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« Une guerre que personne ne gagnera »
La Marseillaise jeudi 11 octobre 2023 - Entretien avec Reem Hazan, dirigeante du Parti communiste israélien
ENTRETIEN réalisé par Angélique Schaller
« Il est du devoir des forces saines en Israël, juifs et arabes, de faire
entendre une voix forte et claire contre toute tentative d’incitation à la violence à l’encontre des populations » : le communiqué du Parti communiste israélien. Reem Hazan en est la responsable internationale.
L’heure est à l’unité nationale en Israël et rares sont les voix à oser rompre cette trêve politique. Le journal progressiste Haaretz l’a fait, en appelant clairement hier à la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Le parti communiste israélien également, dans un communiqué où il prône la paix.
La Marseillaise : trois jours après l’attaque du Hamas, quelle est votre analyse ?
Reem Hazan : Le peuple est traumatisé. C’est un événement majeur pour le peuple juif, mais il ne parvient pas à le connecter aux politiques qui y ont mené. Les gens ont du mal à questionner,à remettre en cause. Or, le problème avec ce genre de gouvernement d’extrême droite est que la seule réponse qu’il peut envisager à de tels événements est une autre guerre, plus d’agressivité et plus de
tueries. Israël est maintenant en train d’envoyer des bombes sur Gaza. Encore. Et on ne voit aucune condamnation internationale.
La Marseillaise : Netanyahu propose un gouvernement d’union nationale. Comment recevez-vous cette proposition ? Comment cela est-il apprécié dans la population ?
Reem Hazan : Il y a différentes voix en Israël, des voix qui peuvent s’élever contre l’occupation, qui peuvent demander la démission de Netanyahu. Mais en très petit nombre. Aujourd’hui, l’appel à une unité nationale est plus populaire après cette crise. Mais cette unité nationale ne sera pas différente du gouvernement actuel. Quand cette phase sera finie, ceux qui se disent contre le gouvernement de Netanyahu se seront rendus complices de la guerre et des crimes de guerre. Ils ne pourront donc pas être une alternative au gouvernement actuel.
La Marseillaise : Les tenants de la paix sont-ils encore audibles ?
Reem Hazan : Je ne sais pas si nous sommes encore audibles, mais on doit continuer. Nous appelons à arrêter la guerre à venir, arrêter ces horreurs et préserver la vie des gens. Il n’y a pas d’autre moyen de résoudre ce conflit que le biais politique. Il ne sera pas résolu par les armes ni par la force. Il doit être résolu par des moyens politiques et diplomatiques, en garantissant le droit des peuples à l’autodétermination, à tous les peuples. Les seuls à ne pas en profiter sont les Palestiniens. Tenir ces propos n’est pas facile. Parce que nous disons qu’on ne peut pas continuer avec ce massacre, qu’il y a des victimes des deux côtés, qu’Israël est à blâmer pour cette situation... Certains camarades ont été ces derniers jours littéralement attaqués sur les réseaux sociaux.
La Marseillaise : Pensez-vous que le conflit puisse s’étendre, notamment avec le Hezbollah ?
Reem Hazan : Oui, le conflit pourrait s’étendre à toute la région. Une attaque du Hezbollah est le scénario le plus probable. Des bombardements ont lieu au nord à partir du sud Liban. Dans les prochaines heures, le cabinet israélien va décider s’il va envahir Gaza par la terre ou par je ne sais quel autre moyen. Cela va inévitablement envenimer les choses et impliquer plus de pays.
C’est Israël qui est à blâmer pour la situation et doit décider d’arrêter les pertes, de négocier l’échange d’otages, de prisonniers politiques. Sinon, on ira dans une guerre dont personne ne connaît l’issue mais que personne ne gagnera. Tout le monde perdra, mais particulièrement le peuple, les travailleurs, les enfants.
La Marseillaise : Qu’attendez-vous de la communauté internationale ? L’Onu peut-elle encore jouer un rôle ?
Reem Hazan : De la communauté internationale ? Qu’elle arrête de
systématiquement soutenir Israël. Des structures telles que l’Onu sont évidemment très importantes, ce qu’elles disent est toujours entendu. Ses différentes agences ont aidé le peuple palestinien et les réfugiés pendant de nombreuses années et c’est essentiel. Malheureusement, l’Onu n’a pas toujours les dents pour changer les politiques et les décisions diplomatiques. C’est au niveau politique que l’Onu doit s’investir et pas seulement dans l’aide, aussi importante soit elle.
Published by Section du Parti communiste du Pays de Morlaix
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