Qui peut se satisfaire de voir son pays sombrer dans une crise politique autour de l’immigration ?
Comme si les Français n’en n’avaient déjà pas assez comme ça.
Comme s’il n’y avait pas une crise sociale grave, d’angoisses pour des millions de ménages, de travailleurs, de retraités, d’étudiants confrontés à l’inflation, au recul des services publics.
Comme s’il n’y avait pas de crise climatique à résoudre en urgence.
Quel désordre en France !
Le premier responsable reste aujourd’hui le premier élu : celui qui se moque éperdument de la vie parlementaire et choisit d’imposer à marche forcée des propositions très dures pour le pays et pour une majorité de Français.
Celui qui a décidé de courir derrière la droite extrême et l’extrême-droite sur le thème de l’immigration et laisse diffuser dans le pays les pires idées de haine et de division.
Ce président de la République porte une grosse responsabilité, tant sur la crise démocratique que sur l’état du pays.
Regardez comment il traite le Parlement : quand un texte de loi comme celui sur les retraites risque d’être battu à l’Assemblée, il l’impose par le 49-3. Et quand un texte est rejeté comme celui sur l’immigration, il décide de l’imposer quand même ! Et après, il faudrait s’étonner du fossé toujours plus grand entre les Français et les parlementaires, les politiques ? S’étonner d’un taux d’abstention toujours plus important aux élections ?
Avec vingt et un 49-3 au compteur, il a imposé la retraite à 64 ans et, ces dernières semaines, une loi de finances et un budget de la Sécurité sociale très régressifs, durs pour nos services publics, notamment ceux de la santé. Il n’y a rien, dans ces textes, pour améliorer la vie des Français, pour leur redonner du pouvoir d’achat, pour lutter contre les déserts médicaux ou redonner des moyens à l’école publique. Rien ou si peu pour investir massivement dans la transition écologique.
Mais le plus grave, c’est qu’au lieu de répondre à ces urgences, il fait le choix d’alimenter l’actualité sur le seul sujet de l’immigration et de la pire des manières.
Oui, ce sujet est important. Nous parlons de vies humaines, d’hommes, de femmes, d’enfants, mais aussi de notre pays, du travail, de l’égalité et de la fraternité républicaines et des relations que nous entretenons avec de nombreux peuples.
Au lieu d’élever le débat sur ces sujets, de rappeler la richesse de l’immigration dans la construction de notre pays, hier comme aujourd’hui, le président de la République fait le choix de s’aligner sur les thèses de l’extrême-droite française et européenne qui fait de l’immigré le nouveau paria de nos sociétés modernes. Le bouc émissaire pratique quand la crise sociale est là.
Il préfère alimenter les thèses de ceux qui craignent l’appel d’air plutôt que de traiter les causes de l’exil, supprimer l’AME plutôt que d’écouter les médecins unanimes, maintenir des travailleurs sans papier dans l’esclavage dans le seul but de continuer de tirer par le bas les conditions de travail des Français.
La responsabilité du président de la République et de son gouvernement est lourde. En faisant cela, il valide les thèses de l’extrême-droite. Il accepte de nourrir l’opinion publique française de ces thèmes et de les valider en allant toujours plus loin dans les propos qui tirent un trait d’égalité entre immigré, délinquance et terrorisme. Rarement en France, la parole s’est à ce point libérée, avec des idées clairement racistes, antisémites, racialisant les uns et les autres, prétendant honteusement que les uns menaceraient notre sécurité, et que les autres seraient des usuriers ayant la main mise sur l’économie.
Et tout passe. Comment s’étonner que les idées de l'extrême-droite progressent ? Le danger est là. Car l’expérience montre, en Europe notamment, qu’au moment du vote, les électeurs préfèrent toujours l’original à la copie. Nous ne voulons pas ça. Nous ferons tout pour construire un chemin progressiste, humain, républicain pour la France.
Car n’y a pas de fatalité. Et la gauche a une immense responsabilité pour ne pas laisser le terrain aux forces les plus réactionnaires.
Oui, la question de l’immigration doit être traitée, dans les débats avec les Français comme au Parlement. Et bien sur qu’il faut des règles concernant le droit d’asile, la délivrance des titres de séjour comme il faut des moyens pour organiser l’accueil et l’intégration pour mettre fin à la mafia des passeurs. Il faut organiser, aux frontières des voies légales et sécurisées. Mais travaillons aussi sur les causes de l’exil. Abordons la coopération avec les pays concernés, accueillons ces étudiants du monde entier pour continuer de faire connaître la France, sa culture, son économie et pour permettre à tous ces jeunes hommes et jeunes femmes d’être utiles à leur pays. Et ici, régularisons enfin celles et ceux qui travaillent avec des règles claires, inscrites dans la loi, pour leur donner les mêmes droits qu’aux travailleurs français. Protégeons l’Aide médicale d’Etat, traitons avec humanité et dignité ces femmes, ces enfants qui fuient la guerre, comme si demain c’étaient nos femmes, nos enfants qui se retrouvaient dans la même situation.
Traitons ces sujets, sans mettre de côté les questions de sécurité, de protection de tous nos concitoyens puisque ces préoccupations existent face à la réalité de l'insécurité. Mais ne confondons pas le sujet de l'immigration et celui de la sécurité ! Et sur ce sujet, je me suis bien souvent exprimé pour montrer que le PCF, au nom de la gauche, portait une vision tout à fait progressiste, laïque et républicaine de la sécurité publique, faisant de la lutte contre les trafics et le terrorisme, des priorités nationales au même titre que l’égalité républicaine pour tous nos territoires.
Parce que l'immigration doit faire l'objet d'une politique à la hauteur des enjeux, je continuerai de me battre pour avancer, changer la loi, construire des solutions avec des associations comme la Fédération des acteurs de la solidarité, ou encore avec des syndicats comme la CGT, avec la volonté d’obtenir des avancées concrètes. Je continuerai aussi d'échanger avec tous les députés qui ont affirmé vouloir porter auprès du gouvernement l'enjeu de la régularisation de plein droit des travailleurs et travailleuses papiers. Approfondissons le débat, allons au bout des enjeux car pour l'égalité des droits, l'égalité réelle, nous ne pouvons pas rester dans la situation actuelle.
Le gouvernement est plus que jamais face à ses responsabilités. Qu'il cesse sa dérive mortifère, de renforcer la division du monde du travail et d'alimenter le racisme en donnant la main à la droite et l'extrême-droite ! Il doit retirer son texte et ouvrir de réelles discussions, sereinement, avec toute la société.
L'heure est à remettre le travail au cœur de la société, en lui redonnant du sens, de l’ambition et surtout en permettant à chacun de s’émanciper, de vivre, aimer, voyager ! Le vivre ensemble, le travail pour tous, la République laïque et sociale, le bonheur reste pour une grande partie des Français d’une grande actualité !
Nous voulons une France réconciliée, n’opposant plus les Français en fonction de leur origine, de leur couleur de peau, de leur prénom, de leur quartier mais proposant à chacun de travailler au service d’une ambition collective, de l’intérêt général et ouvrant de grands chantiers, que ce soit sur le climat ou le grand âge.
Il y a tellement de défis à relever et du travail, des emplois de qualité à créer pour toutes et tous ! La jeunesse est exigeante et elle a raison, tendons-lui la main. Garantissons un bel avenir à nos enfants, en leur proposant de bâtir cette France des Jours Heureux, en mettant l’être humain et la planète au cœur de tous les choix.
Il n’y a pas que l’extrême-droite en France. Il y a aussi une majorité de femmes et d'hommes qui portent des solutions progressistes, humanistes, écologistes qui ont envie de travailler ensemble, dans leur diversité, de construire un nouveau front populaire, un front du monde du travail, pour la République sociale et démocratique.
Pour sortir d’une telle crise sociale et démocratique, pour rassembler le peuple, pour éradiquer le racisme, mettons le bonheur au pouvoir.
Fabien Roussel.
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