Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 novembre 2022 4 03 /11 /novembre /2022 10:11

 

Depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février, les prix des céréales ont augmenté sensiblement, en France comme dans le monde. Cette fluctuation permanente des cours résulte davantage des paris que font les spéculateurs dans les salles de marché que d’une prise en compte de l’évolution des coûts de production, lesquels sont aussi en forte hausse dans l’agriculture comme dans l’industrie agroalimentaire. Inquiétude sur le marché de la pomme

Quand on regarde l’évolution des prix agricoles sur les champs de foire et dans les salles de cotation, on observe qu’ils ont sensiblement augmenté entre octobre 2021 et octobre 2022. Mais il est difficile de savoir si les paysans gagnent mieux leur vie cet automne par rapport au précédent. Car les coûts de production ont également flambé depuis un an en raison de la hausse du prix des carburants, du gaz, de l’électricité et des engrais. À ce premier constat s’ajoute un deuxième. En dépit d’une seconde loi Egalim votée en novembre 2021 au Parlement pour faire évoluer les prix agricoles de manière à couvrir la hausse des coûts de production, les prix de la plupart de nos denrées de base continuent de fluctuer selon la loi de l’offre et de la demande sur un marché mondialisé plus spéculatif que jamais.

On apprend que la récolte de pommes en France est en hausse de 12 % cette année sur celle de 2021. Elle atteindrait 1 470 000 tonnes. Mais selon Agreste, les prix payés aux producteurs sont en baisse, car le marché est moins actif que l’an dernier à la même période. Au-delà des producteurs, voilà de quoi inquiéter dans les entreprises de stockage. Car le coût du maintien de la chaîne du froid pour conserver ces pommes pendant de longs mois à +1 °C afin de préserver leurs qualités gustatives va coûter très cher. Le prix de l’électricité pour alimenter les chambres froides est en hausse sensible depuis le mois de mars dernier et augmentera considérablement dans les prochains mois.

Le prix de la tonne de blé français rendue au port de Rouen pour l’exportation, cotait 337 € le 17 octobre dernier contre 275 € un an plus tôt. Mais le cabinet Agritel, qui observe l’évolution des marchés au jour le jour, indiquait que les cours des blés français « cédaient du terrain sur Euronext en raison d’un manque de compétitivité par rapport à la Russie, mais également par rapport à la Roumanie ». « La Russie dispose d’une récolte record qu’elle a besoin d’exporter et a annoncé qu’elle pourrait abolir ses quotas d’exportation », expliquait un autre cabinet d’observateurs des marchés dont le nom est Tallage.

Du coup, selon le principe des vases communicants, on apprenait par Tallage que les cours de l’orge fourragère reculaient en début de semaine dernière « car l’Ukraine a réussi à exporter un bon volume vers les pays tiers en septembre (près de 500 000 tonnes). Cette concurrence pèse sur les prix français, mais pourrait rapidement prendre fin si le corridor n’était pas renouvelé » du côté de la mer Noire. Une autre incertitude est liée au fait que la Russie n’a exporté que très peu d’orge fourragère jusqu’à présent alors qu’elle disposerait de 6 millions de tonnes pour les marchés extérieurs.

Quand le blé remplace le maïs pour nourrir les cochons

Il reste le maïs dont les rendements sont en baisse cette année, pour cause de sécheresse. Le prix de la tonne était de 328 € le 18 octobre contre 240 € un an plus tôt. Mais selon Arthur Boy, chargé de mission à l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) et cité par La France Agricole, ses débouchés « risquent de se réduire pour différentes raisons, dont un recul de la consommation de viande se traduisant par une moindre demande de maïs pour les élevages de volailles et de porcs ». Arthur Boy note que « la sécheresse a durement touché certains secteurs de l’élevage, accélérant la décapitalisation. L’influenza aviaire a également ralenti la mise en place des jeunes volailles dans certaines zones. Ces facteurs induiront une baisse de la demande en alimentation animale (…) En France, les fabricants d’aliments du bétail ne sont pas incités à utiliser du maïs, qui devient plus cher que le blé et l’orge ».

Du côté des viandes bovines, le prix du kilo de carcasse de vache de réforme de race charolaise, engraissée pour la boucherie, était de 5,25 € le 17 octobre dernier à Cholet contre 4,10 € un an plus tôt. De même, le prix du kilo vif des broutards charolais vendus à Châteaumeillant pour l’engraissement était de 3,49 € le même jour contre 2,70 € en octobre 2 021. Une des raisons de la hausse du prix de ces broutards, exportés surtout en Italie, provient du fait que le nombre des jeunes bovins proposés à la vente est en recul en raison de la décapitalisation qui a réduit de 11,4 % le cheptel français de vaches allaitantes depuis 2016. Or ce recul des troupeaux de bovins allaitants résulte d’une longue période de prix bas des broutards, comme des vaches de réforme. Faute de revenu on vend alors des vaches pour récupérer de la trésorerie. Ce processus, sur lequel nous reviendrons demain, risque de se poursuivre en raison de la cherté des fourrages qui fera croître les coûts de production jusqu’au printemps 2023, suite au manque d’herbe et de foin imputable aux conséquences de la sécheresse de l’été 2022.

12 % d’augmentation des prix alimentaires sur 12 mois !

Selon l’INSEE, la hausse moyenne des prix en France sur douze mois était de 5,9 % entre octobre 2021 et septembre 2022. Mais celle des prix alimentaires atteignait déjà 9,2 % et pourrait monter à 12 % sur l’ensemble de l’année 2022. Malgré cela, il est difficile de savoir si les paysans auront été convenablement rémunérés pour leur travail cette année. Car on gagne plus d’argent en spéculant sur le prix des denrées alimentaires dans les salles de marché qu’en les produisant dans les champs et dans les bâtiments.

Par ailleurs, malgré une baisse de 8 % en septembre, le prix du pétrole libellé en euros a augmenté de +43,2 % sur un an. En France, celui du super est en hausse de 37,5 % sur douze mois et celui du gazole de 92,5 %, en raison des taxes très élevées prélevées par l’État. Tout cela conduira beaucoup de ménages à chercher les aliments les moins chers dans les magasins, ce qui met déjà en danger certaines filières agricoles, dont celle de l’agriculture biologique.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011

Articles Récents