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15 juillet 2022 5 15 /07 /juillet /2022 08:02
La vie des pauvres durablement perturbée par la crise sanitaire - L'Humanité, Gérard Le Puill, 4 juillet 2022
La vie des pauvres durablement perturbée par la crise sanitaire

Selon une enquête de l’INSEE réalisée en novembre décembre 2021 et publiée le 28 juin 2022, les ménages à faible revenu qui ont recours à l’aide alimentaire ont vu leur situation économique et sociale, mais aussi leur état psychologique, se dégrader durablement depuis le début de la pandémie Covid-19. Une situation préoccupante alors que les contaminations repartent à la hausse en ce début d’été.

Publié le Lundi 4 Juillet 2022 - L'Humanité

En France, selon la note mensuelle diffusée à la fin du mois de juin par l’INSEE, « la part des ménages qui considèrent que le niveau de vie s’est amélioré au cours des douze derniers mois diminue. Le solde correspondant perd sept points et reste nettement au-dessous de sa moyenne de longue période. La part des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France va s’améliorer au cours des douze prochains mois baisse également. Le solde correspondant perd quatre points et reste lui aussi nettement inférieur à sa moyenne ».

Voilà qui peut nous aider à mieux comprendre une autre note, celle qui porte le numéro « 1097 INSEE-Première » sur la situation des plus pauvres. Elle indique que « la crise sanitaire a accentué la précarité des bénéficiaires de l’aide alimentaire ». Publiée le 28 juin, elle indique que « les bénéficiaires de l’aide fin 2021, forment un public très hétérogène, dont le profil varie beaucoup selon le type d’aide distribuée. Les personnes fréquentant les distributions de repas sont principalement des hommes, vivant seuls et sans logement personnel. À l’inverse, les bénéficiaires des colis ou des épiceries sociales sont le plus souvent des familles vivant dans leur propre logement, avec une surreprésentation de femmes (72 %) dont près de 40 % élèvent seules un ou plusieurs enfants ».

52 % des bénéficiaires ont entre 25 et 49 ans

Concernant l’âge, l’INSEE indique que les personnes ayant les recours à l’aide alimentaire « sont relativement jeunes : 52 % ont entre 25 et 49 ans et 10 % ont 65 ans ou plus, contre respectivement 37 % et 26 % de le l’ensemble de la population de France métropolitaine âgée de 16 ans et plus (…) La structure du revenu du ménage des recourants est un indicateur de leur précarité : ils sont deux fois plus souvent allocataires des aides au logement et quatre fois plus souvent du revenu de solidarité active (RSA) que la moyenne des ménages résidant en logement ordinaire », selon l’INSEE.

Un graphique montre que 5 % des personnes ayant recours à l’aide alimentaire sont propriétaires de leur logement, tandis que 46 % sont locataires dans le parc social et 25 % dans le locatif privé, dont les loyers sont généralement plus élevés. Il faut ici se souvenir que les investisseurs dans ce type de logement ont bénéficié depuis plusieurs décennies d’importantes exonérations fiscales. Cela permettait aux gouvernements successifs de réduire chaque année le budget du logement. Mais la principale conséquence de cette politique fut un recul de la construction de logements HLM. De plus en plus de ménages éligibles au logement social ont ainsi été contraints de se loger dans le privé et ont vu la part du loyer mensuel augmenter dans leurs dépenses jusqu’à des niveaux insoutenables. De même, le manque de logements avec un loyer accessible pour les étudiants contribue au fait qu’ils sont environ 115 000 désormais à recourir à l’aide alimentaire en permanence.

La souffrance psychologique en forte hausse

L’étude note aussi qu’à « l’automne 2021, plus de la moitié des recourants bénéficiait d’aide alimentaire depuis moins de deux ans. En particulier, 43 % y ont eu recours pour la première fois après le début du premier confinement en mars 2020. Cette proportion est beaucoup plus élevée (83 %) chez les étudiants qui forment un public spécifique de l’aide alimentaire ». Dans un encadré consacré aux étudiants, la note de l’INSEE ajoute à ce propos :

« Au total un cinquième des étudiants recourants ont basculé dans l’aide alimentaire du fait de la crise sanitaire, soit deux fois plus que dans l’ensemble de la population recourante. Cela rejoint d’autres études indiquant une montée de la précarité étudiante du fait d’un fort impact de la crise sur les revenus du travail (perte de jobs étudiants dans l’hôtellerie-restauration ou les cours particuliers) et de la baisse des aides informelles du fait des restrictions de déplacement (impossibilité de revenir chez les parents par exemple) ».

Au final, selon cette étude de l’INSEE, « 44 % des recourants disent avoir constaté une baisse de leurs revenus entre le début de la crise sanitaire en mars 2020 et l’enquête en novembre décembre 2021, tandis que 50 % ont constaté une hausse de leurs dépenses ». La crise sanitaire a « également détérioré l’état de santé psychique de la moitié des recourants, ainsi que leur santé physique (31 %), les relations avec la famille, les amis, l’entourage (30 %), l’accès à l’alimentation (30 %), l’accès aux soins (26 %) et l’accès aux services d’aide sociale (24 %) ».

Une baguette par jour à partager en sept !

Alors que la hausse des prix réduit encore le pouvoir d’achat de ces ménages, le chèque alimentaire annuel de 100 € vaguement promis par le gouvernement d’ici l’automne pourrait être augmenté de 50 € par enfant à charge. Pour un couple avec un enfant, ce versement unique de 150 € correspondrait à une augmentation du revenu mensuel de 12,50 € en cette année d’inflation. Ça fait moins d’une baguette de pain tous les deux jours. Avec 350 € pour un couple ayant cinq enfants à charge, cela donnerait presque une baguette de pain par jour. Mais il faudrait la partager entre sept personnes !

À titre de comparaison, Emmanuel Macron avait empoché 1,4 million d’euros en 2011 à la banque Rothschild où son travail consistait à organiser des fusions-acquisitions entre firmes capitalistes. Dans le détail, cette année-là, il avait perçu 403 600 € de salaire fixe, 706 300 € de « bénéfices industriels » et 291 300 € provenant de « parts de dividendes dans les sociétés du groupe Rothschild ». Ajoutons qu’il était entré dans cette banque après avoir rédigé et rendu au président Sarkozy le rapport de la Commission Attali dont le gouvernement Fillon fera voter la Loi de Modernisation Économique en 2009. Elle sert depuis à faire baisser les prix agricoles afin de limiter les hausses des salaires dans le seul but de faire croître les profits. La vie difficile des ménages pauvres est aussi le résultat de cette politique menée sur la durée sous les présidences de Sarkozy, Hollande et Macron. Il reste à voir dans quelle mesure le nouveau gouvernement mis en place ce lundi va pouvoir continuer cette politique de plus en plus contestée dans le pays.

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