Tout au long des années 1920, le jeune PCF fait face à des offensives policières et judiciaires répétées. Son activité antimilitariste et anticoloniale inquiète le gouvernement, qui réprime avec acharnement les campagnes engagées par les communistes contre l’occupation de la Ruhr en 1923 puis contre la guerre au Maroc deux ans plus tard. Le 22 avril 1927, le ministre de l’Intérieur Albert Sarraut, dans un discours à Constantine, vise une nouvelle fois le PCF en déclarant : « Le communisme, voilà l’ennemi ! »
Dès lors, l’escalade répressive engagée par les autorités, renforcée par la radicalisation du discours communiste, culmine à l’approche de la « journée rouge » contre la guerre du 1er août 1929. Des milliers de militants sont arrêtés, tandis que de nombreux dirigeants communistes et syndicaux sont inculpés de complot contre la sûreté de l’État et écroués.
Dans ce contexte de musèlement des mobilisations sociales, le Secours rouge apporte son soutien aux militants poursuivis. Leurs profils sont variés : manifestants interpellés, rédacteurs de la presse ouvrière appelés à comparaître au titre des « lois scélérates » anti-anarchistes de la fin du 19e siècle, soldats et marins insubordonnés traduits en conseils de guerre, grévistes accusés d’entraves à la liberté du travail, paysans mobilisés contre les saisies, jeunes communistes mineurs envoyés en maison de correction, chômeurs défendant leurs droits, antifascistes engagés dans des confrontations de rue avec l’extrême droite, colonisés en lutte pour l’émancipation nationale, travailleurs immigrés et réfugiés politiques menacés d’expulsion…
Les révolutionnaires inculpés reçoivent – sans condition d’appartenance partisane – l’aide juridique du SRI, qui met à disposition ses avocats et prend à sa charge les frais de justice. Il veille à maintenir une liaison régulière avec les détenus, en leur apportant un appui moral et matériel et en s’occupant de leurs familles et enfants. Il soutient enfin les luttes des prisonniers pour l’obtention du régime politique de détention et l’amélioration de leurs conditions d’incarcération, tout en agissant auprès des parlementaires pour faire adopter des lois d’amnistie.
Le Secours rouge a marqué de son empreinte la société française de l’entre-deux-guerres par les nombreuses mobilisations qu’il a impulsées et qui font résonner les noms des martyrs et prisonniers emblématiques du mouvement ouvrier. En 1925, il assure par exemple la défense de Jean-Pierre Clerc et Marc Bernardon, deux communistes accusés du meurtre de plusieurs militants d’extrême droite lors de la fusillade de la rue Damrémont à Paris. La même année, il prend en charge les obsèques d’André Sabatier, un ouvrier tué lors de la grève générale du 12 octobre, et ouvre une souscription pour subvenir aux besoins de la famille du défunt.
L’activité militante est également rythmée par plusieurs rendez-vous annuels qui participent de l’ancrage de pratiques de solidarité dans la classe ouvrière, autour du 18 mars (anniversaire de la Commune de Paris, qui est érigé en journée internationale du SRI) ou du 14 juillet (le souvenir de la prise de la Bastille en 1789 est l’occasion de réclamer l’ouverture des prisons). Par ailleurs, le SRI anime à l’approche des fêtes de fin d’année le « Noël rouge des emprisonnés », qui s’inspire de traditions populaires d’entraide plus anciennes.
Corentin Lahu
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