Conflit Lors d’une cérémonie en présence du président élu, Gustavo Petro, la Commission pour la clarification de la vérité a dévoilé un document sur la guerre civile qui fit 450 000 morts de 1958 à 2016. À partir de la recension des crimes et de leurs auteurs, il formule des recommandations.
Même en noir et blanc, les mares de sang crèvent l’écran. Tous les soirs, la même marche funèbre. Des morts qui se bousculent aux heures de grande écoute. « Pourquoi regardions-nous, jour après jour, comme si c’était un feuilleton bon marché ? » interroge, toujours abasourdi, le prêtre colombien Francisco de Roux en sa qualité de président de la Commission pour la clarification de la vérité. À la fin des années 1990, les directeurs de l’information des chaînes de télévision décident de marquer leur refus de la violence en supprimant la couleur des informations liées au conflit armé qui fit 450 000 morts de 1958 à 2016.
Une guerre qui semble aujourd’hui prendre une nouvelle coloration à la lumière des documents déclassifiés et révélés dans le cadre d’un rapport de la Commission pour la clarification de la vérité. Dévoilées lors d’une cérémonie, le 28 juin, à laquelle ont assisté le futur président de gauche, Gustavo Petro, et sa vice-présidente, Francia Marquez, le dossier revient sur les violations des droits de l’homme mais aussi sur les implications des différents acteurs, dont les États-Unis. Fruit de quatre années de travail ouvert grâce à l’accord de paix de 2016 entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), le document collecte 14 000 entretiens individuels et collectifs.
La liste des morts « est sans fin et la douleur est insupportable », a insisté le jésuite. Massacres, disparitions forcées, exécutions extrajudiciaires, enlèvements, extorsion, torture, agressions sexuelles et recrutement d’enfants… des crimes commis tout aussi bien par les groupes paramilitaires que les forces légales et les Farc. À ce titre, la commission à caractère extrajudiciaire donne également à voir le rôle joué par le modèle économique néolibéral, l’exclusion et les inégalités, dans cette spirale de violence. Elle recommande que la police nationale ne soit plus placée sous l’autorité du ministère de la Défense, la traduction en justice des accusés et la fin des accords entre l’armée et les entreprises privées, comme ces sociétés pétrolières qui rémunèrent des paramilitaires pour leur protection et collectent des informations pour le compte de la Défense.
commenter cet article …