La réalité de la colonisation israélienne a longtemps été mise sous le tapis. Le leader de l’Organisation de libération de la Palestine la met en lumière, en 1974, à New York, en prononçant son discours le plus célèbre. Il y invite les États à œuvrer en faveur d’une solution pacifique.
Le dirigeant palestinien à la tribune des Nations unies, le 13 novembre 1974. © AFP
Ce 13 novembre 1974, lorsqu’il monte à la tribune de l’ONU, Yasser Arafat sait qu’il est au rendez-vous de l’Histoire. Grâce à leur lutte, les Palestiniens sont passés, aux yeux du monde, d’une condition de réfugiés à celle d’un peuple luttant pour ses droits. Lutte politique, diplomatique et armée. Le leader de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), est parvenu à faire reconnaître son organisation comme seule et unique représentante du peuple palestinien. Dans son allocution, il compare la volonté d’indépendance de la Palestine à celles de l’Afrique du Sud et du Vietnam, dénonce le néocolonialisme et l’impérialisme. Il met le sionisme en accusation. « Notre révolution (…) n’a jamais été dirigée contre l’homme juif en tant que tel, mais contre le sionisme raciste et l’agression flagrante », souligne-t-il. Enfin, il évoque un État de Palestine démocratique dans lequel toutes les communautés et toutes les confessions, y compris juive, vivraient en harmonie avec des droits égaux. La solution à un seul État sera abandonnée en 1988.
À l’issue de ce discours qui ouvre une porte vers la paix, l’Assemblée générale de l’ONU vote à une majorité écrasante la reconnaissance du droit des Palestiniens à l’autodétermination et à l’indépendance nationale. L’OLP devient une observatrice permanente aux Nations unies. Et en 1976, l’ONU accepte le principe d’un État palestinien.
Extrait du discours
L’idéologie sioniste a été employée contre le peuple palestinien. Il ne s’agissait pas seulement d’installer des colonies à la mode occidentale. Mais également de déraciner les juifs de leurs différents pays et de les séparer des autres nations. Le sionisme est une idéologie impérialiste, colonialiste et raciste, elle est profondément réactionnaire et discriminatoire, elle peut être comparée à l’antisémitisme par ses aspects les plus rétrogrades et, partant, elle en constitue l’autre volet. Lorsqu’on propose que les juifs, quels que soient leurs foyers nationaux, ne portent pas allégeance à leur pays et ne vivent pas sur un pied d’égalité avec les citoyens non juifs, cela va dans le sens de l’antisémitisme. Lorsqu’on dit que la seule solution au problème juif serait que les juifs abandonnent des communautés ou des nations auxquelles ils ont appartenu pendant des centaines d’années et lorsqu’on dit que les juifs devraient régler le problème juif en émigrant par la force sur le territoire d’un autre peuple, on adopte, ce faisant, la même position qu’adoptent les antisémites à l’égard des juifs.
En 1947, les juifs étaient au nombre de 600 000, ils possédaient environ 6 % de la terre palestinienne arable. Ce chiffre devrait être comparé avec celui de la population de Palestine qui, à cette époque, s’élevait à 1 250 000 habitants. (…) L’Assemblée générale (de l’ONU – NDLR) a divisé ce qu’elle n’avait pas le droit de diviser : un territoire indivisible. Lorsque nous avons rejeté cette décision, notre attitude a été celle de la mère naturelle qui avait refusé au roi Salomon de couper son fils en deux alors que l’autre femme qui le réclamait aussi était disposée à accepter cette solution. En outre, malgré la résolution du partage qui accordait aux colonialistes 54 % de la terre de Palestine, ceux-ci ont été mécontents de cette décision et ont commencé une guerre terroriste contre la population civile arabe. Ils ont occupé 81 % de l’ensemble de la terre de Palestine, déracinant ainsi un million d’Arabes. Les Palestiniens qui vivent sous l’occupation sioniste résistent à l’arrogance et luttent contre l’oppression, la tyrannie et le terrorisme. (…)
Je suis venu ici tenant d’une main le rameau d’olivier et, de l’autre, mon fusil de révolutionnaire. Ne laissez pas le rameau d’olivier tomber de ma main. »
commenter cet article …