Un rapport annuel d'Oxfam démontre l'enrichissement indécent des plus riches. Depuis 2020, les 1 % les plus aisés ont capté les deux tiers des richesses produites à travers la planète. Un profit sans précédent et d’autant plus révoltant que de nouvelles mesures d’austérité se préparent pour le plus grand nombre.
Perenco et la guerre en Ukraine
Ce chapitre souligne notamment que, si on savait que le gouvernement était l’ami des nantis et des grosses entreprises, même ses quelques mesures «sociales» profitent avant tout aux plus riches. Comme le bouclier énergétique, par exemple : quand l’État dépense 100 euros pour plafonner le prix du gaz et de l’électricité, il distribue dans les faits 7 euros aux 10 % les plus précaires, contre 14 euros aux 10 % les plus riches, puisque ce sont ceux qui consomment le plus. Le résultat est le même sur la subvention sur les carburants et toutes les aides non ciblées affectionnées par le gouvernement. Si on ajoute les mesures spécifiquement destinées aux plus riches : fin de l’ISF, mise en place de la flat tax, baisse des impôts proportionnels… on comprend que la concentration des richesses bat tous les records.
Sur les dix dernières années, en moyenne, pour 100 euros de richesse créée en France, 35 euros ont été captés par les 1 % des Français.es les plus riches, 32 euros par les 9 % suivants. Les 50 % les plus précaires n’ont reçu que 8 euros. La logique préexistait au Covid, mais la crise n’a fait qu’aggraver cette tendance. La réponse publique à la crise du coronavirus a provoqué la hausse la plus importante jamais enregistrée de la fortune des milliardaires.
En France, ils ont ainsi gagné près de 220 milliards d’euros entre mars 2020 et mars 2021. Il y a ceux qui ont bénéficié des aides et ceux qui, en plus, ont su profiter des crises. En 2022, le milliardaire Rodolphe Saadé, PDG et actionnaire majoritaire de l’entreprise de fret maritime CMA CGM, a ainsi vu sa fortune augmenter de 28,5 milliards d’euros, son patrimoine a été multiplié par 5 ! De même, Carrie Perrodo, actionnaire majoritaire de l’entreprise pétrolière Perenco, a vu sa fortune augmenter de près de 40 % en 2022 grâce en particulier à la guerre en Ukraine. Depuis 2020, la fortune des milliardaires dans le monde a augmenté de 2,7 milliards de dollars par jour !
Une fracture entre fortunes décuplées et factures impayées
De l’autre côté de l’échelle sociale, les conséquences sont encore plus visibles. «En France, la fréquentation des Restos du cœur a augmenté de 12 % en six mois. Quatre Français.es sur dix ont le sentiment de devoir restreindre leur alimentation, tandis que deux Français.es sur dix n’ont pas réussi à payer l’ensemble de leurs factures en 2022», pointe le rapport d’Oxfam. L’explosion des prix de l’énergie et des biens de première nécessité a frappé en particulier les plus précaires : + 20 % pour les pâtes, + 29 % pour le steak haché, + 34 % pour les légumes frais. Et jusqu’à + 120 % pour l’huile de tournesol. Dans le monde, plus de 820 millions de personnes souffrent aujourd’hui de la faim ; 60 % d’entre elles sont des filles et des femmes.
Et ce n’est malheureusement pas fini, alarme Oxfam, selon qui les trois quarts des gouvernements dans le monde s’apprêtent à prendre de nouvelles mesures d’austérité en réduisant leurs dépenses de santé, d’éducation ou de protection sociale afin d’économiser plus de 7 500 milliards d’euros. En France, le gouvernement est aussi en train de faire payer la facture de la crise à ses premières victimes. La baisse des indemnités de chômage, juste votée, vise une économie de 4 milliards d’euros et le nombre de chômeurs indemnisés va baisser de 12 %. Quant au report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, il doit rapporter 13 milliards d’euros…
Oxfam souligne que les femmes sont les premières victimes de l’inflation. «Les inégalités économiques entre les femmes et les hommes persistent et les réponses de l’État ne sont pas à la hauteur. Les femmes gagnent toujours en moyenne 28,5 % de moins que les hommes, tout temps de travail confondu, et 15,8 % de moins que les hommes à travail égal», elles souffrent davantage des hausses des prix. Pour lutter contre ces inégalités, le gouvernement a lancé un index pour l’égalité professionnelle. Sauf que, selon celui-ci, tout va bien : la moyenne des notes est de 86/100, et 9 entreprises sur 10 en France ont un score satisfaisant n’appelant pas à prendre des mesures correctrices. Car l’évaluation ne mesure aucunement les causes structurelles de cette inégalité. Le gouvernement vient d’annoncer sur ce même modèle un index seniors, pour demander aux employeurs redonner de «toute leur place aux seniors». Attendons-nous à un déluge de bonnes notes !
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