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19 août 2024 1 19 /08 /août /2024 07:52
Après la guerre, devenu élu local, Pierre Ouzoulias consacre son énergie à rendre hommage à ses camarades clandestins. © CSH / Mémoires d'Humanité / Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

Après la guerre, devenu élu local, Pierre Ouzoulias consacre son énergie à rendre hommage à ses camarades clandestins. © CSH / Mémoires d'Humanité / Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

Le militant communiste et prisonnier de guerre s’évade pour rejoindre la Résistance. Le « colonel André », à la tête des Francs-Tireurs et Partisans (FTP) parisiens, participe à l’insurrection d’août 1944.

« En avant Paris ! Sus aux Boches ! Pas de quartier jusqu’à la victoire ! » Ces mots couvrent les murs de la région parisienne ; ils annoncent l’insurrection à venir. Nous sommes le 10 août 1944. Les Alliés approchent, les cheminots amorcent une grève générale. Un homme a supervisé le placardage des milliers d’affiches qui tapissent les façades d’immeubles, Albert Ouzoulias, responsable des Francs-Tireurs et Partisans français (FTPF). « Dans une vie de militant, j’ai rédigé beaucoup d’affiches ; aucune n’eut un tel succès », s’amusait-il au soir de sa vie.

Après le Débarquement, Albert se voit confier le commandement des FTPF de toute la région parisienne. Il est le « colonel André », en liaison avec Henri Rol-Tanguy, commandant parisien des Forces françaises de l’intérieur (FFI). À partir du 19 août, il coordonne les opérations pour la libération de Paris depuis l’appartement de sa dactylographe, Alba Matta, avenue de Saint-Mandé. Tout à la fièvre du moment, il ne dort que trois heures par nuit, ne mange presque plus, s’adonne corps et âme à sa tâche. « Surtout, n’ayez pas le sentiment que les résistants furent des êtres exceptionnels », relativisait-il dans son livre les Bataillons de la jeunesse, à destination de la génération contestataire des années 1960.

Il embrasse l’élan du Front populaire

Né en 1915 dans une famille de sabotiers, il n’a jamais connu son père, gazé dans les tranchées de la Grande Guerre, près de Belfort. Pupille de la nation, il éprouve la discipline du pensionnat. Son premier emploi est trouvé au tri postal de la gare de Bourg-en-Bresse. À 17 ans, il adhère à la CGTU, rejoint le PCF, devient délégué national des Jeunesses communistes. Licencié pour des motifs politiques, il est surveillé de près par la Sûreté nationale et s’initie à la vie clandestine.

« Fils de tué de la guerre de 1914-1918, j’ai eu, dès ma plus tendre enfance, la haine de la guerre. » Lecteur de Romain Rolland, il rejoint Paris pour animer le comité Amsterdam-Pleyel. Dans les petites usines des montagnes du Bugey, dans son Ain natal, il embrasse l’élan du Front populaire. Mais Albert est rattrapé par les événements et mobilisé dans la « drôle de guerre ». Il vient seulement de rencontrer Cécile Romagnon, ouvrière du textile et militante dans l’Aube. Il l’épousera au cours d’une permission spéciale.

Il est fait prisonnier : direction l’Autriche. Au stalag, une première tentative d’évasion lui vaut d’être placé à l’isolement. Il lui faut un an pour déjouer pour de bon la surveillance des gardes, avec l’aide des communistes du camp. « La libération de nos villes, de notre pays, fut avant tout leur œuvre, celle de la population laborieuse unie aux autres nations alliées », saluait-il. Arrivé en France, il trouve la maison des Romagnon vide : Cécile est entrée dans la clandestinité, en laissant leur premier fils, Maurice, chez sa belle-mère. Son père ne fera sa connaissance qu’un an plus tard.

« L’internationalisme était, à ce moment, de tuer le plus grand nombre de nazis possible »

À son retour dans Paris occupé, rendez-vous lui est donné par Danielle Casanova, dans l’atmosphère feutrée de la Closerie des Lilas. Elle lui propose de diriger les Bataillons de la jeunesse, branche combattante des JC. Albert sera désormais « Marc » avant de devenir le « colonel André ». Son acolyte : Pierre Georges, alias « Fredo », le futur colonel Fabien. Été 1941 : le jeune Ouzoulias organise des entraînements rudimentaires à l’abri des regards, au bois de Lardy (Seine-et-Oise). Le 21 août, sur le quai du métro « Barbès », Pierre Georges abat l’aspirant Moser. Hésitation morale d’Albert : « Les camarades se refusaient à exécuter un soldat allemand qui pouvait être un camarade de Hambourg, un ouvrier de Berlin. » Mais, poursuit-il avec aplomb : « L’internationalisme était, à ce moment, de tuer le plus grand nombre de nazis possible. »

Malgré le danger, il voyage un peu partout en zone occupée pour superviser le recrutement des combattants : Rouen, Rennes, Angers, Nantes, Le Havre. Il s’installe dans une petite chambre de la rue de Varize, dans le 16e arrondissement parisien, se fait passer pour un représentant de commerce. Il connaîtra 23 domiciles, tous plus ou moins clandestins.

Responsable des opérations au sein des FTPF, il côtoie Charles Tillon, Eugène Hénaff, René Camphin. Il fait entrer dans les FTP son épouse, agente de liaison, pour pouvoir vivre avec elle. L’angoisse les tenaille : par deux fois, Albert manque d’être abattu par la police française. Cécile apprend l’arrestation de deux de ses frères et l’exécution de son père. Sous un faux nom, elle est même arrêtée lors d’un contrôle d’identité : emprisonnée à la Roquette, elle en est exfiltrée in extremis. Peu après, elle accouche de son deuxième enfant, déclaré sous une fausse identité.

Albert n’aura jamais vraiment quitté la Résistance, « l’ouvrier, le cheminot, le cultivateur, le professeur, le libraire du quartier, l’étudiant, le galibot ou le valet de ferme », compagnons d’armes, de route, de métier, pour certains disparus. Après la guerre, devenu élu local, il consacre son énergie à rendre hommage à ses camarades clandestins. Il a toujours répété qu’il devait la vie à Missak Manouchian et à Joseph Epstein, restés muets sous la torture.

Lire aussi sur le Chiffon Rouge:

http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2016/06/les-communistes-francais-dans-la-resistance-avant-l-invasion-de-l-urss-en-juin-1941-relisons-albert-ouzoulias-et-ses-bataillons-de-l

C'est ce que nous rappelle Albert Ouzoulias, lui-même ancien responsable des "Bataillons de la Jeunesse" et de la Résistance Communiste armée, compagnon du colonel Fabien, dans "Les bataillons de la jeunesse" (éditions sociales, 1967).

"Que pense la population en général (aux premiers temps de l'occupation)? Il faut dire la vérité. En juillet 1940, beaucoup de Français ont accueilli l'armistice avec soulagement et à leurs yeux Pétain apparaît comme "le sauveur". Les communistes pour beaucoup sont des "gêneurs" qui risquent "de nous faire avoir des histoires avec l'occupant". C'est dans ces conditions que le Parti communiste reprend contact avec les masses parisiennes.

Le Parti communiste français essaye de combiner le travail légal et illégal. Que dans cette reprise de contact avec les masses, des erreurs aient été commises c'est sans doute certain, mais le pire à cette époque comme pendant toute l'occupation aurait été "d'attendre" et ce reproche ne peut s'adresser aux communistes.

D'ailleurs, dès juillet 1940, les occupants et la préfecture de police ne s'y trompent pas, il suffit de relire leurs rapports. Les seules mesures de répression prises en ces premiers mois d'occupation le sont contre les communistes.

Sous la direction de Jean Catelas, des camarades comme Jean Baillet, André Bréchet, Jean Chaumeil, Maucherat, Savenau, Le Morillon, sont parmi les premiers à remettre en place l'organisation du Parti communiste dans la région parisienne.

En juillet, la région Est (banlieue Est de la Seine et de la Seine-et-Oise) compte environ cinquante adhérents regroupés dans des petits groupes agissant clandestinement.

En septembre, ils sont mille. Il y a 300 arrestations environ. Mais en octobre, grâce au recrutement de nouvelles forces, ils sont encore un millier. En octobre, 300 autres communistes de la région parisiennes sont arrêtés...

Des hommes n'ayant jamais appartenu à aucun parti recherchent la seule grande organisation de résistance existant et adhèrent au Parti communiste.

En dehors du Parti communiste à Paris, il y a encore peu d'organisation de résistance.

Le 15 décembre 1940, quelques savants du musée de l'Homme organisent un groupe de résistance limité à quelques intellectuels et agents du personnel du musée.

Ripoche crée "Ceux de la Résistance" qui fusionneront avec le groupe "Vengeance".

De petites feuilles, autour desquelles se regroupent quelques résistants (feuilles tirant à l'époque à quelques centaines d'exemplaires) comme Pantagruel, Valmy , Défense de la France, commencent à paraître à la fin de l'année 1940. En septembre 1940, Arthuys publie La lettre aux Français, elle est ronéotypée à quelques centaines d'exemplaires et donnera naissance à l'O.C.M (Organisation civile et militaire).

Des socialistes comme Christian Pineau et l'écrivain Jean Texier, des syndicalistes comme Neumeyer et Lacoste, de la Fédération des fonctionnaires, vont créer Libération Nord (fin 1940-début 1941).

Mais la seule organisation illégale ayant des racines à Paris comme dans la plupart des grandes villes de banlieue et bientôt dans tous les départements, c'est le Parti communiste français. Il aide à créer des organisations syndicales illégales, telles les "Comités populaires".

Le Parti communiste et les "Comités populaires" interviennent dans les entreprises et dans les syndicats légaux contre les créatures de Vichy, organisent la solidarité, la lutte pour les revendications et un meilleur ravitaillement? Chacun de ces mouvements, manifestations, délégations, ayant pour base les revendications immédiates, prend de plus en plus l'aspect d'une lutte contre l'occupant et Vichy.

C'est ainsi que dans les premiers mois de l'occupation, on recense les grèves dans la région parisienne: métallos de chez Farman à Boulogne, chez Bardet dans le XVIIIe, à Argenteuil... En mars 1941, c'est le tour des ouvriers du bâtiment. Ce sont les comités populaires clandestins qui sont à l'origine de ces mouvements.

Les femmes communistes organisent des manifestations pour un meilleur ravitaillement à Paris, à Bezons, Argenteuil, et dans de nombreuses villes de la banlieue.

Le 7 avril 1941, 3000 femmes de l'usine "Le Raffia" à Issy-les-Moulineaux, usine travaillant pour l'armée allemande et fabriquant des filets de camouflage pour les canons, se mettent en grève et manifestent jusqu'à Montrouge. La police française intervient: 17 femmes sont arrêtées et livrées aux Allemands. Un groupe de l'O.S tente d'incendier l'usine, n'occasionnant que de faibles dégâts.

En Seine-et-Oise, les directions fédérales du Parti communiste, comme dans les autres départements, font récupérer les armes abandonnées, nécessaires à la lutte armée de demain, quand elle deviendra possible...

Des tracts du Parti Communiste, et des éditions clandestines de l'Humanité sont distribués, des fils téléphoniques de l'armée allemande cisaillés.

Dans une affiche datée du 23 août 1940, le préfet de Seine-et-Oise, Marc Chevalier, se plaint en ces termes de l'activité des communistes:

"Habitants de Seine-et-Oise,

(...) Je donne un premier avertissement aux fauteurs de trouble qui... poursuivent leur campagne de haine et d'agitation par des tracts et des affiches anonymes... Les manifestations de cet ordre, dès qu'elles seront découvertes dans une commune de Seine-et-Oise, entraîneront, à titre de sanction, l'internement administratif des principaux militants communistes résidant dans la commune. Des actes de sabotage continuent à s'exercer contre le matériel des armées d'occupation. Je ne saurais assez blâmer ces tentatives aussi lâches que stupides... Celui qui se livre à ces gestes criminels est un mauvais citoyen...

Vous ne servirez utilement votre pays, tout en gagnant l'estime des autorités d'occupation avec lesquelles je collabore en toute loyauté pour la défense de vos intérêts, que par votre attitude correcte, disciplinée, digne de la réputation et des traditions françaises".

Dès l'été 1940, la Jeunesse Communiste se réorganise en zone occupée avec des camarades comme Danielle Casanova, André Le Roy, Camille Baynac, Madeleine Vincent, Henriette Schmitt, Lucien Dorland (responsable de l'Avant-Garde), et parmi les étudiants, Francis Cohen, François Lescure, Suzanne Dijan, Claude Lalet, Bernard Kirschen (Bob).

Guy Moquêt, responsable des Jeunesses Communistes du XVIIe, est arrêté le 13 octobre 1940 à la gare de l'est alors qu'il avait pendant des semaines collé des papillons patriotiques et distribué des tracts dans le XVIIe. Emprisonné à Fresnes puis à Clairvaux, et Châteaubriant où il restera 8 mois, il sera fusillé le 22 octobre 1941.

Le 11 novembre 1940, les lycéens et étudiants communistes parisiens vont frapper un grand coup à l'Etoile, se dirigeant vers les Champs Elysées pour rejoindre des anciens combattants.

Dès juillet-août 1940, ils reconstituaient leur organisation en Sorbonne et faisaient paraître le journal communiste étudiant clandestin et de résistance La Relève , sous l'animation de Francis Cohen, François Lescure, Suzanne Dijan. A l'été 1940, ces étudiants communistes, menés par Christian Rizo et Tony Bloncourt, jettent des tracts avec l'appel de Maurice Thorez et Jacques Duclos contre Vichy dans l'amphi de la Sorbonne, ils manifestent contre un professeur tenant des propos antisémites en étalant des œufs frais sur son tableau. Ils perturbent les cours des étudiants collaborateurs. Fin octobre 1940, le professeur Paul Langevin, libre-penseur, est arrêté, et les étudiants communistes organisent des manifestations et des distributions de tracts en sa faveur. La "marseillaise" déjà est chantée par des jeunes.

Le 11 novembre, l'UNEF, les lycéens et étudiants communistes organisent par des diffusions de papillons, d'affiches et de tracts un regroupement des lycéens et étudiants pour une cérémonie patriotique aux Champs-Elysées. Des arrestations ont lieu, des jeunes sont blessés grièvement par les soldats allemands, à qui la police française prête la main.

Les journaux de la "kollaboration" comme le Cri du Peuple du 22 novembre vitupèrent les responsables de la manifestation, "ces jeunes Juifs, ces jeunes socialo-communistes, ces jeunes pourris de la maçonnerie..." auxquels il ajoute les "Camelots du Roy".

19 jeunes communistes sont arrêtés le 20 novembre, dont des dirigeants de secteur comme Bernard Kirschen, Othman Ben Aleya, Claude Lalet. Francis Cohen écrit à propos de la journée patriotique et anti-allemande de la jeunesse parisienne du 11 novembre 1940:

"Le fait est que.. la seule force politique organisée qui soit intervenue alors était constituée par les communistes. Mais une grande quantité d'individus et de groupes de tendances démocratiques ou patriotiques diverses se sont mis en mouvement. C'est cette rencontre qui devait être le sens de la Résistance française et la signification historique du 11 novembre 1940".

" Dans le XVIIIe, c'est Jacques Grinbaum, vingt ans, des H.B.M du boulevard Ney qui reconstitue l'organisation locale clandestine de la jeunesse Communiste. Il se procure une ronéo, commence à tirer les premiers tracts.

Avec Jacques parmi les premiers jeunes communistes, il y a en 1940, Odile Arrighi, Nicolas Berger, Georges Tondelier, Léone Bourgineau, Marie-Rose Cullet, Bernard Pickewitz, Rosine Radzinski...

Une nuit de juillet 1940, avec ses camarades, Jacques va écrire au minium sur les bassins qui entourent le Sacré-Coeur ces trois mots d'ordre: "A bas l'occupant", "Vive l'URSS", "Vive la France" .

Jacques Grinbaum sera fusillé avec Gabriel Péri et quatre-vingt douze autres camarades, au mont Valérien, le 15 décembre 1941. Dans sa dernière lettre, il écrit à sa maman:

"Parmi toutes les mères, tu as été une mère exceptionnelle parce qu'avec papa tu as fait de moi ce que je suis... Des années heureuses viennent, je le sens. Dans son post-scriptum, il ajoute: Trois heures quinze du matin! Bientôt l'exécution. Je suis calme et j'attends. Une force me soutient et je tiens! J'espère que vous tiendrez, promettez-le moi au delà de la mort"..."

"Dans le XIe, Jean Capievic, Gilbert Brustlein, Jean Bozon, Liliane Levy, Henri et Maurice Chevit, Bernard Zalkinov, Acher Semhaya et sa sœur, reconstituent les cercles des Jeunesses communistes. Ils partent le dimanche, sac au dos dans les belles régions de l'Ile de France, y préparent les tracts clandestins qui vont apparaître dans le XIe, seront les premiers à distribuer en juillet 1940 l'appel de Maurice Thorez et Jacques Duclos, dans le XIIe, au marché d'Alligre".

A Saint Denis

En banlieue, les jeunes des H.L.M et de toutes les grandes cités populaires ne baissent pas la tête face à l'occupant. A Saint Denis où sévit le traître Doriot, dès juillet 1940, des jeunes communistes dionysiens sont arrêtés dans le quartier de la mutualité pour distribution de tracts antinazis. En août des affiches manuscrites antiallemandes sont collées durant la nuit en divers endroits de la ville notamment à la gendarmerie, à la légion d'honneur et à la mairie.

Le 2 septembre, cinq jeunes communistes, dont le dirigeant est Fernand Devaux ainsi que René Lambolley, sont arrêtés en distribuant des tracts rue des Ursulines (René Lambolley mourra à Auschwitz).

A la plaine, dès juillet 1940, sous la direction de Brazzini, un groupe très actif des Jeunesses Communistes se reconstitue. Ils sont une vingtaine dans le cercle de La Plaine qui dès 1940 vont organiser la résistance. Six seront fusillés par les nazis en 1942: Lucas Fernandez, Emile Chrétien, Ferrec, Marcos, Pérez et Toupin.

Quatre sont morts dans les camps de concentration: Louis Rivero, Riancho, Bacna et une jeune fille Eléonore Rubiano. Sept sont revenus de déportation; Angèle Koulikoff, Manuel Torrès, Granja, Marcel Martin, Jean Simon, Febrero et Zoilo.

Parmi eux, Benito Sacristan, dit Manuel, échappé aux rafles de 1940 et de septembre 1941, fera partie des premiers groupes franc-tireurs de la Jeunesse communiste (Les Bataillons de la jeunesse); arrêté en juillet 1942, il sera fusillé le 11 août 1942, sans qu'il est dénoncé un seul de ses camarades malgré les plus affreuses tortures infligées par les nazis. Il avait 21 ans.

La répression de 1940

En novembre 1940, la Jeunesse communiste organise dans toutes les mairies de Paris et de la banlieue le dépôt des pétitions et des cahiers de revendication des jeunes démobilisés. Des milliers de jeunes seront touchés par cette campagne.

Jean Calma, membre du Comité Central des Jeunesses Communistes, est à la tête de plusieurs centaines de jeunes de la banlieue Est dont il est le responsable; ils portent les "cahiers" des démobilisés. J. Calma est arrêté ce jour-là. Jeune étudiant en médecine, aux traits si fins, si beau au physique comme au moral, un des espoirs de la Jeunesse communiste, il sera enfermé dans une cellule, torturé jusqu'à ce qu'il perde la raison et ensuite fusillé par les nazis.

C'est grâce au courage de ces pionniers de la Résistance que dans Paris et sa banlieue, comme en Seine-et-Oise, les actions se développent.

Les rapports hebdomadaires de la Gestapo sont significatifs. Celui du 30 septembre 1940 s'exprime ainsi:

"Pour mettre un terme à tout nouvel accroissement de la propagande communiste à Paris, la police parisienne appliquera des mesures préventives qui consistent à arrêter et interner dans un camp tous les dirigeants et militants communistes actifs connus à Paris".

Le bulletin municipal officiel de la Ville de Paris du 21 octobre 1940 publie un arrêté du préfet de police Langeron:

"Toutes découvertes de tracts clandestins sur le territoire d'une commune de la Seine entraînera l'internement administratif d'un ou de plusieurs communistes notoires connus résidant sur le territoire de cette commune".

Des affiches analogues seront placardées dans la Nièvre, en Bretagne et dans des dizaines de départements. Le journal "kollaborateur" Le Matin donne le 14 novembre 1940 l'information suivante:

"La police parisienne collabore loyalement avec l'autorité d'occupation. Elle s'est dressée contre la propagande communiste qui essayait d'exploiter les difficultés de l'heure. Elle a arrêté en quelques semaines 871 "meneurs".

Le traître Marcel Déat s'en prend dans son éditorial du 6 novembre 1940 dans l'Oeuvre à la propagande communiste, il écrit:

"Nos communistes sont redevenus nationalistes. Leurs tracts clandestins ont des conclusions entièrement parallèles aux propos gaullistes. Il n'est question que de libération et de l'indépendance de la France et que l'on nous assure que seul le communisme lui restituera sa pleine souveraineté".

Le rapport de la Gestapo, transmis à Berlin en janvier 1941, reprend le thème de l'article de Marcel Déat et ajoute:

"Le Parti communiste affirme son intention de tendre la main à chaque Français ayant conservé le sens de l'honneur et à qui l'intérêt national tient à coeur".

Les premiers frappés: les communistes et les juifs

Aujourd'hui encore, certains qui n'étaient pas dans la Résistance en 1940, ou d'autres tout simplement parce qu'ils n'y ont jamais été, accusent les communistes de n'y être entrés qu'après l'attaque d'Hitler contre l'U.R.S.S le 22 juin 1941.

Pourtant Joseph Kessel dans l'Armée des ombres (1943) reconnaît l'engagement précoce des communistes dans la résistance.

La lutte des communistes pour réaliser l'union de tous les patriotes, de tous les résistants, ne cessera pas de 1940 à 1944 et le Comité central l'exprimera avec force le 15 mai 1941 dans son appel à la création d'un "Front national de lutte pour l'indépendance de la France":

"Guidé par le souci exclusif de réaliser l'union de la nation pour la cause sacrée entre toutes de l'indépendance nationale, le Parti Communiste français, mettant au-dessus de tout l'intérêt du pays, déclare solennellement qu'en vue d'aboutir à la création d'un large front de libération nationale, il est prêt à soutenir tout gouvernement français, toute organisation et tous les hommes dont les efforts seront orientés dans le sens d'une lutte véritable contre l'oppression nationale subie par la France et contre les traîtres au service de l'envahisseur".

Ce même 15 mai 1941, 5000 juifs sont envoyés en camps de concentration.

La belle presse de la collaboration, Paris-Soir, avec ses journalistes traîtres ayant pignon sur rue, commente le départ de la gare d'Austerlitz de ces "Israélites": "Cinq mille Juifs sont partis, cinq mille Juifs étrangers ont couché leur première nuit dans un camp de concentration. Cinq mille parasites de moins dans le grand Paris qui en avait contracté une maladie mortelle. La première ponction est faite, d'autres suivront".

Dès la fin 1940 et le début 1941, Gabriel Péri et Georges Politzer rédigent des textes polémiques brillants qui portent le fer contre l'antisémitisme, les idées nazies et de collaboration.

En mars 1941, la direction du PCF considère que l'objectif de libération nationale est prioritaire même par rapport à la révolution sociale et au combat de classe, comme aux divergences idéologiques.

"Le premier objectif de notre peuple, c'est la libération nationale... Les communistes s'adressent à TOUS les Français qui placent avant toute autre préoccupation la libération nationale de notre peuple, et qui sont décidés à lutter effectivement pour ce but. Nous appelons à l'union et l'action les travailleurs socialistes et radicaux qui ont lutté avec nous dans le passé pour faire triompher le Front populaire, trahi par leurs chefs. Nous appelons à l'union et à l'action les travailleurs catholiques, éloignés de l'esprit rétrograde et de soumission au Capital des princes et de l'Eglise. Nous appelons à l'union et à l'action les travailleurs égarés jusqu'alors derrière les partis de réaction et les groupements dits "nationaux", traîtres à la nation" (Maurice Thorez, Mars 1941, cité par Roger Martelli dans Communisme français: histoire sincère du PCF, 1920-1984)

Mais en réalité les deux combats vont se mener de front. En mai 1941, des dizaines de milliers de mineurs se mettent en grève dans le Nord et le Pas-de-Calais, mouvement prépaté par des militants clandestins qui débouche sur un puissant combat de portée nationale.

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