5 octobre 2023
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Ehpad : il y a urgence !
Depuis des mois, les maires et élu.e.s, président.e.s de CCAS, directeurs d’établissement des communes ayant des Ehpad publics sont mobilisé.e.s dans le Finistère comme dans d’autres départements bretons pour demander à l’État d’agir avant qu’il ne soit trop tard pour sauver ces Ehpad de la faillite financière et d’éventuelles fermetures ou rachats à l’euro symbolique par le secteur privé lucratif. En effet, sept Ehpad publics sur dix sont aujourd’hui en situation de déficit.
Comme les Ehpad associatifs, les Ehpad publics rencontrent des difficultés croissantes en termes de recrutement et d’épuisement des personnels : cela se traduit par une augmentation des coûts de recours à l’intérim médical. À cela s’ajoutent des factures d’énergie exorbitantes, nourries par la déréglementation du marché de l’énergie et l’ouverture à la concurrence, un seul trimestre pouvant représenter l’équivalent de la facture de l’année écoulée. L’inflation touche aussi tous les consommables, les denrées alimentaires, les produits d’hygiène, etc. Surtout, les dépenses nouvelles instaurées par l’État depuis la crise sanitaire (Ségur, prime Grand Age, revalorisation du point d’indice), essentielles pour les personnels et l’attractivité des métiers, ne sont pas compensées par des dotations correspondantes.
La charge supportée par les établissements est donc de plus en en plus lourde, même quand ces Ehpad n’ont pas de chambres inoccupées et sont très bien gérés. Tous nos Ehpad en sont fragilisés, tout comme le modèle breton qui privilégie les Ehpad à but de non lucratifs, qu’ils soient associatifs ou publics.
L’augmentation des taux directeurs des Ehpad habilités à l’aide sociale était une nécessité pour tenter de sauver l’équilibre financier des établissements, mais il faut avoir conscience que, en quelques années seulement, le coût d’hébergement des EHPAD a augmenté de plusieurs centaines d'euros par mois dans beaucoup d’endroits, atteignant des tarifs de plus en plus élevés. Il n'est pas raisonnable de faire supporter indéfiniment aux familles et aux résidents ces augmentations de charges quand on sait que les retraites et les retraites n’augmentent pas. Ce serait aggraver les inégalités sociales face à la perte d’autonomie liée au vieillissement qui est d’abord un problème de santé publique, devant être couvert par la solidarité nationale.
Il est impensable également de consentir à une dégradation de la qualité d’accueil pour les résidents d’EHPAD, quand on sait que les temps de disponibilités des personnels pour les personnes âgées en structure sont déjà limités : si les personnels absents ne sont plus remplacés pour des raisons budgétaires, ce serait encore aggraver cette situation.
Nous sommes aujourd’hui au bord de la rupture. Et pourtant, les associations d’usagers, de familles et les associations de directeurs d’Ehpad ne cessent d’alerter depuis des années sur le besoin de trouver un financement solidaire pérenne de la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées. Ils et elles ont besoin d’accéder à une alimentation de qualité, à des animations, des sorties, des toilettes et des douches dans de bonnes conditions, des soins esthétiques et de confort.
Il y a une irresponsabilité terrible dans les reports successifs pour de bien mauvaises raisons d’une véritable « loi grand âge » assurant de nouveaux financements durables pour le secteur de la prise en charge des personnes âgées, notamment avec une intégration dans le cadre d’une nouvelle branche et de nouvelles recettes pour la sécurité sociale.
On ne peut donc faire l’économie, à l’échelle départementale comme à l’échelle nationale, d’une ambition forte pour soutenir et améliorer la qualité de travail et d’accueil des résidents dans les EHPAD. C’est un enjeu de civilisation essentiel.
Published by Section du Parti communiste du Pays de Morlaix
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