Finistère. À Carhaix, ces salariés du social et de la santé exigent une hausse durable des salaires
À Carhaix (Finistère), lors de la mobilisation pour le monde de la santé et du médico-social, jeudi 22 septembre 2022, des centaines de salariés ont insisté sur une revendication principale : l’augmentation durable des salaires. Venus des quatre coins du Finistère, ils témoignent.
Des salariées de l’association Appui santé Finistère sud, inclues dans le dispositif d’appui à la coordination (Dac) créé par l’Agence régionale de santé, ont aussi des revendications.
Des salariées de l’association Appui santé Finistère sud, inclues dans le dispositif d’appui à la coordination (Dac) créé par l’Agence régionale de santé, ont aussi des revendications. | OUEST-FRANCE
Ouest-France Victoria GEFFARD. Publié le 22/09/2022 à 18h54
Écouter
Ils sont tous réunis pour une revendication. Du public au privé, du médico-social ou de la santé, ces soignants, venus de tout le Finistère, veulent une augmentation durable de leurs salaires.
La mobilisation « festive » à Carhaix (Finistère) organisée par la CGT (Confédération générale du travail) leur a permis de s’exprimer jeudi 22 septembre 2022. Certains pour la première fois. Car leur « métier passion », comme dit Emmanuelle, qui préfère rester discrète sur son vrai prénom, leur permet difficilement de s’extirper, le temps de quelques heures, pour manifester. En tout, ils étaient près de 400 personnes, selon les gendarmes et la CGT.
Un salaire bloqué à 1 500 €
Elle est éducatrice spécialisée pour l’association des Papillons blancs, basée au Relecq-Kerhuon (Finistère). Après dix ans d’expérience, son salaire atteint 1 500 € nets par mois. « Je demande une revalorisation de salaire. Comme tout le monde, notre pouvoir d’achat baisse, mais nos salaires n’augmentent pas. Malgré tout, je ne changerais pas de métier », souligne-t-elle.
Des métiers moins attractifs
Elle n’est donc pas au point de jeter l’éponge, mais d’autres ont déjà franchi le pas. « J’ai vu beaucoup de jeunes collègues partir et se reconvertir car le métier n’est plus aussi attractif qu’avant. J’ai un collègue aide médico-psychologique qui s’est reconverti récemment comme serrurier », regrette Pierre-Yves Caudal, infirmier en psychiatrie à la retraite de l’établissement public de santé mentale situé à Saint-Avé (Morbihan). « Les cas d’épuisements professionnels sont beaucoup plus fréquents qu’avant. Aujourd’hui, dans le service où j’étais, ils sont trois soignants pour trente patients chaque jour. C’est intenable ».
« Nous donnons beaucoup de notre personne »
De son côté, Hélène, éducatrice spécialisée à la maison d’accueil spécialisée à Carhaix (Finistère) et non syndiquée, a 35 ans de métier. Elle travaille au contact d’adultes en situation de grande dépendance. Pour cette soignante aussi, sa rémunération n’est pas à la hauteur de sa mission.
À quelques pas, derrière elle, Julie Hamon, aide-soignante aux urgences de l’hôpital de Morlaix (Finistère) et membre de la CGT, ne dit pas autre chose. « Nous donnons beaucoup de notre personne avec des horaires atypiques. On fait face aussi à la violence verbale des patients qui râlent. Et je peux les comprendre quand on arrive à 20 heures d’attente parfois », réagit-elle.
[Julie Hamon et Pascal Kerboriou, aides-soignants au centre hospitalier de Morlaix (Finistère) demandent de travailler « dans des conditions acceptables ».]
Julie Hamon et Pascal Kerboriou, aides-soignants au centre hospitalier de Morlaix (Finistère) demandent de travailler « dans des conditions acceptables ». | OUEST-FRANCE
D’autres ont surtout besoin de reconnaissance. Comme Priscilla, Audrey et Hélène : elles sont toutes « coordinatrices de parcours », un nouveau métier du sanitaire, social. « Nous sommes des salariés qui compensent les failles du système de santé. Notre profession ne figure pas dans celles reconnues dans le médico-social. Tout comme nos collègues de l’administratif et de la direction », affirme Aurélie Bonnard, qui exerce entre Châteaulin et Concarneau.