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2 août 2022 2 02 /08 /août /2022 05:56

 

Dans cette prise de parole historique, devant l’ONU en 1984, le jeune président burkinabé expose avec éloquence les défis qui guettent une planète en guerre et un continent africain ravagé par l’exploitation capitaliste.

 

Lorsqu’il s’adresse, le 4 octobre 1984, lors de sa 39 e session, à l’Assemblée générale des Nations unies, Thomas Sankara dirige le Burkina Faso depuis à peine un an. Le jeune capitaine, « mandaté par le Conseil national de la révolution », avance vers la tribune, vêtu de son treillis militaire, pour « parler au nom d’un peuple qui a choisi de s’affirmer et d’assumer son histoire, sans complexe aucun ».

Pendant près d’une heure, il livre un réquisitoire accablant sur l’état d’un monde « où des nations, se soustrayant à la juridiction internationale, commandent des groupes hors la loi, vivant de rapines et organisant d’ignobles trafics, le fusil à la main ». Il y pose, surtout, les conditions indispensables pour parvenir à une paix durable, en fustigeant notamment les choix des pays dits développés d’investir massivement dans des programmes d’armement au lieu d’œuvrer à extraire l’humanité du sous-développement et de la pauvreté. Un réquisitoire, hélas, toujours d’une brûlante actualité, comme l’illustre sa violente charge contre la politique menée par les autorités israéliennes, avec le soutien du « protecteur américain », à l’encontre du peuple palestinien. 

Extrait du discours

Il faut, à notre avis, des études sérieuses prenant en compte tous les éléments qui ont conduit aux calamités qui ont fondu sur le monde. À ce titre, le président Fidel Castro, en 1979, a admirablement exprimé notre point de vue à l’ouverture du sixième sommet des pays non alignés lorsqu’il déclarait : “Avec 300 milliards de dollars, on pourrait construire en un an 600 000 écoles pouvant recevoir 400 millions d’enfants ; ou 60 millions de logements confortables pour 300 millions de personnes ; ou 30 000 hôpitaux équipés de 18 millions de lits ; ou 20 000 usines pouvant employer plus de 20 millions de travailleurs ou irriguer 150 millions d’hectares de terre qui, avec les moyens techniques adéquats, pourraient alimenter un milliard de personnes…”. En multipliant aujourd’hui ce chiffre par 10, je suis certainement en deçà de la réalité, on réalise ce que l’humanité gaspille tous les ans dans le domaine militaire, c’est-à-dire contre la paix.

On perçoit aisément pourquoi l’indignation des peuples se transforme rapidement en révolte et en révolution devant les miettes qu’on leur jette sous la forme ignominieuse d’une certaine “aide”, assortie de conditions parfois franchement abjectes. On comprend enfin pourquoi, dans le combat pour le développement, nous nous désignons comme des militants inlassables de la paix. Nous faisons le serment de lutter pour atténuer les tensions, introduire les principes d’une vie civilisée dans les relations internationales et les étendre à toutes les parties du monde. Ce qui revient à dire que nous ne pouvons assister, passifs, au trafic des concepts. Nous réitérons notre résolution d’être des agents actifs de la paix ; de tenir notre place dans le combat pour le désarmement ; d’agir enfin dans la politique internationale comme le facteur décisif, libéré de toute entrave vis-à-vis de toutes les grandes puissances, quels que soient les projets de ces dernières.

La recherche de la paix va de pair avec l’application ferme du droit des pays à l’indépendance, des peuples à la liberté et des nations à l’existence autonome.

Mais la recherche de la paix va de pair avec l’application ferme du droit des pays à l’indépendance, des peuples à la liberté et des nations à l’existence autonome. Sur ce point, le palmarès le plus pitoyable, le plus lamentable – oui, le plus lamentable – est détenu au Moyen-Orient en termes d’arrogance, d’insolence et d’incroyable entêtement par un petit pays, Israël, qui, depuis, plus de vingt ans, avec l’inqualifiable complicité de son puissant protecteur les États-Unis, continue à défier la communauté internationale.

Au mépris d’une histoire qui, hier encore, désignait chaque juif à l’horreur des fours crématoires, Israël en arrive à infliger à d’autres ce qui fut son propre calvaire. En tout état de cause, Israël, dont nous aimons le peuple pour son courage et ses sacrifices d’hier, doit savoir que les conditions de sa propre quiétude ne résident pas dans sa puissance militaire financée de l’extérieur. Israël doit commencer à apprendre à devenir une nation comme les autres, parmi les autres.

Pour l’heure, nous tenons à affirmer du haut de cette tribune notre solidarité militante et agissante à l’endroit des combattants, femmes et hommes, de ce peuple merveilleux de la Palestine, parce que nous savons qu’il n’y a pas de souffrance sans fin. » 

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