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14 mars 2023 2 14 /03 /mars /2023 15:05

Depuis bientôt dix mois, nous avons en France un « ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire ». Mais on ne sait toujours pas quelle politique il entend promouvoir  pour préserver cette souveraineté. Car le recul des volumes produits vaut pour les viandes bovines, ovines, porcines et de volailles. S’y ajoutent les fruits et légumes, y compris les légumes pour la conserve et le surgelé. 

Nous avons montré dans de précédents articles que notre souveraineté reculait fortement dans les  filières de la viande bovine, comme de la viande porcine. Même la production de lait de vache a reculé en 2022 dans notre pays. La situation est encore plus difficile dans la filière des volailles de chair où les abattages massifs pour tenter de contenir la grippe aviaire  aggravent   le déficit.  Des années de prix trop bas au regard des coûts de production ont conduit les éleveurs à vendre plus d’animaux   qu’ils ne le souhaitaient afin de limiter un endettement pouvant vite déboucher sur un dépôt de bilan.  

Deux lois EGALIM ont été votées par le Parlement en 2018 et en 2021. L’application de la première de ces lois devait permettre de tenir compte de l’évolution des coûts de production dans les exploitations agricoles. Elle ne fonctionne pas de manière satisfaisante car les importations abusives font souvent chuter les prix payés aux paysans en France. Suite au vote de cette loi, le gouvernement a estimé qu’il en fallait une autre pour tenter de permettre aux   petites de moyennes entreprises de l’industrie agroalimentaire de couvrir leurs coûts dans la transformation des produits agricoles en produits alimentaires pour   entrer  dans les linéaires  des grandes enseignes de la distribution. Malgré le vote de ces deux lois, les négociations annuelles sur les prix d’entrée et sur les volumes de produits alimentaires référencés  dans les magasins  sont toujours aussi tendues. Les centrales d’achat des grandes surfaces, qui utilisent aussi beaucoup de produits importés, multiplient les astuces et les menaces pour ne pas respecter l’esprit de ces deux lois. 

Quand Bruno Le Maire encourage les pillards  

Dans ce contexte, l’annonce faite en janvier par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a été mal vécue par les paysans et les patrons des PME de l’agroalimentaire. Il indiquait que le gouvernement demandait aux distributeurs de mettre en place, dès le mois de mars, un panier « anti-inflation » d’une vingtaine de produits afin de permettre aux ménages à faible revenu de se nourrir sans trop dépenser. Ce faisant,  il encourageait les distributeurs  à exiger  des rabais de leurs fournisseurs alors que les coûts de production sont en forte hausse du fait de la flambée des prix des énergies,  des emballages,  des engrais et des aliments du bétail pour ne citer  quelques exemples. 

Cette proposition du ministre de l’Économie et des Finances est vue par les responsables de grandes enseignes comme une incitation à importer plus de viande, de produits laitiers, de fruits et légumes pour faire chuter les prix payés aux paysans. C’est ce que redoutait le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) Thierry Roquefeuil quand il déclarait dès le 17 janvier : « Il est surréaliste d’entendre le ministre des Finances proposer ce panier « anti-inflation » au moment ou se déroulent les discussions annuelles entre les distributeurs et leurs fournisseurs. C’est faire entrer par la fenêtre  un bout de la Loi  de Modernisation Economique (LME) qui a fait mourir  une bonne partie de l’élevage en France ».  

Cette LME a été votée en 2008 par les parlementaires de droite.  A l’époque, Bruno Le Maire était secrétaire d’Etat aux Affaires européennes dans le gouvernement Fillon, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Au début du printemps de cette même année 2008, Jacques Attali remettait au président Sarkozy le rapport de 173 pages rédigé au nom de cette Commission Attali par l’énarque Emmanuel Macron. Tout le travail de ce dernier visait à montrer que l’on pouvait faire baisser les prix alimentaires en France, à condition que de sous-rémunérer le travail des paysans. 

Le prix de l’énergie a augmenté de 165% en deux ans  

Hormis quelques multinationales comme Danone ou Lactalis, les fournisseurs   de produits alimentaires aux enseignes de la grande distribution continuent de souffrir des conséquences de la LME malgré le vote de deux lois EGALIM par la suite. Lors de sa conférence de presse du 9 février, l’Interprofession des légumes de conserve et surgelés, qui fédère les producteurs et les transformateurs, faisait état d’une « augmentation du coût de l’énergie de + 165% en janvier 2023 par rapport à janvier 2021 » en raison des spéculations consécutives à la guerre en Ukraine. Pour ce qui est des emballages, les mêmes entreprises ont subi une hausse de 24% du prix de l’acier  pour les  boites de conserve, de 23% du papier/carton,  de 15% des emballages en matière plastique. Pour les maraîchers, les prix des engrais ont augmenté de 75% l’an dernier et ceux du carburant des tracteurs de 66%. 

Lors de cette conférence de presse on a également appris « que la filière  des légumes en conserve  et surgelés connait une stagnation des prix  de vente, hors inflation, qui s’ajoute à une difficulté d’obtention  d’avancées techniques  pour maintenir les rendements face  aux aléas  de production. L’approvisionnement des entreprises de transformation s’en retrouve menacé et la situation risque de s’aggraver  si les hausses de coûts ne sont pas complètement répercutés dans les prix ». 

Cette filière produit une quinzaine de légumes différents dont les plus connus sont  les haricots verts ou beurre, les petits pois, les carottes, les épinards,  les choux-fleurs, les salsifis, les flageolets les brocolis. Avec le changement climatique, cette filière fait face à d’autres difficultés, dont le manque   d’eau pour l’irrigation en cas de sécheresse. Nous y reviendrons dans un prochain article ainsi que sur les principales attentes des producteurs et des transformateurs de légumes auprès du gouvernement.   

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