Dès 1960, les néofascistes italiens ont participé à des majorités parlementaires et, depuis 1994, à des gouvernements conservateurs.
L’Italie est le seul pays européen où droite et extrême droite forment une coalition avant les élections. Dans d’autres pays européens, la Finlande, le Danemark, l’Autriche, la droite extrême a bien eu des ministres, mais la droite ne l’avait invitée à table qu’une fois le résultat des élections connu. C’est Silvio Berlusconi qui porte la responsabilité d’avoir normalisé le Mouvement social italien (MSI), parti créé en 1946 par des nostalgiques de Benito Mussolini, au point qu’il puisse participer au pouvoir. Lorsqu’il remporte les élections législatives de 1994 à la tête d’une coalition dite de « centre droit », il fait rentrer dans son gouvernement des ministres de la Ligue du Nord, qui est alors plus un parti régionaliste qu’une formation d’extrême droite, et du MSI.
depuis 2018, la donne a changé
Depuis, à l’exception des élections de 1996, à toutes les législatives, c’est cette coalition de droite qui se présente, si bien que l’électeur modéré est habitué depuis près de trente ans à voter parfois pour un candidat d’extrême droite. Mais, depuis 2018, la donne a changé. Ce n’est plus la droite « classique » berlusconienne, qui domine la coalition, qui pèse à chaque élection 45 % des suffrages, mais l’extrême droite. Cette année-là, la Ligue, boostée par le discours xénophobe de son leader Matteo Salvini, devient la première force de droite. Sa participation de 2018 à 2019 au gouvernement du Mouvement 5 étoiles puis, depuis 2021 – sans que les sociaux-libéraux du Parti démocrate ne trouvent rien à redire –, à celui d’union nationale de Mario Draghi l’a affaibli. Giorgia Meloni, ex-ministre à la Jeunesse de Silvio Berlusconi et dont le parti Frères d’Italie (parti qui ne se revendique plus du fascisme mais est héritier du MSI) ne recueillait que 4 % des voix en 2018, a bénéficié d’avoir choisi de rester sur les bancs de l’opposition. Ses 25 % d’intentions de vote début septembre en ont fait la leader de la coalition de droite. Son résultat, inconnu à l’heure où nous écrivons ses lignes, est le fruit de près de trente ans de collusion de la droite avec l’extrême droite.
L’Italie est le premier pays où le cordon sanitaire a été coupé en Europe. Dès 1960, face à la montée du Parti communiste, le premier ministre démocrate chrétien, Fernando Tambroni, sans majorité, avait choisi de gouverner avec l’appui parlementaire du MSI.
commenter cet article …