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11 février 2022 5 11 /02 /février /2022 14:48
Un message de Salah Hamouri : « Rester, c’est déjà résister »

Chères amies et chers amis,

Je veux juste faire un point avec vous sur là où nous en sommes de la volonté israélienne qui concentre ses coups contre moi mais aussi contre tous mes camarades palestiniens de Jérusalem-Est où je réside.

Comme vous le savez, les Palestiniens qui résident à Jérusalem-Est ont un statut très précaire et particulier ; ils ne sont ni Israéliens ni Palestiniens. Ils sont des « résidents » de Jérusalem. Ils ont, à ce titre, une carte « de résident » délivrée par l’occupant. Pour être délivrée par les autorités israéliennes celles-ci multiplient les obligations de justifier qu’on habite bien cette ville sans interruption, une ville qu’ils ont annexée en 1980.

Sans ce document un Palestinien est sans papier et donc expulsable. Ce qui voudrait dire concrètement pour moi que je ne pourrais jamais plus revenir sur ma terre, ni côté israélien ni côté palestinien, puisque je n’ai pas de citoyenneté et que c’est l’occupation qui délivre et qui contrôle l’attribution des « papiers » en Cisjordanie.

Ma situation est difficile, après tout ce que vous savez je pense, de toutes mes années de prison et de l’expulsion d’Israël de ma femme alors qu’elle était enceinte de notre premier enfant. J’ai refusé leur volonté que je prenne la décision de partir. Ceci en parfait accord avec ma femme, Elsa. Pour eux il faut vider Jérusalem-Est de tous les Palestiniens, un à un s’il le faut, ou plus amplement et violemment comme on voit avec les destructions des maisons palestiniennes à Jérusalem. Ils procèdent à un nettoyage ethnique de cette ville emblématique à plus d’un titre. Le dernier rapport d’Amnesty International a bien relevé ce fait pour l’inscrire dans sa définition du système mis en place par les dirigeants israéliens sur tout l’espace qu’ils contrôlent de la mer au Jourdain : un système d’apartheid.

Le 18 octobre dernier la ministre de l’Intérieur israélienne, Ayalet Shaked, a confirmé que mon statut et donc ma carte de « résident de Jérusalem » étaient supprimés.

Pourquoi ? Parce qu’une loi qui a été votée à la Knesset en 2018 décrétant « Israël État-nation du peuple juif » aboutissait à une conséquence effarante : le devoir d’allégeance pour tous les citoyens vivant en Israël. Pour eux, Jérusalem c’est Israël. Et il est bien certain que je ne peux pas accepter ce qu’ils appellent « un devoir d’allégeance ». Cela n’a aucun sens. Je fais partie d’un peuple occupé et le droit est avec moi qui consiste à refuser toute occupation et qui consacre le droit à la résistance. Pour Israël ce droit, qui est un droit universel fondamental, on le sait bien en France, pour Israël c’est un délit !

Cette décision s’est accompagnée d’une autre décision encore. La seconde c’est que ma liberté de circuler est totalement limitée à quelques kilomètres autour de chez moi. J’habite à Jérusalem mais de l’autre côté du mur. Et voilà qu’ils viennent maintenant, après avoir fermé l’ONG pour qui je travaillais « Addameer », de me retirer ma carte de sécurité sociale (pour reprendre les mots français). Je ne suis plus couvert.

Tous ces problèmes « personnels » je les règle avec ma famille et mes amis. Je n’ai pas besoin d’aide pour cela même si le plus dur est de ne pas avoir vu ma famille depuis plus de 9 mois, l’âge de notre fille. La question la plus épineuse pour moi est ailleurs, et j’ai du mal à en parler. Bien que je sois l’objet d’une décision politique et alors que la France dit ne pas l’accepter mais que rien ne change pour autant, je n’ai qu’une voie « légale » pour faire face ; saisir le système judiciaire israélien. Et non seulement israélien mais aussi français car il a été établi officiellement que mon téléphone portable a été « infecté » par « Pegasus » alors que je me trouvais en France.

Cet ensemble de procédures me coûte un tel prix que je ne peux, et ma famille avec moi, y faire face sans soutiens extérieurs, sans les solidaires.
Ils veulent me faire partir par tous les moyens les plus ignobles, y compris en tapant à mon « portefeuille » et cela alors que je ne peux plus travailler aujourd’hui. Ils sont acharnés mais aussi pervers.

Je tiens à remercier très chaleureusement la direction de l’AFPS qui, comprenant ma situation, a pris l’initiative d’ouvrir une « cagnotte » pour que je puisse faire face aux dépenses juridiques et résister à la volonté israélienne. Je remercie aussi tous les solidaires qui ont déjà répondu à cet appel de combat.

Je dois dire d’abord que je n’aime pas du tout parler de cela. Vraiment pas. C’est trop délicat pour moi. Mais l’occupant m’y oblige. J’ai besoin de votre aide.

Et j’apprécie beaucoup cette aide à mon combat qui recoupe celui de mes frères palestiniens de Jérusalem : tout faire, absolument tout, pour rester. Car pour nous Palestiniens « Rester, c’est déjà résister ».

Merci de votre attention à ce message et à ce « help ! » que je vous envoie.

Salah Hamouri
Jérusalem, le 11 février 2022
message publié par l'AFPS

https://www.helloasso.com/associations/association-france-palestine-france-solidarite-afps/collectes/soutien-a-salah-hamouri-et-contre-le-nettoyage-ethnique-a-jerusalem

Contre le nettoyage ethnique à Jérusalem
Contre le transfert forcé des Palestiniens de Jérusalem

Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, résident de Jérusalem-Est subit depuis 20 ans un harcèlement continu de la part de l’État d’Israël.

Après les années d’emprisonnement arbitraire, c’est à sa vie privée que l’occupant israélien s’est attaqué : interdiction à sa femme de se rendre à Jérusalem où vit la famille, impossibilité faite à ses enfants de naître à Jérusalem, interdiction faite à cette famille de se regrouper pour vivre ensemble à Jérusalem, la ville où il est né et entend demeurer.

Depuis le mois de juin 2020, il vit sous la menace d’une expulsion imminente en vertu d’une loi inique : Israël a décidé de révoquer le statut de résident de Jérusalem de Salah Hamouri pour « défaut d’allégeance. »

Il lui est interdit, dans l’attente des procédures d’appel, de se déplacer. Il se retrouve maintenant dans l’impossibilité de sortir de chez lui, dans un quartier excentré de Jérusalem : il ne peut plus exercer sa profession d’avocat.

Et maintenant Israël vient de lui retirer sa couverture santé pourtant obligatoire.
Les Palestiniens de Jérusalem se battent pour vivre à Jérusalem, sur leur terre et dans leurs maisons. Salah est un parmi tous les autres.

La panoplie du régime d’apartheid israélien pour perpétrer le transfert forcé des Palestiniens de Jérusalem est diversifiée et inhumaine : démolition de maisons, expulsion, confiscation de terres, harcèlement, emprisonnement, privation du droit à la santé et à l’éducation, et une des plus récentes : le retrait du statut de résident pour défaut d’allégeance.

Salah est le premier visé par l’application de cette loi inique. Il se bat pour lui mais aussi pour toutes et tous les autres qui risqueraient de subir le même sort après lui.

L’AFPS soutient Salah Hamouri dans son combat. Aux côtés de la Coalition civique pour les droits des Palestiniens de Jérusalem, aux côtés des organisations palestiniennes de défense des droits humains telles que Al Haq ou Adalah, ensemble nous luttons contre le nettoyage ethnique à Jérusalem.

L’asphyxie financière est un des moyens utilisés par Israël pour rendre la vie des Palestiniens de Jérusalem impossible : toute démarche administrative ou juridique a un coût parfois très élevé. On sait que les familles dont les maisons sont détruites par Israël doivent financer eux-mêmes la destruction de leur propre maison.

Comme toutes les Palestiniennes et tous les Palestiniens de Jérusalem victimes du régime d’apartheid israélien, Salah Hamouri a besoin de notre soutien y compris financier pour mener à bien son combat, leur combat.

Pour lui permettre de mener à bien ses actions juridiques, contribuons financièrement au combat de Salah Hamouri contre son expulsion de Jérusalem !

Contribuons au combat des Palestiniennes et des Palestiniens contre le nettoyage ethnique à Jérusalem !

Tout don versé donnera droit, si vous êtes imposable, à une déduction fiscale de 66 %.

Pour faire un don vous pouvez le faire via Hello Asso par carte bancaire

>> Soutenir Salah Hamouri

ou nous adresser un chèque à l’ordre de l’AFPS, au 21 ter rue Voltaire 75011 Paris, en précisant au verso l’objet de votre soutien « contre le nettoyage ethnique ».

Un message de Salah Hamouri : « Rester, c’est déjà résister »
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