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13 août 2023 7 13 /08 /août /2023 07:51
La Bretagne  et la gestion des eaux de surface - Gérard Le Puill, L'Humanité, 26 juillet 2023
La Bretagne  et la gestion des eaux de surface

Les ruisseaux et les rivières sont nombreux en Bretagne. Mais les réserves souterraines  sont limitées dans un sous-sol essentiellement granitique  et schisteux. Stocker plus d’eau en surface sera donc indispensable dans les prochaines décennies  marquées par le réchauffement climatique et le recul de la pluviométrie en été.  

Mercredi 26 juillet 2023 - L'Humanité
 

Dans le dossier consacré à la Bretagne, la Cour des comptes  indique en introduction que « la qualité de l’eau  est devenue un enjeu prégnant  en raison des pollutions chroniques  d’origine agricole, dont les effets les plus visibles sont les "marées vertes" . 

La récurrence des épisodes de sécheresse, plus fréquents dans un contexte de réchauffement climatique, conduit les acteurs bretons  à une prise de conscience de la rareté des ressources », lit-on en introduction du dossier.

Évoquant les ressources disponibles, le texte fait état d’un « réseau hydrographique  dense de 30.000 km  de cours d’eau  et peu de masses d’eau souterraine  (27). Les ressources prélevées sont essentiellement de surface(…) Les débits des cours  d’eau dépendant essentiellement  de la pluviométrie hivernale. Leur alimentation est assurée  en premier lieu par les précipitations  dites efficaces, qui représentent 39% du volume total des précipitations. Les 61% restants étant soumis  au phénomène d’évapotranspiration ».

Une ressource à 75% superficielle

Un autre paragraphe  de ce document nous informe  que « la Bretagne a la particularité  d’avoir une ressource en eau  à 75%  superficielle  du fait de son sous-sol, essentiellement granitique et schisteux. Elle est plus abondante à l’ouest, alors que la population est plus dense à l’est  et sur le littoral. La qualité de l‘eau  reste globalement peu satisfaisante, du fait essentiellement des pollutions aux nitrates et aux pesticides liés à l’agriculture intensive. Le développement économique agricole et agro-industriel  et la pression démographique, conjugués aux effets, du changement climatique, vont créer un effet  de ciseau entre les besoins  en eau et la disponibilité  d’une ressource de qualité et placer le bassin breton en situation de vulnérabilité ».

Le constat n‘est pas faux, mais les trois paragraphes cités ici ne permettent de comprendre pourquoi la situation a ainsi évolué défavorablement. Du coup, les 40 pages consacrées à la Bretagne ne donnent pas les meilleures pistes pour sortir de l’impasse. Il est acquis que, du fait de sa constitution, le sous-sol de la Bretagne  ne permet pas de stocker beaucoup d’eau. Pire encore l’infiltration des eaux de pluie a été considérablement  réduite depuis le milieu de XXème siècle sur les terres souvent pentues  de cette région. Cette situation résulte de l’arasement massif et abusif des talus afin d’agrandir les parcelles  et  de faciliter les labours dans les années précédant la mise en place du marché commun agricole en Europe. Il en résulte, une moindre recharge des nappes phréatiques en raison du ruissellement accru des eaux de pluies vers les ruisseaux et les rivières, entraînant du même coup de la terre fertile, mais aussi  des matières azotés issues du lisier et des engrais dans les cours d’eau, d’où  cette persistance   des algues vertes sur certaines zones des côtes bretonnes.

Construire des barrages dans des vallées à l’abandon

En Bretagne, beaucoup de ruisseaux et de rivières  coulent dans des vallées étroites et profondes qui ne sont plus guère habitées. De piètre qualité, beaucoup des prairies en fond de vallée ne sont plus pâturées. Jusqu’au  milieu du XXème siècle, les moulins à eau étaient alimenté par des biefs. Ils détournaient une partie du débit des ruisseaux jusqu’à la roue du moulin qui la restituait dès qu’il entrait en action. Dans certaines de ce vallées,  en se faisant conseiller par des hydrologues, il est possible de construire des barrages   pour stocker de l’eau en hiver afin dans disposer à la belle saison. Il y a plusieurs barrages  sur le cours du Blavet, lequel prend sa source en centre Bretagne dans les Côtes d’Armor pour aller se jeter dans l’Océan Atlantique du côté de Lorient  dans le Morbihan. Le plus connu de ces barrages est  Guerlédan.  On peut aussi construire des barrages sur les affluents  de l’Elorn et de l’Aulne  qui  se jettent à la mer dans la rade de Brest .Il en va de même pour le Léguer  qui prend sa source dans la même zone rurale que le Blavet pour filer dans la direction opposée jusqu’à la baie de Lannion.

Beaucoup de maisons mais très peu de citernes

En Bretagne comme ailleurs, il faudra dans les prochaines décennies stocker plus d’eau  et économiser en même temps l’eau potable qui coule au robinet. La région compte environ  3,3 millions d’habitants  et disposait de  près de 2 millions de logements en 2018.  71% de ces logements  étaient des maisons individuelles. Il suffit toutefois de se promener partout en Bretagne pour constater  que l’on collecte très rarement l’eau de pluie   qui tombe sur le toit de ces maisons, alors que cette eau peut avoir différents usages  comme irriguer le potager, arroser la pelouse, laver la voiture, voire alimenter les toilettes.  De même, l’eau qui tombe sur les toits  des grands bâtiments de certaines exploitations d’élevage en Bretagne peut être stockée pour différents usages. Un peu partout en France, le stockage de l’eau de pluie  continue  d’être sous-estimé, voire occulté. C’est  un sujet que le gouvernement,  les conseils régionaux  et les conseils municipaux  devraient mieux prendre en compte qu’il ne le font jusqu‘à présent .   

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