Bachar Al Assad est rattrapé par l’effondrement économique de son pays. La hausse des carburants provoque une réaction populaire vive dans la province druze. Les slogans éveillent le spectre du mouvement de 2011.
Où va la Syrie, après une guerre qui a fait 500 000 morts et des millions de déplacés ? Déclenchée dans la province de Soueïda, bastion de la communauté druze dans le sud du pays, à la suite de la levée des subventions sur les carburants à la mi-août, la colère populaire se répand sur le terrain politique.
Des centaines de Syriens descendent dans la rue depuis une dizaine de jours à Soueïda, scandent des slogans en opposition au régime de Bachar Al Assad, mènent des actions, dont l’interdiction de l’accès aux permanences du parti Baas au pouvoir et le blocage des rues, organisent des « veillées révolutionnaires ».
Le mouvement gagne d’autres régions : Deraa (berceau de l’insurrection de 2011), au sud, Alep, au nord et Deir Ez-Zor – ville reprise à l’« État islamique » en 2017 – à l’est. Mais, contenu, il n’atteint pas la capitale, Damas, dont les localités alentour sont quadrillées par l’armée. « Le pouvoir déploie, depuis lundi, ses forces de sécurité aux portes de la capitale syrienne, craignant l’infection de Soueïda », commente le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat.
L’inflation, carburant de la révolte
Le régime ne réprime pas pour l’instant ce qui prend la tournure d’une insurrection et les forces de sécurité ne sont pas présentes lors des rassemblements à Soueïda, ou évitent d’être au contact des manifestants. Les autorités agissent en revanche auprès des figures religieuses druzes, lesquelles soutiennent la contestation, mais n’en appellent pas moins à une mobilisation pacifique.
Les Druzes représentent environ 3 % de la population syrienne. Leur province est restée à l’écart du conflit qui a déchiré le pays. La région compte parmi celles où la « main de fer du régime » n’agit plus vraiment, ce qui expliquerait les réactions spontanées et fermes à la hausse du prix des carburants, dans un contexte économique dégradé pour les ménages.
Selon le site Syria TV, « les prix augmentent de 100 % en un mois. Cela s’applique à tous les produits alimentaires de base, l’huile d’olive, dont le prix est passé de 9 000 livres syriennes à 33 000 livres », soit une hausse d’environ 12 euros.
Le régime de Bachar Al Assad est rattrapé par la régression économique que traverse le pays après une guerre civile des plus meurtrières. Mais il reste difficile de mesurer la menace politique. « La population de Soueïda se mobilise contre la corruption, la violence d’État, l’incursion des chabiha (gangs mafieux liés au clan Assad – NDLR), le passage de la drogue, et elle a aussi le sentiment que la mort du régime approche », écrit Saba Madawar sur le site syrien Al-Modon.
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