Pour le moment les prix de blé et du maïs demeurent relativement sages sur les marchés internationaux. Mais il s’agit d’une situation précaire résultant du fait que la Russie et l’Ukraine continuent d’exporter des volumes importants de céréales depuis les ports de la Mer noire. Concernant le soja, que l’Europe importe surtout sous forme de tourteaux, la sécheresse en Amérique du sud pourrait réduire la prochaine récolte.
Le 3 janvier, la tonne de blé français rendue au port de Rouen pour l’exportation cotait 305 €. Deux semaines plus tard elle chutait à 283 €, contre un prix autour de 340 € entre juillet et octobre 2022. Selon le cabinet Agritel qui observe l’évolution des marchés des céréales au niveau international, le blé français, comme d’autres origines, est « pénalisé la baisse de l’euro comparé au dollar et par la forte compétitivité des origines russes sur la scène internationale ». Cette compétitivité est « renforcée par la baisse du rouble, notamment face au dollar et aux autres devises majeures telles que l’euro ». Du coup, la Russie a exporté 22,8 millions de tonnes de blé entre juillet et décembre 2022 et pourrait encore exporter 21,3 millions de tonnes au cours du premier semestre 2023, c’est-à-dire avant la prochaine récolte. Le prix du maïs vendu par la France à l’export évolue depuis des mois de manière parallèle à celle du blé. Après un prix moyen compris entre 330 € et 320 € en septembre et octobre, il est descendu sous la barre des 300 € la tonne en novembre pour afficher 266 € le 17 janvier. Ici encore, ce sont les maïs russe et ukrainien dont les exportations sont en hausse de 15,7 % ces derniers mois - qui font reculer les prix dans les pays membres de l’Union européenne.
Les exportations françaises en forte hausse au port de Rouen
Mais, pour peu qu’une sécheresse printanière vienne réduire les rendements espérés l’été prochain, la spéculation ne manquerait pas de repartir à la hausse. Les chargements de blé et d’orge à partir du port de Rouen pour l’exportation étaient en hausse de 35 %, suite à la récolte de 2022 par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. La Chine restait en tête des destinations avec une hausse de 39,5 % et un volume de 1,57 million de tonnes. Des pays comme l’Argentine et l’Australie ont également exporté davantage de blé en 2022 que les années précédentes. Pour peu que les stocks de report soient plus bas que la moyenne des années précédentes au moment de la récolte de 2023, la spéculation repartira. La Commission européenne a publié ses projections sur l’évolution de la production céréalière dans les pays membres de l’Union européenne d’ici 2032. Elle mise sur une production annuelle en légère baisse en raison du changement climatique en cours alors que les prix des engrais pourraient augmenter fortement dans les prochaines années. En attendant, les regards se tournent vers les tourteaux de soja et la possible augmentation de leurs prix. L’Europe en produit peu et importe 60 % de ses besoins, surtout en provenance d’Amérique du sud. La France importe 50 % de ses besoins, soit 3 millions de tonnes achetées au Brésil après trituration dans ce pays pour produire de l’huile et du diester. Rendue au port de Montoir pour nourrir les volailles, les porcs et compléter les rations des vaches laitières de l’ouest de la France, la tonne de tourteaux de soja cotait 502 € en janvier 2022. Son prix dépassait les 560 € en mars, atteignait 578 € en juin et se maintenait à 556 € au début de janvier 2023.
Rendements incertains pour le soja en Amérique du sud
Actuellement, la surface brésilienne semée en soja est en hausse de 5 % sur l’année précédente, ce qui peut conduire à spéculer à la baisse si l’offre dépasse la demande en volume au moment de la récolte. Mais depuis novembre, un déficit pluviométrique s’est installé sur les zones de production de l’Argentine, de l’Uruguay et du sud du Brésil, ce qui pousserait à spéculer sur la hausse des prix avant même de connaître les volumes de récolte. D’autant plus que la dernière période s’est traduite par une augmentation de la demande mondiale. Dans un encadré que publiait « La France Agricole » du 13 janvier en page 5 on apprenait que « par deux fois, le gouvernement argentin a accordé un taux de change préférentiel aux exportations de soja. Ce taux a été mis en place pendant le mois de septembre, puis en décembre afin d’inciter les agriculteurs à libérer les stocks de soja, constitués pour se prémunir contre la dévaluation du peso argentin. Cette mesure a entraîné la vente de larges volumes de soja par les agriculteurs argentins et soutenu les exportations en septembre octobre. Les prix mondiaux du tourteau de soja ont momentanément accusé le coup de cette offre additionnelle de fève ». Dis autrement, les raisons de spéculer ont diminué momentanément.
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