Lors de la remise du livre du mémorial sur le camp de Dora aux familles des déportés, ici accompagnée par Bojana, collégienne de Lanmeur. | OUEST-FRANCE
Un mémorial de papier de 2 600 pages répertorie 9 000 destins de déportés français à Dora. Samedi 19 novembre 2022, au théâtre de Morlaix, cet ouvrage a été offert à une trentaine de familles de déportés du Finistère.
Moment émouvant. Samedi 19 novembre 2022, au théâtre de Morlaix, un exemplaire du Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, a été remis aux descendants des familles de déportés du Finistère.
Moment émouvant. Samedi 19 novembre 2022, au théâtre de Morlaix, un exemplaire du Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, a été remis aux descendants des familles de déportés du Finistère
Sur un grand écran sont apparus les noms et visages de déportés dans ce camp. Un membre de leur famille est alors venu recevoir un exemplaire de l’ouvrage à l’évocation de leur vie, désormais écrite.
Cet ouvrage biographique contient l’histoire complète de chacun des 9 000 déportés de France, enregistrés au camp de concentration nazi de Mittelbau-Dora. Dix-huit déportés morlaisiens y sont passés, au moins cinq y sont morts.
« Lancé en 1998 à La Coupole, Centre d’histoire du Nord-Pas-de-Calais, ce projet avait pour objectif de redonner une place dans l’Histoire aux hommes qui sont morts pour assembler des missiles », présente Laurent Thiery, docteur en histoire et directeur de publication de l’ouvrage, lors de cette cérémonie organisée à l’initiative des Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation du Finistère. « Quinze ans de recherches ont été nécessaires. » Les données collectées et les milliers de documents accumulés ont été confiés à un collectif de 70 auteurs bénévoles, dont plusieurs enseignants et élèves du pays de Morlaix.
Une chape de plomb
Créé en août 1943, le camp de Dora était une usine souterraine destinée à la fabrication des missiles V2 lancés sur les populations civiles du Royaume-Uni.
« L’histoire de ce camp est très peu connue, il y avait une chape de plomb, poursuit Laurent Thiery. Pourquoi ? Plusieurs des scientifiques ayant travaillé dans ce camp ont par la suite, été recrutés par les Alliés dans le cadre de la recherche pour l’exploration spatiale aux États-Unis et en France, notamment pour la fusée Ariane. Ces scientifiques étaient des meurtriers, mais on a tout fait pour effacer leurs liens avec le nazisme. »
L’historien rappelle que quelque 60 000 prisonniers y sont passés. « On estime que plus de 20 000 y sont morts. Il n’y avait pas de bâtiment, pas d’infirmerie. Les détenus dormaient par terre, dans des galeries désaffectées et humides. Ce fut l’un des camps les plus meurtriers. »
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