Pascal Champvert, Président de l’AD-PA Association des Directeurs au service des Personnes Âgés, invité à plusieurs reprises par l'atelier citoyen PCF Bretagne et Christiane Caro à des débats à la Fête de l'Humanité Bretagne et de l'Université d'été du PCF, rappelle quelques vérités et chiffres alarmants dans son interview intégré dans un article d'Ameline Roussel le 3 août 2023 sur les suites de la gestion de la canicule dans les EHPAD, suite au décès de 15 000 personnes âgées lors de la canicule de 2003:
« On ne passe pas suffisamment de temps avec les personnes âgées, et ça s’aggrave en ce moment, puisque la plupart des établissements n’ont pas augmenté leur budget à la hauteur de l’inflation. » Alors que la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (Casa) mise en place en 2013 devait permettre d’augmenter les moyens, le taux d’augmentation des budgets pour les personnes âgées a depuis diminué, passant de 9 % en moyenne par an à 2 %. À ce jour, la part du PIB consacré aux personnes âgées s’élève à 1,7 % en France. Par comparaison, les Pays-Bas y consacrent 3,7 % de leur PIB…
Pourtant, pour financer les actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, une journée de solidarité a été mise en place et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a été créée en 2004. Seulement, l’AD-PA dénonce le détournement de ce dispositif : « Pendant toutes ces années, on s’est servi de la CNSA pour financer d’autres mesures, et maintenant la CNSA est en déficit », s’indigne Pascal Champvert. De mi-2013 à fin 2015, l’AD-PA estime la somme détournée à 1,5 milliard d’euros. L’organisme précise qu’en 2016 30 millions d’euros ont encore servi à financer la sécurisation des universités.
Sans les moyens financiers adéquats, la situation reste critique : « On est à peine à six salariés pour dix résidents, alors que le plan solidarité grand âge prévoyait huit pour dix dès 2012, déplore le président de l’AD-PA. Comme tout le monde sait que les conditions sont dégradées, un certain nombre de jeunes ne veulent plus entrer dans le secteur et d’autres le quittent. C’est une spirale infernale. Les cyniques disent que l’on n’a pas besoin de mettre d’argent dans le secteur puisqu’il est délaissé. Alors que c’est parce qu’il n’y a pas d’argent qu’il est délaissé. »
De la même manière, alors que ce plan de solidarité s’est fixé comme objectif la création de 232 000 places de service de soins infirmiers à domicile pour 2025, il n’en comptait que 23 800 fin 2017. « La situation à domicile est à plein d’égards pire que celle au sein des établissements », affirme Pascal Champvert.
Selon lui, l’âgisme est un facteur expliquant le manque de moyens alloués : « Les personnes âgées sont considérées comme des citoyens de seconde zone, et le sujet n’est jamais prioritaire. » En témoigne le scandale révélé par le livre les Fossoyeurs, de Victor Castanet . Sauf que l’unique réponse apportée par les pouvoirs publics s’est résumée à des contrôles accrus, « dont il ne ressort rien ». Comme pour illustrer son propos, l’examen de la proposition de loi « bien vieillir » a été reporté fin juillet, après avoir déjà été suspendu une première fois en avril.
https://www.humanite.fr/societe/canicule-2003/canicules-les-ehpad-toujours-en-surchauffe-804959
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Financement de la dépendance - l'Etat a détourné 20 milliards affirme Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (L'Humanité, 13 juillet)
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