Le lancement de la souscription pour le siège agace les anticommunistes comme le groupuscule « Unir pour le socialisme » qui proclame, en septembre 1971 « Ne souscrivez pas pour le Palais Marchais » ! Mais cela ne trouble guère le trésorier Georges Gosnat, confiant, qui assure alors : « Les travaux vont ainsi se poursuivre pendant une dizaine de mois et tout sera terminé au cours de l’été 1972. »
Toutefois, les choses ne vont pas se passer aussi simplement.
Jacques Tricot, dans un entretien (2012) avec Vanessa Grossman, historienne et architecte, rappelle que sur le terrain de 5 000 m2 que le PCF a acquis auprès de « La Maison de syndicats » : « Il y avait des tas de choses ; il y avait des trucs appartenant au syndicat ; il devait y avoir des sections du Parti, c’était une sorte de bidonville. Il y avait simplement... une maison sérieuse de quelqu’un qui n’avait aucune envie de partir... ».
Le 15 juin 1972, le Bureau politique décide, « pour des raisons d’économie, de ne pas construire, du moins avant une période assez longue, la salle annexe du siège du Parti (lire la coupole) », et avance des dispositions « ...pour aménager de façon à peu près définitive le siège tel qu’il est actuellement, et ses abords. »
Le 17 août 1972 la presse est conviée au siège pour une présentation de la Fête de l’Humanité. De nouvelles dispositions sont prises pour relancer la souscription. Et « la maison sérieuse » est toujours là.
Néanmoins, pour les architectes, toujours selon Jacques Tricot, « il a fallu créer les conditions le long du chantier pour que la deuxième tranche puisse se construire. »
Le 28 juin 1978, le Bureau politique évoque le lancement d’une nouvelle « souscription publique pour la deuxième tranche des travaux du siège du Parti. »
Le problème de « la maison sérieuse » sera résolu (après arrangement, elle sera détruite). La construction de la deuxième phase débute en septembre 1978 ; il s’agit de l’esplanade, de la coupole, et de l’accès intérieur à la coupole.
Et le 27 juin 1980, en présence d’Oscar Niemeyer, la deuxième phase ainsi que l’ensemble de l’œuvre sont inaugurés par Georges Marchais qui déclare :
« Que soient remerciés tous ceux et toutes celles qui ont apporté leur part à cette belle réalisation. Je pense à l’architecte notre ami et camarade Oscar Niemeyer et à ses collaborateurs, aux ingénieurs, aux ouvriers de tous les corps du bâtiment qui ont des mois durant, donné le meilleur d’eux-mêmes. Il suffit de regarder de près chacun de ses éléments pour comprendre qu’une si belle réussite n’est possible que si l’intelligence de la création rencontre l’intelligence du savoir-faire. Je pense également aux dizaines et aux dizaines de milliers de militants, de visiteurs qui ont tenu à apporter leur contribution financière. »
Durant toute la période du chantier et principalement après la mise à disposition du bâtiment, des gardes militantes ont été organisées. Les fédérations de Paris et de l’Île-de-France étaient tenues d’assurer ces gardes, de jour comme de nuit, par la rotation de militants et de militantes volontaires. Pendant des années, le gardiennage de « Fabien », comme celui des précédents sièges, était assuré par des membres du Parti. Aujourd’hui, un mix entreprise/militants de l’Accueil sécurité l’assure et en cas de nécessité des gardes militantes sont effectuées y compris H24. Cette sécurité militante est aussi effective lors de rassemblements in situ ou à l’occasion de journées culturelles nationales ou parisiennes où les portes de leur maison sont ouvertes au public.
Gérard Pellois
Photos,
Archives départementales de Seine-St-Denis -Mémoiresd'Humanité
Palissade : auteur Massot
Construction coupole : auteur Robert Ponty
Armature : DR
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