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4 septembre 2022 7 04 /09 /septembre /2022 15:39
Marivo, la vie de résistance de Marie-Claude Vaillant Couturier, par Gérard Streiff - un livre à lire!
Marivo, la vie de résistance de Marie-Claude Vaillant Couturier, par Gérard Streiff - un livre à lire!
Marivo, la vie de résistance de Marie-Claude Vaillant Couturier, par Gérard Streiff - un livre à lire!

Elle est la nièce des créateurs de Babar, la fille d'un patron de presse célèbre, la petite-fille d'un protestant marxiste et guesdiste... 

Elle part découvrir l'Allemagne au plus noir de la crise de 29.

Jeune photo-reporter dans le magazine de son père, "Vu", elle croise les plus grands noms de la photo de l'époque: André Kertesz, Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, Man Ray, Gerda Taro. 

En 1933, elle débute une liaison amoureuse avec le directeur de l'Humanité et maire de Villejuif, Paul Vaillant-Couturier, un des principaux dirigeants et intellectuels du Parti communiste et qui a l'âge de son père dont il est un des amis. Seule la mort brutale de Paul, à l'automne 1937, les séparera, quelques jours après leur mariage.

Elle est la première journaliste à photographier des camps de concentration nazis à l'occasion d'un reportage en immersion et clandestin en Allemagne en 1934. Ses photos de Dachau et d'Oranienburg feront date.

Juste après ses rencontres avec les opposants et résistants communistes aux Nazis en Allemagne, elle qui est née dans une famille très bourgeoise, quoique progressiste, prend sa carte au Parti communiste, sans en avertir Paul Vaillant-Couturier.

Comme journaliste, elle couvre la guerre civile espagnole sur le terrain.

Au début de la seconde guerre mondiale, alors que le PCF est interdit et ses militants traqués, elle tombe amoureuse de Pierre Villon, militant communiste d'origine juive alsacienne, qui deviendra un des chefs de la résistance et des dirigeants du CNR.  

A l'hiver 1942, elle est arrêtée pour résistance et activité communiste. Elle communique de manière codée dans sa prison de la Conciergerie avec sa voisine, la bretonne Marie-José Chombart de Lauwe, jeune résistante de la première heure.

Transférée à Romainville, elle est déportée avec 230 femmes dont Charlotte Delbo, Daniele Casanova, Maï Politzer, Hélène Solomon-Langevin, dans le convoi du 24 janvier 1943: une cinquantaine de ces résistantes seulement survivra au camp.

Elle ne sera libérée qu'en avril 1945, résistant à deux ans d'enfer concentrationnaire, grâce à son courage, à son sens de la dignité, et aussi sans doute à la solidarité des camarades et à sa connaissance de la langue allemande qui lui a permis de travailler au Revier, la "pseudo" infirmerie de son camp à Auschwitz.

Mais c'est le 28 janvier 1946, que Marie-Claude Vaillant- Couturier est "vraiment" entrée dans l'histoire et qu'elle a marqué le monde et la postérité quand, à la 44e journée du procès de Nuremberg qui juge les dirigeants nazis pour crimes contre l'Humanité, génocide, elle a plongé calmement ses yeux dans ceux des chefs bourreaux en col blanc - Hermann Göring, Rudolf Hess, et une vingtaine d'autres dirigeants - et que cette grande et belle femme, rescapée de plusieurs mois d'enfer à Auschwitz et à Ravensbrück, s'est fait la porte-parole des camarades de déportation broyées par la machine d'extermination et de déshumanisation nazie, parlant des expériences médicales, des chambres à gaz, de l'extermination systématique des déportés juifs, des exécutions sommaires, des mauvais traitements systématiques. 

  Dès octobre 1945, elle est devenue députée communiste, et elle restera parlementaire jusqu'en 1973, s'engageant dans les luttes pour les droits des femmes, la Paix, la décolonisation, le désarmement nucléaire, tout en travaillant pour la permanence de la mémoire de la Déportation et de ses victimes dans un esprit de fraternité et de sororité avec les anciennes résistantes et déportées issues d'autres familles politiques comme Geneviève de Gaulle Anthonioz, Germaine Tillion ou Marie-Jo Chombard de Lauwe.

Cette émouvante biographie de Gérard Streiff, rondement menée et très bien écrite, nous narre en 135 pages, avec des recontextualisations et des anecdotes passionnantes, la vie étonnante et d'une richesse incroyable de Marie-Claude Vaillant Couturier, cette grande dame qui fut jusqu'à la fin de sa vie notre camarade, décédée en 1996 à 84 ans. Présidente de la Fondation pour la mémoire de la déportation, témoin au procès de Klaus Barbie, elle laisse un héritage d'humanisme, de générosité humaine, et de combat contre les injustices et les inégalités immense.

Gérard Streiff nous rapproche de cette militante et femme hors du commun.

Son livre, avec une belle préface de Charles Fiterman, se dévore: il a été publié l'an passé, en 2021, aux éditions Ampelos, et peut se trouver au prix modique de 10 euros. 

A recommander pour tous les passionnés d'histoire!

Ismaël Dupont, le 4 septembre 2022

 

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