19 février 2024
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La dernière lettre de Célestino Alfonso, membre du groupe des 23 FTP MOI arrêtés et tués avec Manouchian, leur chef.
Prison de Fresnes (Seine) - 21 février 1944
Mes chers parents, sœurs et frère,
Ma chère femme et fils,
Aujourd'hui, à 3 heures, je serai fusillé. Je ne suis qu'un soldat qui meurt pour la France.
Je vous demande beaucoup de courage comme j'en ai moi-même: ma main ne tremble pas, je sais pourquoi je meurs et j'en suis très fier.
Ma vie a été un peu courte, mais j'espère que la vôtre sera plus longue.
Je ne regrette pas mon passé, si je pouvais revivre, je serais encore le premier.
Je voudrai que mon fils ait une belle instruction, à vous tous vous pourrez réussir.
Ma chère femme, tu vendras mes vêtements pour te faire un peu d'argent. Dans mon colis, tu trouveras 450 francs que j'avais en dépôt à Fresnes.
Mille baisers pour ma femme et mon fils.
Mille baisers pour tous.
Adieu à tous.
Célestino Alfonso
Célestino Alfonso. Il meurt à 28 ans.
Né en 1916 en Espagne, à Itumar Ozaba, il arrive en France dans les années 1930.
Ouvrier menuisier, il adhère à la Jeunesse communiste d'Ivry en 1934. Il devient responsable des Jeunes communistes à Ivry (Seine). En 1936, il fait partie des premiers engagés des Brigades Internationales partis combattre le fascisme en Espagne. Il arrive en Espagne le 27 août 1936, il combat comme mitrailleur, puis il est nommé capitaine et commissaire politique de la 2e Brigade internationale. A son retour en France, en février 1939, il est interné par les autorités comme de nombreux rescapés des Brigades Internationales, au camp de Saint Cyprien (Pyrénées Orientales), dont il s'évade. Il est mobilisé dans une compagnie de travailleurs étrangers.
Il est arrêté quelques mois après sa démobilisation le 17 janvier 1941, enfermé au quartier des tourelles, annexe de Fresnes. Il va semble t-il travailler en Allemagne et revient dès juillet 1941. Il est alors embauché dans différentes usines de la région parisienne et devient bientôt chef de groupe des FTP-MOI, sous la conduite de Boris Holban et Missak Manouchian. Il prend part à de nombreuses actions autour de Paris et d'Orléans. Il participe à des actions parmi lesquelles l'exécution en 1943 du colonel SS Julius Ritter, chef du STO. Il est arrêté le 17 novembre 1943 et jugé avec 22 camarades au cours d'un procès à grand spectacle au Mont Valérien. Sa photo est reproduite en médaillon sur l'Affiche Rouge que les nazis placardent sur les murs de France avec la légende "Alfonso - Espagnol rouge - 7 attentats ".
Source:
"La vie à en mourir. Lettre de fusillés (1941-1944)". Points Seuil. Lettres choisies et présentées par Guy Krivopissko. Introduction de François Marcot.
Published by Section du Parti communiste du Pays de Morlaix
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