La militante communiste, figure internationale pour la paix, et dont le geste contre la guerre d’Indochine a été durement réprimé par la prison, est décédée à l’âge de 93 ans.
Avec la mort de Raymonde Dien, c’est une figure contemporaine de l’engagement communiste qui disparaît. En 1950, alors que la jeune militante participait à une manifestation contre la guerre d’Indochine, elle sera jetée en prison. Durant des décennies, elle restera en France et dans le monde un symbole de la lutte pour la paix, pour la dignité humaine et pour la solidarité internationale. Née Raymonde Huberdeau le 13 mai 1929 à Mansigné (Sarthe), elle est élevée dans une famille, comptant trois enfants, installée en Indre-et-Loire, et dont le père, communiste et ouvrier charpentier, sera fait prisonnier de guerre. Très vite engagée politiquement, la jeune sténodactylo adhère au PCF en 1947.
Elle se marie en 1949, avec Paul Dien, tourneur-ajusteur de métier. Le couple aura trois enfants. Tous deux militent à l’Union des Vaillants et Vaillantes et Paul en devient permanent en région parisienne. Le PCF s’engage alors résolument contre la guerre d’Indochine. Des actions d’envergure sont menées, à l’image de la grève des dockers, bloquant les expéditions de matériel militaire à Marseille puis dans les autres ports français de novembre 1949 à mai 1950, tandis que l’Humanité publie presque quotidiennement des articles opposés à la guerre. Le 23 février 1950, à la nouvelle qu’un convoi de tanks à destination du Vietnam allait traverser la gare de triage de Saint-Pierre-des-Corps, la fédération du PCF organise une puissante manifestation. Pour stopper le train, deux militants se couchent sur les voies : le secrétaire fédéral René Jannelle et Raymonde Dien. Son signalement ayant été donné, Raymonde est arrêtée le jour même.
Après 36 jours de prison cellulaire à Tours, dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1950, entourée de quatre policiers, Raymonde Dien est transférée au Fort du Hâ, à Bordeaux (Gironde). Une puissante campagne de solidarité popularise son action courageuse. Des manifestations sont organisées, des militants par milliers écrivent aux procureurs de la république de Tours et d’Orléans pour réclamer sa libération et l’Humanité publie régulièrement des articles en sa faveur. Le 1er juin 1950, elle est toutefois condamnée par le tribunal militaire de Bordeaux à un an d’emprisonnement pour atteinte à la sûreté extérieure et intérieure de l’État. Elle sera privée de ses droits civiques pendant 15 ans. Elle est enfin libérée le 24 décembre 1950.
Internationalement connue, Raymonde Dien est invitée aux quatre coins du monde, à Moscou, en Chine, à Berlin, etc. En 1956, elle participe, avec Henri Martin, au Congrès de la jeunesse vietnamienne, à l’issue duquel ils sont reçus par Hô Chi Minh.
Depuis le début des années 1950, le couple Dien vit en région parisienne, à Nogent-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne), puis à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis) qui restera sa ville d’attache. Raymonde Dien est élue membre du bureau national de l’Union des jeunes filles de France (UJFF, jeunesses communistes), puis en devient secrétaire nationale jusqu’en 1958. Par la suite, elle continue à militer au PCF. Elle travaille un temps à la Fédération de la Métallurgie CGT. Elle est ensuite employée au sein de la régie publicitaire de la presse communiste, l’Agence centrale de publicité (ACP), jusqu’en 1985. Son engagement et la répression qu’elle a subie resteront longtemps dans les esprits. En mémoire de son geste, Raymonde Dien reçoit en 2004 la Médaille de l’Amitié du Vietnam. Une statue la représentant allongée sur des rails est en outre élevée au parc de la Victoire à Saint-Pétersbourg (Russie). L’Humanité présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.
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