Une délégation du PCF conduite par Mathilde Caroly1 (responsable Palestine) a séjourné à Jérusalem-Est et en Cisjordanie dans le cadre des initiatives de coopérations décentralisées impulsées par l’Association pour les jumelages entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF).
La visite de différents camps de réfugiés, Balata et d’El Far’ah près de Naplouse, celui de Jalazone à Ramallah et celui d’Aïda près de Bethléem, a permis de réaffirmer l’engagement du PCF sur la question du droit au retour des réfugiés palestiniens, qui est un droit inaliénable et dont le règlement est essentiel.
La situation dans les camps s’est dégradée à la suite de la crise du Covid, de la guerre en Ukraine mais, comme l’a rappelé la représentante de l’UNRWA, à la suite de la suppression de la contribution des États-Unis après l’élection de Donald Trump. Même si l’administration Biden l’a relevée, elle n’est pas à la hauteur.
La colonisation, et le morcellement de la Cisjordanie que cela entraîne, a été accélérée, rendant les déplacements pour les Palestiniens de plus en plus contraignants. La présence de l’armée israélienne, en zone A2, est de plus en plus fréquente, tous les jours, des assassinats sont commis, des incursions ont lieu dans les camps où l’armée détruit des maisons, arrête de manière arbitraire. Des ordres d’expulsion sont prononcés contre les habitants de Sheir Jarrah, quartier de Jérusalem-Est que nous avons visité, comme dans la banlieue d’Hébron contre les Druzes. Tout ceci se pratique en violation du droit international.
La délégation a réaffirmé le soutien du PCF aux 6 ONGs qui ont été interdites par Israël, notamment Addameer, une ONG de défense des prisonniers politiques palestiniens dans laquelle Salah Hamouri exerçait en tant qu’avocat, avant sa dernière incarcération.
À travers les rencontres avec les différents partenaires du PCF, le Parti populaire palestinien (PPP) à Ramallah et le Parti communiste israélien (PCI) à Jérusalem, la délégation a mesuré l’impasse politique dans laquelle ils se trouvent.
En Palestine, les élections prévues l’été dernier n’ont pas eu lieu et ont renforcé dans la population le sentiment de perte de légitimité des autorités. Malgré tout, la demande d’unité entre l’Autorité palestinienne et le Hamas demeure très forte. Si les Palestiniens condamnent l’invasion de l’Ukraine, ils constatent avec une très grande déception que les sanctions légitimes qu’ils réclament depuis des années à l’égard d’Israël n’aboutissent pas quand, dans le même temps, des sanctions à l’égard de la Russie sont mises en place très rapidement.
Du côté israélien, le gouvernement vient d’être dissout et le pays va vivre ses septièmes élections en 6 ans, un retour de Benjamin Netanyahou au pouvoir n’est pas exclu. Aïda Touma, députée de la Joint List à la Knesset, nous a précisé que la coalition Bennett-Lapid qui vient d’être dissoute avait poursuivi à appliquer la même politique néolibérale et de colonisation des Territoires occupés que les précédents gouvernements d’extrême droite.
La loi État-Nation votée en juillet 2018 consacre une vision ethniciste d’Israël, remettant en cause les principes ayant présidé à la fondation d’Israël et affirme la volonté d’apartheid en Israël.
Tous ces échanges ont permis de réaffirmer l'engagement du PCF pour la reconnaissance par la France de l’État de Palestine, pour la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël en vertu de son article 2 qui demande à chaque partie le respect des droits de l’homme, dans la campagne pour l’Initiative citoyenne européenne qui est lancée depuis février pour demander l’interdiction des produits des colonies.
Mathilde Caroly
responsable du collectif Palestine du PCF
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