"Je crois qu’il faut se féliciter de la montée en force de la mobilisation en solidarité avec le peuple palestinien, pour un cessez-le-feu et la fin des massacres en Cisjordanie et à Gaza. Localement, les communistes sont très présents dans ces mobilisations depuis la mi-octobre. La semaine, dernière, samedi 11 novembre, il y avait encore 4000 manifestants en Bretagne pour dénoncer les crimes de l’État d’Israël à Gaza et en Cisjordanie et appeler à la fin de l’agression contre la population palestinienne qui vise à remettre en cause son droit à l’existence sous prétexte de vengeance d’un gouvernement israélien colonialiste, suprématiste, ultra-nationaliste et raciste. Nous y allons avec nos mots d’ordre pour la paix juste et durable entre deux peuples qui ont chacun le droit à l’existence et bien sûr avec une condamnation parallèle des crimes barbares du Hamas du 7 octobre, que nous avons raison de qualifier de terroristes. Depuis le 7 octobre, les Gazaoui vivent un enfer : la politique de terreur d’Israël a causé à Gaza 15 000 morts, dont 4700 enfants, et 30 000 blessés. Parallèlement, 200 palestiniens de Cisjordanie ont été tués par l’armée israélienne ou par des colons. Ces derniers profitent du climat de vengeance – et la vengeance fait partie de l’ADN de l’armée, et aussi de la société israélienne depuis 1948, avec une application curieuse de la loi du talion, qui fait qu’on l’on rend les coups au centuple – pour terroriser les Palestiniens, accélérer le nettoyage ethnique de la Cisjordanie, notamment visant les communautés de Bédouins, viser les camps de réfugiés et la jeunesse, et poursuivre et accélérer la mise en œuvre de leur projet colonial. A Gaza, ce sont des frappes répétées contre les hôpitaux palestiniens, des ambulances, des églises, et certaines parmi les plus vieilles du monde, contre des immeubles où vivent des dizaines de familles. La mobilisation pour dénoncer ces massacres est très forte et impressionnante dans le monde, à Londres, à New-York, au Chili, et bien sûr dans tous les pays arabes et plus généralement tous les pays pour qui la lutte contre l’impérialisme et le colonialisme résonne dans les peuples du fait de leur histoire. Car, il ne faut pas s’y tromper, le conflit entre Israël et les Palestiniens, avec leurs alliés respectifs, n’est pas un conflit religieux – il y a des Palestiniens musulmans, chrétiens, athées. C’est un conflit colonial et de décolonisation, sur fond de lutte contre l’impérialisme, Israël étant dès le départ un agent et un produit de l’impérialisme américain dans la région, avec ses alliés. Il n’y a qu’en France et en Allemagne que l’on cherche à interdire et réprimer les manifestations de solidarité avec les palestiniens, pour l’application du droit international et le cessez-le-feu, en jetant un soupçon sur cette solidarité, l’assimilant à de l’antisionisme radical, de l’antisémitisme, ou une complicité avec le Hamas. On a des justifications d’arrêtés d’interdiction préfectoraux hallucinantes, allant bien au-delà de la volonté de préserver l’ordre public, des verbalisations en série de manifestants, et même des arrestations de militants pour la Palestine, comme une grand-mère de 80 ans à Nîmes. Cela n’a pas découragé le mouvement de solidarité qui est resté fort malgré ce climat d’intimidation politique et médiatique mais cela interroge sur notre démocratie et le respect des droits démocratiques élémentaires, comme la liberté de manifestation. Je crois qu’il faut se féliciter que notre journal, L’Humanité, soit dans ces circonstances tragiques un outil important d’information et d’analyse, et de prises de position engagées contre le colonialisme, sur ce qui se passe en Palestine et en Israël, donnant par exemple la parole à Charles Enderlin qui a prouvé que le pouvoir du Hamas à Gaza était un produit de la droite colonialiste israélienne : « c’est une décision stratégique du pouvoir israélien de laisser Gaza au Hamas ». Ou à l’historien Henry Laurens qui nous rappelle que l’étendard du combat contre le terrorisme réunit aussi bien Poutine, Bachar-al-Assad, Bush et Netanyahou, que c’est parfois une manière de délégitimer le combat des faibles contre les forts, des opprimés contre des États oppresseurs, et qu’« une occupation pacifique et démocratique, ça n’existe pas ».
Dans ce moment terrible que traverse le peuple palestinien et qui met en péril la coexistence des deux peuples pour l’avenir, il faut que les communistes soient pleinement engagés dans la continuité de leur histoire pour le droit international, la lutte contre la colonisation et pour le droit à l’existence des Palestiniens. La lutte contre le colonialisme et l’impérialisme font partie de notre histoire depuis la révolution bolchevique de 1917. Nous devons continuer à appuyer sur le mot d’ordre de la solidarité internationale face l’apartheid qui frappent les palestiniens, que vivent aussi bien les Palestiniens d’Israël, de Cisjordanie, et de Gaza, et qu’ont cherché à faire reconnaître nos parlementaires. La campagne BDS est un moyen de lutte internationale des sociétés pour faire cesser cet apartheid, tel qu’il a pu être appliquer contre le régime d’apartheid en Afrique du sud et pour la libération des prisonniers politiques dont Mandela. A ce titre, je voudrais finir mon intervention en rappelant la tenue de la Fête de l’Humanité Bretagne, organisé par les communistes morbihannais et bretons à Lanester (Morbihan) les 25 et 26 novembre, une fête aux couleurs de la solidarité avec le peuple palestinien et avec un temps fort autour de la venue de Salah Hamouri, accompagné de Anne Tuaillon, vice-présidente de France Palestine, de Qussam Mouaddi, journaliste palestinien. Nul doute que cette fête de l’Humanité Bretagne sera un moment pour faire résonner la solidarité avec le peuple palestinien dans l’une des périodes les plus tragiques de son histoire."
Intervention d'Ismaël Dupont le samedi 18 novembre au Conseil National du PCF sur la loi immigration, l'après-midi, après la manifestation de solidarité avec Gaza et le peuple palestinien, pour un cessez-le-feu immédiat et une paix juste et durable:
"Fabien Roussel a parlé dans son discours introductif de la brutalité de la loi immigration modifiée et aggravée au Sénat, et des débats qui l’ont accompagnés. Je voudrais revenir sur cette loi et les débats honteux et discours médiatiques qui ont accompagné son examen faisant la part belle aux thématiques xénophobes, avec la complicité du gouvernement et du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin qui a lui même défendu l’urgence d’une loi sur l’immigration en faisant des liens entre immigration, islamisme, attentats terroristes, délinquance, modification de la composition démographique de la société.
En quelque sorte, sur cette séquence, la droite parlementaire et le gouvernement ont traduit dans les actes et donné une valeur officielle et une respectabilité au discours que portait Jean-Marie Le Pen et le Front National depuis la fin des années 70 et le début des années 80.
L’extrême-droite en rêvait, la droite au Sénat l’a fait.
C’est la trentième loi sur l’immigration depuis 1980 et une nouvelle escalade dans la remise en cause du droit d’asile, du respect des droits de l’homme, et une nouvelle étape de normalisation de l’idéologie xénophobe de l’extrême-droite. Nos parlementaires, Fabien Gay, Ian Brossat, Pascal Savoldelli notamment, l’ont bien montré dans leurs interventions contre le projet de loi du gouvernement et les amendements indignes proposés par la droite sénatoriale.
Si la loi votée par le Sénat devait rester inchangée pour l’essentiel à l’issue de son examen à l’Assemblée, ce serait extrêmement grave pour les conditions de vie des exilé.e.s en France, et les conditions de travail des associations qui travaillent avec les demandeurs d’asile, les mineurs isolés, les travailleurs sans papiers, et qui cherchent à faire reconnaître leurs droits dans un contexte qui est déjà à l’heure actuel très compliqué pour elles.
Jugez plutôt… La loi avec ses amendements votés au Sénat, prévoit :
- la suppression de l’AME, l’Aide Médicale d’État au nom d’un « prétendu appel d’air » et d’une lutte contre le « tourisme médical » alors qu’on sait que beaucoup de Français vont aussi faire des soins moins chers ou plus accessibles à l’étranger et que c’est rarement de toute façon la motivation principale de l’exil. Des milliers de médecins s’élèvent contre cette remise en cause du caractère inconditionnel de la prise en charge médical et s’engagent à désobéir à cette mesure.
- de nouvelles restrictions au regroupement familial, à la possibilité de vivre en famille quand on est étranger.
- une nouvelle étape de la remise en cause du droit du sol. L’octroi de la nationalité française ne serait plus automatique quand on est né en France et qu’on y a vécu toute son enfance, au moment de la majorité.
- des empêchements pour les étudiants étrangers de venir étudier en France avec sans doute une sélection des plus riches, les étudiants devant déposer une caution couvrant les « frais d’éloignement » en cas de séjour prolongé irrégulier. Et cela ,alors même que l’accueil des étudiants étrangers est aussi un enrichissement et un moyen de rayonnement culturel, politique et économique pour la France, comme pour d’autres pays qui ne posent pas de telles barrières.
- la complication de l’accès à la nationalité : quand on est marié à un français ou à une française, il faudrait désormais attendre 10 ans et non plus 5 an pour pouvoir faire une demande de nationalité française.
- de nouveaux moyens de contrôle et de suspicion de la « sincérité » de mariages de français avec des étrangers.
- la remise en cause, à l’encontre des quelques avancées que contient le projet gouvernement initial, de la régularisation des travailleurs sans papiers, de la régularisation par le travail, y compris dans les métiers en tension.
- le rétablissement du délit de séjour irrégulier entraînant un délai d’années important avant de pouvoir faire une demande pour vivre légalement en France et être régularisé.
- l’exclusion officielle – c’était déjà ce qui se passait dans les faits – des dispositifs d’hébergement d’urgence des étrangers faisant l’objet d’OQTF (obligation de quitter le territoire française)
- l’exclusion pour des étrangers n’étant pas encore en situation régulière en France depuis au moins cinq ans du bénéfice des prestations sociales.
- l’augmentation de la durée de validité des OQTF, et donc du temps où les étrangers vivant en France sont sous la menace immédiate d’une expulsion.
- la généralisation du principe et de la réalité d’une justice expéditive en matière d’asile avec la limitation des possibilités de recours, des moyens accordés pour traiter sérieusement les demandes d’asile, et la généralisation d’une dématérialisation qui donne encore moins de chances aux demandeurs d’asile.
- le renforcement du pouvoir discrétionnaire des préfets au détriment de la justice.
- les possibilités d’enfermement des mineurs non accompagnés
On le voit, cette loi est extrêmement grave d’un point de vue humain, social et politique. Elle ne va pas décourager les migrants d’arriver en France, comme l’a dit Ian Brossat au Sénat, mais va rendre leurs conditions de vie encore plus précaires, plus indignes et plus dégradés, elle va rendre dans le même temps le travail des associations, comme des collectivités solidaires, encore plus difficile.
Il est important que le PCF, au niveau national, au niveau des fédérations et des sections, participe à la construction d’une forte mobilisation contre cette loi et porte un autre projet de société pour l’accueil des migrants, le respect des droits de l’homme et du droit d’asile, en s’appuyant sur le travail de nos parlementaires et le projet que nous avons nous-mêmes travaillé."
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