaire destiné à soigner les combattants. Mais une rencontre fortuite se produit. « À la porte de la préfecture, je tombe sur le colonel Rol, raconte Françoise Leclerq1 (1). Il me donne le mot de passe pour descendre dans les catacombes sous le lion de Belfort. » C’est là, à 26 mètres sous terre, que le chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) Île-de-France a installé son nouveau PC ; c’est là que Françoise Leclercq devient son agente de liaison jusqu’à la Libération. Ils se connaissent depuis 1942, année où la grande bourgeoise et fervente catholique s’engage dans la Résistance aux côtés des communistes.

Rien ne l’y destinait, mais Françoise Leclercq a fait mentir le sort que lui réservaient sa classe sociale et son éducation religieuse. Née en 1908 dans une riche famille du Nord, elle est placée en pensionnat au couvent des Dames Bernardines. Mariée à l’âge de 19 ans à un industriel fortuné, elle commet après vingt années de vie commune un acte quasi révolutionnaire pour son milieu : elle demande le divorce et s’installe à Paris avec ses quatre enfants. En cette année de 1938, Françoise Leclercq ne manque de rien, elle vit dans un appartement cossu, rue de Montpensier, dans le très chic quartier du Palais Royal. Mais elle a conscience de la menace de la guerre et décide de passer le diplôme de la Croix-Rouge. Lorsque le conflit éclate, elle apprend à conduire des camions pour ravitailler les camps de prisonniers. Puis quand Pétain signe l’armistice avec Hitler et que les premières lois antisémites sont promulguées, elle affiche avec audace son engagement aux côtés des juifs : « J’ai décidé de porter moi aussi une étoile jaune. J’ai fait fondre pour cela mes médailles de baptême et de communiante, et j’ai demandé à l’orfèvre Cartier de se charger de ce travail. »

Décorée de la croix de guerre pour ses actes de courage

Françoise Leclercq tombe malade et choisit sciemment un médecin juif pour la soigner : le grand professeur Raymond Leibovici. Cette rencontre sera déterminante. Au cours d’un examen, elle lui glisse un message : « Ma maison est la vôtre et celle de vos amis. » Le médecin juif est aussi communiste, ce qu’elle ignore, et il la prend au mot. Bientôt l’appartement de Françoise Leclercq devient le refuge et le lieu de réunions des combattants Francs-Tireurs et Partisans (FTP). « Il nous fallait tout de même faire très attention car, au-dessus de chez moi habitaient les propriétaires de chez Maxim’s et on voyait des Allemands en uniformes qui parfois se trompaient d’étage et sonnaient à ma porte », se remémorera-t-elle plus tard.

Elle file droit sur son vélo à travers les rues de Paris. Aux premières heures de l’insurrection, ce matin du 19 août 1944, Claire, de son nom de résistante, se rend à la préfecture de police où 2 000 policiers en armes ont lancé le soulèvement de la capitale. Elle transporte aux risques de sa vie du matériel sanitaire destiné à soigner les combattants. Mais une rencontre fortuite se produit. « À la porte de la préfecture, je tombe sur le colonel Rol, raconte Françoise Leclerq1 (1). Il me donne le mot de passe pour descendre dans les catacombes sous le lion de Belfort. » C’est là, à 26 mètres sous terre, que le chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) Île-de-France a installé son nouveau PC ; c’est là que Françoise Leclercq devient son agente de liaison jusqu’à la Libération. Ils se connaissent depuis 1942, année où la grande bourgeoise et fervente catholique s’engage dans la Résistance aux côtés des communistes.

Rien ne l’y destinait, mais Françoise Leclercq a fait mentir le sort que lui réservaient sa classe sociale et son éducation religieuse. Née en 1908 dans une riche famille du Nord, elle est placée en pensionnat au couvent des Dames Bernardines. Mariée à l’âge de 19 ans à un industriel fortuné, elle commet après vingt années de vie commune un acte quasi révolutionnaire pour son milieu : elle demande le divorce et s’installe à Paris avec ses quatre enfants. En cette année de 1938, Françoise Leclercq ne manque de rien, elle vit dans un appartement cossu, rue de Montpensier, dans le très chic quartier du Palais Royal. Mais elle a conscience de la menace de la guerre et décide de passer le diplôme de la Croix-Rouge. Lorsque le conflit éclate, elle apprend à conduire des camions pour ravitailler les camps de prisonniers. Puis quand Pétain signe l’armistice avec Hitler et que les premières lois antisémites sont promulguées, elle affiche avec audace son engagement aux côtés des juifs : « J’ai décidé de porter moi aussi une étoile jaune. J’ai fait fondre pour cela mes médailles de baptême et de communiante, et j’ai demandé à l’orfèvre Cartier de se charger de ce travail. »

Décorée de la croix de guerre pour ses actes de courage

Françoise Leclercq tombe malade et choisit sciemment un médecin juif pour la soigner : le grand professeur Raymond Leibovici. Cette rencontre sera déterminante. Au cours d’un examen, elle lui glisse un message : « Ma maison est la vôtre et celle de vos amis. » Le médecin juif est aussi communiste, ce qu’elle ignore, et il la prend au mot. Bientôt l’appartement de Françoise Leclercq devient le refuge et le lieu de réunions des combattants Francs-Tireurs et Partisans (FTP). « Il nous fallait tout de même faire très attention car, au-dessus de chez moi habitaient les propriétaires de chez Maxim’s et on voyait des Allemands en uniformes qui parfois se trompaient d’étage et sonnaient à ma porte », se remémorera-t-elle plus tard.

Durant les jours de la Libération, au plus fort des combats contre les Allemands, Françoise Leclercq assurera le service de liaison entre le chef des FFI et le comité d’action militaire. Elle sillonne Paris, les sacoches de son vélo pleines de tracts et d’affiches que ses enfants colleront sur les murs de la capitale. Au sortir de la guerre, elle devient conseillère municipale communiste de Paris dans le 18e arrondissement et dirigeante de l’UFF. Elle est décorée de la croix de guerre pour ses actes de courage. Par la suite, Françoise Leclercq sera de tous les combats féministes et siégera au Mouvement pour la paix aux côtés d’Aimé Césaire et de Pablo Neruda. Jusque dans les années 1970, elle restera une compagne de route des communistes et fidèle à ses valeurs jusqu’à sa mort.

  1. Écrits de Françoise Leclercq, collectés par sa petite-fille Irène Danon et cités dans Marie-Claude Vaillant-Couturier, Petit Cahier, numéro 21, octobre 2014, Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah – Amicale d’Auschwitz. ↩︎
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