5 mars 2023
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Moravia -
L'homme nu et autres poèmes (Flammarion)
Qui me rendra
l'odeur
enivrante
et suffocante
des petites roses blanches
entre les piquets
des grilles
des jardins
de mai?
Comparaison - Moravia
La vie est comme une boule
de mercure
elle se divise
se fragmente
se pulvérise
sous le pouce
de la pensée
et puis se reforme
boule liquide
si lourde
d'angoisse.
Alberto Moravia (1907-1990)
Alberto Moravia, nom de plume d'Alberto Pincherle, naît dans un quartier aisé de Rome le 28 novembre 1907 d'un père, architecte d'origine vénitienne et de confession juive, et d'une mère catholique d'origine dalmate dans une famille de quatre enfants.
Tout jeune, il est en partie élevé par une gouvernante française.
Il dit avoir fait à neuf ans le choix de la littérature, comme "une vocation", "un besoin physiologique".
À l'âge de neuf ans, il est atteint de tuberculose osseuse, ce qui l'immobilise pendant huit années et l'empêche de suivre ses études. Il séjourne dans des sanatoriums durant deux ans. Cela lui laissera de profondes séquelles. Durant cette période, il lit Shakespeare, Molière, Goldoni, Marcel Proust, Arthur Rimbaud, Dostoïevski.
Il n'a que 19 ans, lorsque Les Indifférents, son premier roman, connaît un succès critique qui marque l’entrée fracassante d’Alberto Moravia, qui s’est entre-temps trouvé un nom de plume, sur la scène intellectuelle et littéraire italienne.
Il écrit Les Indifférents dans le sanatorium de Bressanone, au nord de l'Italie. L'ouvrage est publié à compte d'auteur. Il s'agit d'un roman existentialiste avant la lettre qui restera la référence idéologique et littéraire la plus marquante de l'œuvre de Moravia. Le livre obtient un succès de scandale en raison de l'âpre description désenchantée de la bourgeoisie romaine. À partir de ce succès, l'auteur écrit avec une « régularité bureaucratique » une œuvre abondante.
En 1927, Moravia rencontre Corrado Alvaro et Massimo Bontempelli.
Il commence sa carrière de journaliste au magazine 900.
À partir de 1930, il séjourne à Londres, Paris, New York et visite la Chine, la Grèce, l'Allemagne et le Mexique. Il voyage pour échapper, dit-il, à l'atmosphère étouffante du fascisme. En Italie, il signe des articles de presse (journaux et revues). Son net antifascisme le rend suspect et les origines juives de son père contribuent à la précarité de sa situation.
Durant l'écriture de son deuxième roman, d'une durée de six années, il lit Karl Marx et Sigmund Freud.
En 1941, Moravia épouse Elsa Morante, qu'il quittera en 1962. Peu après son divorce, il partage sa vie avec Dacia Maraini. Toutes deux sont des femmes de lettres.
Recherché par les fascistes à partir de 1943, Moravia s'enfuit de Rome et se réfugie dans les montagnes de la ville de Fondi, au nord de Naples où il séjournera neuf mois.
En mai 1944, Alberto Moravia retourne à Rome et commence à collaborer avec Corrado Alvaro, écrivant pour des journaux italiens de premier plan comme Il Mondo et Il Corriere della Sera, pour lequel il continuera à écrire jusqu'à sa mort.
C'est le succès de La Romana (1947) qui lui apporte une certaine aisance matérielle et la consécration par la critique. Ces œuvres sont mises à l'Index en 1952. Avec Alberto Carocci, il lance la revue Nuovi Argomenti en 1953, une des plus importantes revues littéraires de l'après-guerre. Pier Paolo Pasolini les rejoindra plus tard.
Entre 1959 et 1962 Moravia est président du PEN International.
Moravia est l'auteur de plusieurs essais sur l'Afrique, la Chine, l'URSS. C'est un compagnon de route du Parti communiste même s'il n'a jamais adhéré formellement au PCI.
Moravia est un grand ami de Pasolini, le poète, cinéaste et intellectuel marxiste, communiste, d'origine bourgeoise et "libertin" comme lui, tué le 2 novembre 1975 sur la plage d'Ostie à Rome.
En 1984, Moravia est élu au Parlement européen, représentant le Parti communiste italien.
Cette expérience, qui s'achève en 1988, est contée dans Il Diario Europeo (The European Diary). En 1986, peu après la mort d'Elsa Morante en novembre 1985, il épouse Carmen Llera à qui est dédicacé son recueil de nouvelles La Chose.
Plusieurs romans de Moravia sont adaptés au cinéma:
La Provinciale de Mario Soldati (1953) et La Belle Romaine de Luigi Zampa (1954), tous deux avec Gina Lollobrigida, "Le conformiste" de Bertolucci (1970, avec Jean-Louis Trintignant: le thème principal de ce film : la bourgeoisie italienne, qu'il situe dans les années 1930 et qu'il associe à la mentalité fasciste), Le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard avec Michel Piccoli et Brigitte Bardot adapté de son roman de 1954.
L'œuvre d'Alberto Moravia dissèque souvent les rapports amoureux, sexuels ou non, charnels ou spirituels, en fouillant de manière distanciée la psychologie de ses personnages.
Jouant avec les conventions sociales et leur influence sur les sentiments, ses livres questionnent volontiers la société et le couple dans leurs rapports (Le Mépris, L'Ennui, L'Amour conjugal, La Femme léopard).
La matière parfois scabreuse de ses romans et de ses nouvelles est moins superficielle que le succès à scandale qu'elle a souvent entraîné : les personnages velléitaires de cette œuvre sont les produits d'une crise de la société bourgeoise, puritaine et fasciste, que Moravia regarde d'un œil impitoyable, mais non dépourvu de complaisance littéraire.
Il a été nommé 15 fois pour le Prix Nobel de littérature entre 1949 et 1965.
Plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma.
Le Mépris est classé 48e dans le classement des Cent livres du siècle réalisé par le journal le Monde.
Published by Section du Parti communiste du Pays de Morlaix
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