Porto Empedocle près d'Agrigente au sud de la Sicile: Sea Watch et Océan Viking bloqués administrativement au port - août 2020
Le Ouest-France du 14 août 2023 l'annonce dans ses pages internationales et son article en Une:
Tristes records que l'on bat avec une régularité confondante dans une quasi indifférence générale d'année en année.
Samedi, l'Organisation internationale pour les migrations de l'ONU a recensé au moins 2060 morts en mer, rien qu'en Méditerranée, depuis le début de l'année. Le macabre "bilan" de 2022 est déjà dépassé en août en 2023.
Et encore, il est certain que de nombreuses noyades collectives, disparitions en mer, ne sont pas connues. Parfois, les passeurs ou bien les policiers (dans certains États d'Afrique du Nord, en Turquie, en Grèce), sont complices de ces noyades qui sont carrément provoquées.
Des milliers d'autres migrants sont renvoyés à la mort dans le désert, sans eau, sans nourriture.
Les États européens aussi ont une responsabilité écrasante en sous-traitant la politique de lutte contre l'immigration irrégulière en connaissance de cause à des pays non démocratiques où le respect des droits de l'homme n'est pas une priorité des régimes en place et qui sont de toute façon en difficulté pour gérer l'arrivée des exilé.e.s et réfugié.e.s pour des raisons économiques. Et la responsabilité principale des États européens dont le nôtre est d'abord de ne pas suffisamment ouvrir de voies d'immigration légales et sécurisées, notamment pour rendre effectif le droit d'asile. De ne pas reconnaître de droit au déplacement et à la mobilité alors même que nos ressortissants, eux, voyagent, s'installent à l'étranger, y travaillent.
Des États européens qui peuvent aussi comme l'Italie bloquer temporairement l'activité des bateaux de sauvetage en mer comme l'Océan Viking de SOS Méditerranée, qui a sauvé 623 personnes ces derniers jours, dont de nombreux réfugiés fuyant les conflits et les crises humanitaires, venus du Soudan, de Guinée, du Burkina Faso, de Côte d'Ivoire...
Des États européens qui se livrent à un concours Lépine de la politique la plus répressive en matière de lutte contre l'immigration et de restriction des droits des réfugiés, comme le Royaume-Uni qui envoie des demandeurs d'asile au Rwanda, ou l'expérimentation de barge en mer pour réfugiés qui ressemblent à des prisons flottantes.
Samedi 12 août, c'est dans la Manche entre la France et l'Angleterre qu'un bateau a fait naufrage, avec 65 exilé.e.s à son bord. 6 afghans ont perdu la vie. Depuis le verrouillage du port de Calais et du terminal Eurotunnel en 2018, plus de 100 000 migrants auraient traversé, au péril de leur vie, la Manche à bord de petites embarcations selon des estimations britanniques.
Ce qui fait naufrage depuis des années, ce sont bien sûr des femmes, des hommes, et des enfants, par dizaines de milliers, sur des radeaux de la Meduse que l'on abandonne à leur sort, mais ce sont aussi les prétentions à l'humanisme et à la défense des droits de l'homme de l'Europe dont la politique vis-à-vis des exilé.e.s est, il faut le dire sans détour, criminelle.
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