Parcoursup et les réformes du lycée, la culture de la compétition en milieu scolaire, en vue de l'obtention des "meilleures" orientations futures, les plus rentables socialement et économiquement, et de l'admission dans les meilleures "écoles", ainsi que la dégradation des conditions d'enseignement communes (nombre d'heures par discipline, nombre d'élèves par classe, instabilité des programmes en fonction des réformes qui se suivent à un rythme soutenu et souvent dans l'incohérence), comme les progrès de la culture individualiste font que de plus en plus de familles ont recours à des cours de soutien et de renforcement privés pour leurs enfants.
La France est l'une des championnes d'Europe en la matière rappelait un article du journal Le Monde d'Alice Raybaud le 26 septembre, avec un marché estimé à 2 milliards d'euros. Comme dans la santé, ou le sous-investissement dans le service public de santé et hospitalier contribue à nourrir le grossissement et les profits du secteur privé, les logiques sont les mêmes dans le secteur de l'éducation nationale.
Ce secteur est alimenté par une économie souterraine et également par des mesures fiscales avantageuses de crédits d'impôt encourageant des familles qui appartiennent plutôt aux catégories moyennes ou aisées à déclarer des heures de soutien pour leurs enfants. L'argent public contribue ainsi à faire grossir ce marché des cours privés qui renforce le poids des inégalités économiques et sociales dans les différences de "réussite" scolaire. Acadomia, le leader du marché, constate une hausse de 19% de son chiffre d'affaires depuis 2018.
L'article d'Alice Raybaud dans Le Monde note que "le poids du contrôle continu qui compte depuis 2018 pour 40% dans la note du bac mais qui pèse aussi fortement pour la sélection à l'entrée du supérieur" incite les parents - ceux qui le peuvent bien sûr, et qui y sont incités par des dispositifs d'exonération fiscale - à recourir aux cours privés pour améliorer les "performances" scolaires de leurs enfants afin de les doter d'avantages dans la course à l'orientation. Les stages de prérentrée se multiplient pour certains, en vue de préparer des admissions postbac. Les cours de coaching et les cours particuliers se banalisent pour les enfants issus de milieux favorisés et des classes moyennes. En 2013, 13% des enfants de cadres, de commerçants, ou de personnes exerçant une profession libérale disposaient d'un soutien scolaire, contre 6% des agriculteurs. Ce sont les parents les plus favorisés, qui surveillent les notes, qui se positionnent dès la 3ème, avant même que de gros soucis apparaissent.
L'école française est déjà une des plus inégalitaires socialement et ces logiques de marchandisation de l'éducation et de recours grandissant à des acteurs privés ne font que renforcer cette tendance à renforcer par l'école les inégalités sociales pour les légitimer ensuite par une fausse et illusoire "méritocratie". "Pour certaines familles favorisés, rajoute cet article du Monde, le soutien scolaire n'a plus rien d'un "soutien" à proprement parler mais constitue un outil de distinction an amont de Parcoursup", pour viser non pas un niveau correct et le passage en classe supérieure, mais un niveau excellent et une orientation sélective.
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