Dans un article pour La Nouvelle critique de novembre 1971, Oscar Niemeyer revient sur le dernier panneau de son exposition au Musée des Arts déco à Paris de 1965. Il s’y référait à ses nombreux projets dans le monde et les mettait en parallèle avec ses engagements : « ...j’avoue que je ne me sens pas pour autant réalisé. Mon travail s’est limité jusque-là à des œuvres gouvernementales et à des immeubles bourgeois, il n’a jamais atteint les classes défavorisées. (…) Pour cette raison, je me tourne vers la vie, intéressé aux problèmes sociaux, et engagé dans la lutte contre la misère, la guerre et l’impérialisme. »
Dans la suite de l’article, il semble combler ce vide en expliquant : « Cela prouve, mes amis, l’importance que j’accorde au fait d’avoir élaboré le siège du Parti communiste français, parti frère, le parti de la classe ouvrière, marqué par un passé glorieux de luttes et de sacrifices... »
Pour lui le projet « demandait une architecture simple, inventive et différente, susceptible d’exprimer ce monde qui surgit sans préjugé, sans injustice et que représente dans son essence l’objectif du PCF (…), une marque de la société socialiste qui s’impose déjà avec la force d’une nécessité. »
Oscar Niemeyer était un grand amoureux de la France, de ses écrivains et de Paris où il a habité durant son exil. Cet élément est également à prendre en compte dans son enthousiasme, d’autant que Paris lui offre une ouverture sur l’Europe et le monde. C’est de France qu’il élaborera le plus de projets.
Dans un des quartiers les plus pauvres de la capitale, alors en pleine rénovation, où l’on voyait encore des maisons aux façades murées, délabrées, des appartements souvent insalubres, le siège du PCF semblait pour le moins anachronique à certains. C’était sans compter, comme le disait Wolinsky, que « rien n’est jamais trop beau pour la classe ouvrière », mais surtout qu’Oscar Niemeyer voyait dans le siège du PCF une «œuvre qui constituera dans cette ville, j’en suis sûr, un exemple de l’architecture contemporaine, et même, permettez-moi de le dire, un point d’attraction et de tourisme. Un bâtiment aux formes nouvelles, simples, sans finitions luxueuses et superflues : la maison du travailleur. »
Élaboré et construit dans les années 60, en pleine guerre froide, ce bâtiment et son rideau de verre contrastait pour le moins avec le fameux rideau de fer. Interrogé dans le même numéro de La Nouvelle critique, Georges Gosnat, le trésorier du PCF, déclarait : « Oui, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, un parti fait de son siège une maison de verre. Personne ne peut douter que ce problème avait un caractère politique qu’il fallait affronter. C’est ce que nous avons fait et nous l’avons résolu selon notre méthode, c’est-à-dire avec la plus grande confiance dans notre peuple. »
Cinquante ans plus tard, ce bâtiment reste une exception pour le siège d’un parti politique et il est bien devenu un point d’attraction et de tourisme, l’affluence lors des journées du patrimoine, le nombre de visites sollicitées, par des particuliers, des associations, des lycées, collèges, voire des écoles primaires et bien sûr d’écoles d’architecture et des Beaux-Arts.
Gérard Pellois
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