Plus d’un million de contrats de travail saisonnier agricole sont signés par an. Face aux conditions de logement indignes, aux mauvais équipements de protection, à la faiblesse des rémunérations, le député communiste dépose une proposition de loi pour garantir leurs droits.
l est une partie du monde agricole dont on ne parle pas. « Ce sont les invisibles des temps modernes, les salariés agricoles, soit 1 200 000 personnes qui sont en dehors des radars », a rappelé mercredi à l’Assemblée nationale André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme. Le communiste est à l’origine d’une proposition de loi visant à « garantir aux travailleurs saisonniers agricoles des conditions de travail et d’accueil dignes ». Car il y a urgence.
« 80 % du salariat agricole est précaire », rappelle Julien Huck, secrétaire général de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière (Fnaf-CGT). À cela s’ajoutent de faibles rémunérations. « La quasi-totalité des salariés sont payés au Smic », souligne-t-il. Et le terme d’« invisibles » convient, puisque la statistique de « 17 % de smicards au niveau national n’intègre pas le salariat agricole ».
Une sous-traitance véreuse
Secrétaire général adjoint de l’intersyndicale CGT du Champagne, Philippe Cothenet témoigne des difficultés à faire régner le droit dans le secteur. « Nous faisons face à des filières mafieuses qui emploient des sans-papiers, des personnes venues d’Afrique, souligne-t-il. Tous les donneurs d’ordre ces dernières années se sont tournés vers des sociétés de prestataires » pour les fournir en main-d’œuvre.
À la suite du décès de cinq travailleurs cette année, l’inspection du travail a diligenté des enquêtes en nombre qui ont révélé que « 300 vendangeurs étaient mal logés, mal nourris ». Noël Sainzelle, syndicaliste CGT du département, abonde : « Les gens sont logés dans des bidonvilles. Ce n’est pas du logement sous tente, qui est interdit… mais des abris fabriqués avec des palettes et des bâches. »
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