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23 juillet 2023 7 23 /07 /juillet /2023 05:36

La construction du siège suscite alors d’abondants commentaires. La Maison de la radio, « la maison ronde » de l’architecte Henry Bernard (construite entre 1952 et 1963) et le siège du PCF, œuvre d’Oscar Niemeyer, par leur conception, qui rompt avec la ligne droite et la pierre, viennent bouleverser respectivement les constructions bourgeoises du 16e et les blocs de HLM du 19e arrondissement et ouvrent à Paris de nouvelles conceptions architecturales.

 

 

Elles ont un autre point en commun, chacune épouse la forme du logotype du maître d’ouvrage, « la poêle » pour Radio France et, comme l’écrit la revue AMC (Le Moniteur Architecture Mouvement Continuité) pour le siège du PCF, « ...la valeur symbolique du bâtiment est mise en avant avec la présence de symboles communistes comme la faucille et le marteau. »

L’immeuble du PCF, dans cet arrondissement populaire en pleine reconstruction, n’est pas forcément du goût de tous. Le Courrier du XIXe, mensuel de l’UDR (1968), sous le titre « La maison de la honte » écrit : « La population du XIXe appréciera comme il convient... ce défi aux besoins des mal-logés… sans aucune utilité publique ou sociale. »

Pour le New-York Herald Tribune (1966), « Le dôme surplombant une salle souterraine a l’air de la porte d’une trappe... Le bâtiment a également son propre rideau de fer. Cela n’est pas aussi étrange que ça... car c’est une ville où même les boulangeries ont souvent leur rideau de fer... ».

Étranges propos aussi de Charlie-Hebdo (1971) : « C’est un architecte de Brasilia qui a conçu le bâtiment, les architectes français étant trop cons pour faire quelque chose de moche. »

Dans Combat (1973), l’architecte Ionel Schein tient un discours abscons : « Pauvre France, ton architecture et tes architectes foutent le camp. (...) Il est stupéfiant de voir cette architecture d’occupants colonialistes se mettre en place dans des pays qui ont acquis au prix du sang leur indépendance. (…) Le prolétariat n’a pas besoin de murs de verre. »

Mais plus généralement la presse apprécie. Dans le journal Combat (1968), on lit : « Le PCF voudrait montrer, à travers la construction d’un monument, la force grandissante de son parti qui possède actuellement un quart de l’électorat français... Il voudrait aussi montrer qu’il travaille à visage découvert... »

Le Monde (1971) souligne que « la «ligne» du P.C.F. en matière d’art, définie par le comité central d’Argenteuil en 1966, admet une plus grande ouverture et une plus grande liberté en matière de création artistique. Aussi le nouveau siège du P.C.F. n’a-t-il aucun caractère symbolique : il est l’expression d’un artiste et non pas d’une institution... » ; le même journal parle (1980) de « sublime forteresse ».

Pour Vanessa Grossman, dans un article du Moniteur (2013) : « La création du nouveau siège du PCF demeure une entreprise exceptionnelle dans l’histoire de la culture politique française du XXe siècle, et même plus généralement dans l’histoire des partis politiques opérant sous un régime démocratique. »

Si Le Figaro évoque « un bunker de luxe », il ajoute cependant : « L’idée est d’affirmer la puissance du parti, mais aussi d’en incarner sa ‘modernité.»

On garde pour la fin cette sortie de Georges Pompidou, président de la République, lors d’un déjeuner avec le jury du concours pour la réalisation du centre culturel qui portera son nom ; il dit à un des convives qui évoquait le siège du PCF : « C’est la seule bonne chose que les communistes aient faite. » 

Gérard Pellois

 

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