Les ruisseaux et les rivières sont nombreux en Bretagne. Mais les réserves souterraines sont limitées dans un sous-sol essentiellement granitique et schisteux. Stocker plus d’eau en surface sera donc indispensable dans les prochaines décennies marquées par le réchauffement climatique et le recul de la pluviométrie en été.
Dans le dossier consacré à la Bretagne, la Cour des comptes indique en introduction que « la qualité de l’eau est devenue un enjeu prégnant en raison des pollutions chroniques d’origine agricole, dont les effets les plus visibles sont les "marées vertes" .
La récurrence des épisodes de sécheresse, plus fréquents dans un contexte de réchauffement climatique, conduit les acteurs bretons à une prise de conscience de la rareté des ressources », lit-on en introduction du dossier.
Évoquant les ressources disponibles, le texte fait état d’un « réseau hydrographique dense de 30.000 km de cours d’eau et peu de masses d’eau souterraine (27). Les ressources prélevées sont essentiellement de surface(…) Les débits des cours d’eau dépendant essentiellement de la pluviométrie hivernale. Leur alimentation est assurée en premier lieu par les précipitations dites efficaces, qui représentent 39% du volume total des précipitations. Les 61% restants étant soumis au phénomène d’évapotranspiration ».
Une ressource à 75% superficielle
Un autre paragraphe de ce document nous informe que « la Bretagne a la particularité d’avoir une ressource en eau à 75% superficielle du fait de son sous-sol, essentiellement granitique et schisteux. Elle est plus abondante à l’ouest, alors que la population est plus dense à l’est et sur le littoral. La qualité de l‘eau reste globalement peu satisfaisante, du fait essentiellement des pollutions aux nitrates et aux pesticides liés à l’agriculture intensive. Le développement économique agricole et agro-industriel et la pression démographique, conjugués aux effets, du changement climatique, vont créer un effet de ciseau entre les besoins en eau et la disponibilité d’une ressource de qualité et placer le bassin breton en situation de vulnérabilité ».
Le constat n‘est pas faux, mais les trois paragraphes cités ici ne permettent de comprendre pourquoi la situation a ainsi évolué défavorablement. Du coup, les 40 pages consacrées à la Bretagne ne donnent pas les meilleures pistes pour sortir de l’impasse. Il est acquis que, du fait de sa constitution, le sous-sol de la Bretagne ne permet pas de stocker beaucoup d’eau. Pire encore l’infiltration des eaux de pluie a été considérablement réduite depuis le milieu de XXème siècle sur les terres souvent pentues de cette région. Cette situation résulte de l’arasement massif et abusif des talus afin d’agrandir les parcelles et de faciliter les labours dans les années précédant la mise en place du marché commun agricole en Europe. Il en résulte, une moindre recharge des nappes phréatiques en raison du ruissellement accru des eaux de pluies vers les ruisseaux et les rivières, entraînant du même coup de la terre fertile, mais aussi des matières azotés issues du lisier et des engrais dans les cours d’eau, d’où cette persistance des algues vertes sur certaines zones des côtes bretonnes.
Construire des barrages dans des vallées à l’abandon
En Bretagne, beaucoup de ruisseaux et de rivières coulent dans des vallées étroites et profondes qui ne sont plus guère habitées. De piètre qualité, beaucoup des prairies en fond de vallée ne sont plus pâturées. Jusqu’au milieu du XXème siècle, les moulins à eau étaient alimenté par des biefs. Ils détournaient une partie du débit des ruisseaux jusqu’à la roue du moulin qui la restituait dès qu’il entrait en action. Dans certaines de ce vallées, en se faisant conseiller par des hydrologues, il est possible de construire des barrages pour stocker de l’eau en hiver afin dans disposer à la belle saison. Il y a plusieurs barrages sur le cours du Blavet, lequel prend sa source en centre Bretagne dans les Côtes d’Armor pour aller se jeter dans l’Océan Atlantique du côté de Lorient dans le Morbihan. Le plus connu de ces barrages est Guerlédan. On peut aussi construire des barrages sur les affluents de l’Elorn et de l’Aulne qui se jettent à la mer dans la rade de Brest .Il en va de même pour le Léguer qui prend sa source dans la même zone rurale que le Blavet pour filer dans la direction opposée jusqu’à la baie de Lannion.
Beaucoup de maisons mais très peu de citernes
En Bretagne comme ailleurs, il faudra dans les prochaines décennies stocker plus d’eau et économiser en même temps l’eau potable qui coule au robinet. La région compte environ 3,3 millions d’habitants et disposait de près de 2 millions de logements en 2018. 71% de ces logements étaient des maisons individuelles. Il suffit toutefois de se promener partout en Bretagne pour constater que l’on collecte très rarement l’eau de pluie qui tombe sur le toit de ces maisons, alors que cette eau peut avoir différents usages comme irriguer le potager, arroser la pelouse, laver la voiture, voire alimenter les toilettes. De même, l’eau qui tombe sur les toits des grands bâtiments de certaines exploitations d’élevage en Bretagne peut être stockée pour différents usages. Un peu partout en France, le stockage de l’eau de pluie continue d’être sous-estimé, voire occulté. C’est un sujet que le gouvernement, les conseils régionaux et les conseils municipaux devraient mieux prendre en compte qu’il ne le font jusqu‘à présent .
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